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Je ne sais pas si je
vais
pouvoir parler de cet amour. Je ne sais pas si je
vais pouvoir parler de
l'amour. Je ne
sais pas si je vais pouvoir parler de mon amour. Encore
aujourd'hui, dans le métro de Paris, quand je ne veux pas penser
à cet amour, quand je ne veux pas penser à l'amour, quand
je ne veux pas penser à mon amour, j'écoute s'égrener
le nom des stations, comme le son qui est diffusé ici aujourd'hui,
un peu comme le son, comme ce son qui gomme l'attente, qui gomme
l'espoir
d'arriver plus vite. J'écoute le bruit des stations, je lis quelques phrases dans le
livre ou le journal de mon voisin, de ma voisine et je
ne pense pas à cet amour, je ne pense pas à l'amour, je ne
pense pas à mon amour et je ne pense pas au récit de tout
cela. Puis, je ne me souviens plus. Se
souvenir, c'est pouvoir arrêter quelque chose qui passe, quelqu'un
qui passe. Le métro continue. Les passagers montent, descendent.
Je n'arrête rien. Je n'arrête personne. Je ne m'arrête
pas. Je ne sens plus mon corps car
je n'admets pas encore qu'il y ait rien d'autre en moi qu'un esprit au
lieu de m'engloutir dans des amours parisiennes sans aventures.
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