Diégèse


dimanche 2 avril 2006




2006
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deux mille trois cent quatre-vingt-onze semaines de vie
hier

L'atelier du texte
demain
Séquence 13








avant le texte
le texte
Le jour est grave, l'heure est grave, le moment est grave, juste ce moment, juste ce petit moment, ce petit moment grave, ce petit moment pendant lequel il s'agit de commencer une séquence, de commencer la quatorzième séquence, qui n'est pas n'importe quelle séquence - mais aucune séquence n'est n'importe quelle séquence - la séquence qui commence, une séquence qui commence.
Il y a désormais trois personnages dont l'identité est connue et même la fonction. Cependant, ce qui n'est pas connu, c'est la fonction narrative, la fonction diégétique des personnages, des trois personnages.
Alors, puisqu'ils ont dévoilé leur fonction fiction, alors, qu'est-ce qu'ils vont bien pouvoir faire ?

Mathieu, Gustav, Noëmie, dans cet ordre, dans cet ordre dans le texte, de gauche à droite si on les regarde de face, de droite à gauche si on se place derrière le canapé et qu'on les regarde de dos, sont assis. Ils sont sans bouger, ils sont sans parler. C'est à dire que quand la lumière revient, puisque l'on suppose maintenant qu'entre les séquences, dans le spectacle, puisqu'il s'agit désormais à l'évidence d'un spectacle, il y a une plage noire, sans lumière et silencieuse. Si cela n'était pas silencieux, ce serait indiqué, si par exemple, il y avait de la musique.

Noëmie : le problème, c'est que je ne sais pas à qui je m'adresse, que je ne le sais pas, quand je parle. Il semble que je ne puisse savoir à qui je m'adresse, sauf quand je parle à Mathieu, quand je te parle, Mathieu, et quand je parle à Gustav, quand je te parle, Gustav, quand je parle aux deux autres personnages, quand je vous parle. Mais quand je vous parle, je ne sais pas à qui je parle. Et si quand je dis « vous », je ne sais pas à qui je parle, vous ne savez pas à qui je parle, et ce « vous » est alors indistinct et ce « je » est alors tout aussi indistinct.

Mathieu : tais-toi !

Gustav : ce n'est pas la vie.

Mathieu : c'est comme tu veux.





après le texte
Le texte ressemble au cours de la bourse. Avant la séance, avant la séquence, on ne sait, je ne sais, on ne sait jamais, je ne sais jamais, si cela va partir à la hausse, si cela va partir à la baisse, si cela va plonger.
Le texte plonge. Il plonge, et peut-être de façon naïve, je n'ai aucun moyen de l'évaluer, il plonge, le texte plonge, dans les arcanes de la narrativité, là où, dans le texte, en miroir de la vie, on ne peut distinguer qui parle et qui dit quoi, on ne peut distinguer ce qui est dit et à qui.
Il y a vingt ans, à peu près vingt ans, j'écrivais un texte, des fragments d'un texte, qui voulaient être illisible. Si vingt ans ne définissent pas une progression dans l'écriture, il serait sans doute vain de chercher une progression juste parce que l'on change de séquence et que selon une convention millénaire, prévue depuis des milliers d'années, on change de semaine.











2 avril










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Garder le silence. Des siècles pour Descartes. Inquiet. Un goût d'hiver, si bizarre. Est-ce bien cela, la vie, toutes ces paroles insensées et jetées à la hâte ? Je suis resté caché derrière une colonne.