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Ma
vie s'est ainsi organisée autour de mes missions. Je m'impose quelques
jours de solitude entre chaque client. Je ne vais pas dans des lieux de
retraite. Je n'ai bien
évidemment pas de maison à la campagne.
J'ai un bureau qui est une sorte de cabinet avec une chambre attenante.
Je prends mes repas dehors. Quand j'en ai assez, je vais à l'hôtel.
Je choisis alors des hôtels où je ne risque pas de rencontrer
mes clients. Mes hôtels préférés à Paris
sont ceux qui sont le plus près du périphérique. Je
connais aussi quelques hôtels de quartier où l'on est comme
on n'est plus dans les hôtels des villes de province. Je n'y rencontre
personne. Je ne parle à personne. Le plus souvent les réceptions
sont automatisées. J'y disparais entièrement. J'emporte un ordinateur et je
joue avec les jeux de l'ordinateur. Tous
les jeux sans doute, sont les supports de fiction et racontent des
histoires
éphémères, aux souvenirs éphémères
des pertes et des gains, de la chance et de la malchance. Mais je n'ai
ni chance ni malchance, mes histoires sont d'autres histoires. Mes
histoires
forment des constructions
de vide. |