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Je
suis là pour travailler, rassembler les indices de quarante
jours ou presque de voyage qui me font suivre sans patience les
coutures de l'Italie et maintenant la boursouflure des Alpes, là
bas. Je ne sais pas encore si c'est une plaisanterie de quelques
amis
fortunés qui m'ont envoyé sur les traces d'un personnage
ou bien cette vieille histoire syrienne qui revient vraiment et si je
dois
alors élucider les tourments de Mathieu
Talence au détour du lac de Côme. En attendant, entre
les pages, je vois parfois ton sourire. Il transparaît des pages
que je lis, de celles que j'écris, du voyage en Syrie de Volney
que je relis très sérieusement, déjouant la parole
des autres résidents, dans le jardin de la Villa. Je
colle des images, que je colorie ensuite des couleurs de ce que je
nomme « amour ». Le soir, fatigué d'avoir fait de façon
folle
concorder les horaires des trains italiens avec les marches désespérées
du personnage fou, sur
le chemin, je m'arrête dans ce café de la place et je trouve
par chance la table du dernier coin libre, et j'écris encore
un peu, avec les volutes italiennes qui recouvrent les aspérités
tendres de la langue arabe. |