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Il
y a un an, nous étions sur l'île de Batz. Le
bateau peinait à suivre la marée dans ses navettes tristes. J'ai des souvenirs de
l'enfance sur l'île de Batz, une promenade
un jour pluvieux et le plaisir de prendre le bateau et la crainte de
prendre
le bateau, la crainte de l'embarquement et la crainte du débarquement.
J'ai proposé ce souvenir
à Gustav, comme un cadeau, comme
un petit présent, qu'il pouvait accepter, qui n'engageait à
rien. Il m'a dit qu'il avait sur l'île de Batz ses propres souvenirs
et que malgré leur disparition, il devait les garder. J'en ai conçu
un peu de regret, pensant comprendre que Gustav ne souhaitait pas
mélanger
ses souvenirs absents aux miens, anodins. C'est
une promenade que l'on ne pourra plus faire à moins d'y inventer
de nouveaux souvenirs. |