Diégèse


mercredi 11 janvier 2006




2006
ce travail est commencé depuis 2203 jours (2203 est un nombre premier)
et son auteur est en vie depuis 16656 jours (24 x 3 x 347 jours)
ce qui représente 13,2265% de la vie de l'auteur

hier

L'atelier du texte
demain










avant le texte
le texte
Hier soir, la même femme, le même personnage, le même personnage au rebut, que je croise, qui me croise, avec des cheveux blonds, des cheveux posés comme un espoir de beauté, comme un espoir de désir.
Je me demande pourquoi ce personnage insiste autant pour venir, pourquoi elle pose sa candidature, sa candidature à la candidature de personnage dans un texte qui n'existe pas encore. Elle n'est pas belle. Elle n'est pas belle du tout. Elle n'est pas élégante. On ne dit pas qu'elle est élégante. 
Hier soir, encore hier soir, une jeune femme avec une poussette d'enfants qui fredonnait avec une voix professionnelle, une voix de télévision, une chanson indéterminée, une chanson de télévision. Elle était belle. Elle était élégante. On dit qu'elle est belle et qu'elle est élégante. Mais à l'évidence, elle n'était pas candidate à venir s'ennuyer dans un texte qui n'existe pas encore.

L'homme est superposé au paysage de montagne enneigé. Il est superposé, il n'est pas dans le paysage. Il prend sa respiration pour parler. On voit bien que prendre sa respiration de cette façon, c'est pour parler.
Mais il attend. Il sourit. Il regarde l'image agrandie du paysage enneigé et il sourit à l'image. Il reprend sa respiration. Il parle. « Ce n'est pas un souvenir. Ce paysage est sans souvenir, il est sans souvenir de moi, sans aucun de mes souvenirs, de ce qui me sert de souvenir, de ce que je pense être des souvenirs, de ce qui n'existe pas. Tu projettes cette image de montagne, tu l'agrandis, tu penses que c'est pour moi, tu penses que je peux être dans une parfaite disposition d'esprit, dans une parfaite disposition de corps pour regarder ce paysage et en faire un souvenir, un de mes souvenirs, un souvenir de personnage... Je n'en veux pas. Je ne veux pas de cette image. Tu m'as fait venir là. Tu m'as fait venir. Tu m'as sélectionné, tu as sélectionné ma candidature. Tu aurais pu m'aimer. Tu aurais pu ne pas m'aimer. Je suis là. Donne moi le rêve, puisque tu me donnes la parole, je te demande de me donner le rêve. C'est ma revendication, ma revendication de personnage. »
après le texte
Si le personnage se met à parler, je vais devoir lui donner un interlocuteur. Je ne peux, je ne pourrai accepter longtemps, et longtemps dans ce cas, c'est plusieurs jours, je ne saurais accepter plusieurs jours, pendant plusieurs jours, que le personnage, celui-là, celui-là dont la candidature a été acceptée, recommandée, sous protection, par protection, celui-là s'adresse, fasse semblant de s'adresser, pendant plusieurs jours à l'auteur, au narrateur, au metteur en scène, à je ne sais qui, qui ne serait pas moi, qui ne pourrait être moi, puisque l'auteur, ce moi, c'est celui qui, nécessairement et de façon implacable est définitivement en dehors du texte, non pas seulement hors champ, en dehors du coup, en dehors de la scène, à côté de la plaque, mais en dehors, dehors, ailleurs, dans l'ailleurs du texte. Donc ce personnage ne s'adresse pas à moi. Il s'adresse à l'autre personnage. Celui qui était assis sur le fauteuil, qui caressait les veines de son cou et qui n'est plus là, qui est parti, qui va peut-être revenir. Je ne sais pas. Mais si je ne sais pas, qui sait ? Je ne sais pas et ce n'est pas le problème.




















11 janvier










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Le tremblement de la terre n'est plus un événement. Cela seulement qui est certain et inébranlé. Le faisceau d'une poursuite de théâtre. Une posture de contrition. La parfaite disposition à regarder. Journée sans désir.