|
La
fièvre a baissé tout le jour et le citron à côté
de mon lit n'est plus aussi strident, je le regarde reprendre sa
couleur
et son grain, comme une photographie dont on modifie le contraste, dans
une lumière encore un peu pâle. Je me plie aux couleurs. J'aurais
envie de piments rouges et acides qui se poseraient devant mes yeux en
muleta odorante. J'ai envie de soleil. Le
rideau devant la fenêtre pourrait se broder de fils colorés
comme les tapis de Bagdad, filés de tissus en déchets par
les pauvres et posés près de la fenêtre claire du bureau. Je
me rappelle les jours de fièvre. Le ciel bleu pourrait
bien
se tisser aussi, se donner avec passion. Il
y a une échappée érotique presque, méditerranéenne
et latine, chaude et colorée, qui échappe à la grisaille
des premiers jours de l'année. Tout à l'heure, au soir,
s'il ne pleut pas, je sortirai de la Villa, pour reprendre un peu les
rues calmes
et trop gardées qui l'entourent, pour jouer
à la vieillesse ou à la convalescence. |