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Le journal télévisé
construit chaque jour les conditions de production, les conditions de
rédaction,
les conditions de profération d'une apocalypse moderne.
Comme il va
de soi,
comme il est évident, comme il est nécessaire que chacun,
que le plus grand nombre, que le téléspectateur, cher téléspectateur,
soit informé de façon moderne, circonstanciée, justifiée,
de l'ensemble des catastrophes sur l'ensemble de la planète, l'ensemble
des catastrophes quotidiennes, des catastrophes multiquotidiennes,
la narration
de ces catastrophes-là doit bien, doit nécessairement prendre
un sens, un sens caché, construire le sens de cette narration dans
l'esprit du téléspectateur, cher téléspectateur.
Rien
ne va plus.
Un ouragan, deux
tornades, 25 000 morts, des bactéries, la sécheresse, des
inondations, le prix du pétrole, un tremblement de terre.
Et
que puis-je faire
de plus quand je sais tout cela que de revenir insensiblement à
la crainte antique, la
crainte préhistorique, la crainte
antédiluvienne de
la fin des temps. |