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Mais
l'Italie, ce n'est pas le Nord, ce n'est vraiment jamais le Nord. En
restant longtemps en Italie, nous, les personnages, nous ne prenons pas
grand risque sinon celui de sortir, parfois, de la fiction pour aller,
un peu, par subreptice, vers le mythe. C'est aujourd'hui le vieux mythe
païen de l'hiver, qui a son jour, qui a sa nuit, qui est une nuit
d'hiver, qui est la plus longue nuit d'hiver et qui est un mythe. Je
voudrais encore parcourir le mythe, sachant déjà que cela ne marchera pas et que si cela marche, cela
ne me sera d'aucune utilité.
Seul
cette année dans le mythe ancien de la longue nuit d'hiver, je sens un
peu de froid qui passe sous la porte, avec insistance, avec arrogance.
Je sens un peu de brume au fond de mes yeux, qui brouillent les lignes,
qui floutent le souvenir et qui font du clavier un instrument
aléatoire. Je sens revenir des souvenirs d'hiver et des images de toi
qui font encore froid et je voudrais boire un peu de vin avec toi, que la soirée s'avance,
qu'elle brusque le temps de l'hiver.
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