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J'ai
enfin attrapé la grippe qui court dans les couloirs de la Villa,
qui s'excuse aux éternuements de qui l'on croise, qui tousse et
rend fiévreux et s'épuise. Ma pâleur pourrait
inquiéter
et les yeux se voilent, sombres soudain, repoussés à l'intérieur
du crâne. Je reste dans le studio qui m'est prêté, gardant
quelques livres près de moi, sans les ouvrir, allongé essoufflé
dans une flaccidité éperdue. Cependant,
la maladie peut parfois apaiser. Elle calme le désir car le corps
s'endort seul et ne réclame rien. L'odeur qu'il secrète est
repoussante même à soi. On n'ose imaginer son haleine. Personne
ne m'aime assez pour que j'accepte une visite ces jours là. Je me
rappelle les jours de visite. On nous apprêtait un peu, enfants
malades maltraités et choyés aussi dans le grand hôpital,
et les douches en commun, les odeurs de médicament, toutes les odeurs.
J'inventais des tuberculoses et d'autres maladies pour oublier ce rejet
et tout le désir du monde. On nous apprêtait, un coup de peigne
et les cheveux plaqués sur le bord du crâne pour accrocher
les sourires, oublier
la pauvre nourriture. Je
ne me souviens de rien d'autre, vraiment et sans insister, je
continuerais
à me plaindre, sans contrainte, juste un petit
gémissement
encore, un
chuintement
presque évanoui, distant.
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