Elle pourrait
parler d'elle.
Noëmie pourrait parler d'elle, d'elle-même, elle pourrait parler
de Noëmie qui ne serait pas que didascalienne, qui aurait une mémoire,
une enfance, des amours, des sentiments, une histoire. Noëmie serait
un personnage qui aurait une histoire, une histoire personnelle, un
secret
que les deux personnages masculins ne connaîtraient pas. Mais Noëmie
ne dira sans doute rien de tout cela et elle n'est peut-être pas
un personnage à histoire, un personnage avec des histoires. Et puis
j'ai tellement peu de pouvoir sur les personnages, et tellement peu
de
pouvoir, en vérité, et particulièrement, sur Noëmie. |
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(Noëmie)
Je n'ai pas
toujours été didascalienne. Vous ne me connaissez pas, vous
ne me connaissez pas encore beaucoup, pas encore vraiment. Vous ne me connaissez
pas. Je n'ai pas toujours été didascalienne. Autrefois, avant,
avant ici, avant ce travail sur cette scène avec Gustav, pour Gustav,
pour Gustav et avec Mathieu, je n'étais pas didascalienne. C'est
Gustav, vous l'avez compris, qui a inventé ce métier, ce
travail, cette fonction auprès de lui. Mais je peine à donner
le sens, je peine à lui donner le sens. Il n'y a pas d'histoire,
il ne veut pas d'histoire, il n'insiste pas pour produire une histoire
et je ne peux pas donner le sens sans histoire. Alors
je ne fais rien. J'imagine
des collines douces et mes didascalies ne
sont que des commentaires. |