|
|
Il
y a tant de facultés en nous, dont nous disposons à notre
guise, qui ne nous
lâchent pas, ou peu, ou seulement sous l'emprise
de drogues. Il y a ainsi notre capacité à ressentir la douleur,
notre capacité à souffrir. Le grand malade sur son lit de
mort aura recours à la morphine pour que la douleur fasse semblant
de l'abandonner. Mais, même sur son lit de mort, même sur son
lit de grand malade prochainement mort, même anesthésiée
par la chimie, la douleur est tapie toute proche. elle fait semblant de
dormir et le malade sait bien qu'elle est présente, qu'elle est
prête, qu'elle n'abandonnera pas. La douleur est plus fidèle
à l'homme que la mémoire. C'est en cela qu'elle est
d'une
valeur plus importante et les Stoïciens, interrogés sur la
mémoire et sur les souvenirs, auraient pu tout autant renvoyer l'apprenti-philosophe
vers sa douleur, et vers sa
vieillesse, et puis vers sa mort. |