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François
Vermand
m'a envoyé récemment les carnets noirs du piano noir avec
un mot grotesque dans lequel je trouvais cinq fois le mot
« sympathique »
et la chaleur d'une bougie a révélé cet ordre
idiot
de partir en Italie sur les traces de Mathieu Talence, de chercher
chaque
jour les indices de l'étape suivante, sans que je sache vraiment
qui pouvait ainsi me faire les marionnettes. Je sais depuis longtemps
que
la passion de Mathieu était italienne mais dois-je pour cela
hanter
les vieux palais du lac de Côme. Je
vais jouer, pour moi aussi, dans
ma tête, avec quelques lambris qui doivent rester ça et là, comme
on visite un autel juste pour soi, comme on repasse dans la forêt
sur un lieu où l'on a fait l'amour, un jour, quand le temps était
plus beau et que la chair était ferme et douce et tendre et parfumée.
Je vais jouer
moi aussi
à être déjà venu là, écrire
quelques mots pensifs avec un parfum étranger dans le cou, encore
quelques morsures sur les quelques parties du corps qui sont encore
présentables. |