| Cette considération
me
sert beaucoup, non seulement pour remarquer toutes les erreurs
auxquelles
ma nature est exposée, mais aussi pour pouvoir facilement les corriger
ou les éviter. Car, en vérité, puisque je sais que
tous les sens, à propos de ce qui regarde le bien du corps, m'indiquent
beaucoup plus fréquemment le vrai que le faux, et puisque je peux
me servir presque toujours de plusieurs d'entre eux pour examiner une
même
chose, ainsi que de la
mémoire qui relie le présent au passé, et de l'entendement
qui a déjà élucidé toutes les causes d'erreur, je ne dois
plus redouter
que soient fausses les choses que tous les jours les sens me donnent à
voir, et il faut rejeter comme dignes de risée les doutes hyperboliques
des jours derniers, surtout ce doute extrême au sujet du sommeil
que je ne distinguais pas de la veille. |
|
Tous
les
sens m'indiquent plus fréquemment le vrai que le faux... Sans doute...
Sauf si je suis névrosé et plus particulièrement hystérique.
Si je suis hystérique, je dérègle mes sensations,
je somatise ce malaise et alors, mes sens indiquent plus fréquemment
le faux que le vrai. Dès lors, et si je reste dans la systématique
cartésienne, quelle conclusion en tirer ? Je ne peux pas, comme
il le fait, me rassurer sur le fait que les choses sont vraies ou
fausses
et le réel semble, toujours, se déliter. Je ne peux pas rire
des doutes hyperboliques qui reviennent chaque jour sur la réalité
de tels ou tels maux et
les rêves se mêlent à la veille
pour composer un malaise des jours et des nuits qui ne cesse jamais.
Le
corps soumis à la vrille de la supputation, quotidiennement stigmatisé
par l'angoisse de la mort, ne trouve dans l'amour aucune assomption.
|