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Je ne sais pas ce que
j'écris. Je ne
cherche pas à le savoir. Je ne cherche pas mes mots.
Je ne
reformule pas. Je ne corrige pas. J'écris. Je suis seule à
écrire quand j'écris. Je
suis seule. Il n'y a plus aucun
texte. Il n'y a plus
aucune mémoire d'aucun texte.
Et qu'est-ce que ce texte ? Il habille les souvenirs d'un voile de
mots. Il masque mon amour et le
souvenir de mon amour. Et je ne me souviens pas.
Il faut alors que le
texte lui-même se souvienne et qu'il n'y ait d'autres souvenirs,
ces souvenirs admis comme certains, que le texte. Il faudrait d'autres
espaces à ce texte pour écrire de longues nuits, tendues
et douces, où les rêves s'enchevêtrent et où,
une fois la lumière éteinte, les étoiles s'éteignent
doucement. Je
regarde la nuit, je regarde ces
étoiles, dans le lointain de la conscience de l'univers.
Il y a trois ans, je découvrais mon
visage. Il y a trois ans, le texte découvrait mon visage. Je
m'en souviens et je ne regrette pas le temps où les
souvenirs faisaient la sarabande et où l'émotion n'arrivait
pas à les contenir, à leur jouer d'autres musiques qu'une
vie qui ne demandait rien. |