|
|
Pourras-tu
encore imposer ton absence alors que je serai en Sicile ?
Pourrai-je en
Sicile, comme Gustav, faire de ton absence de l'oubli et tenter de
faire
de la douleur de ton absence, de l'oubli et encore de
l'oubli et
jusqu'à
l'oubli de la douleur ? Mais le souvenir,
cette manie, ne lâche pas
facilement. Le souvenir, support de passé qui se veut aussi support
d'avenir, comme s'il était nécessaire de prédire l'avenir
quand il
était juste si évident, si présent, si pesant, de
voir ce qui venait, ce qui allait venir, ce qui allait se passer.
Je
suis à Messine et je pense à Corinthe et je pourrais aussi
penser à tous les détroits de la terre et même aux
détroits imaginaires. Alors que je suis à
Messine et que
cela suffit pour ma rêverie, alors que cela devrait suffire à
toute rêverie. Je suis à Messine et je nous imagine nous
tenant par le bras, croisant des couples qui s'étonnent de tes regards
sur eux, sur leurs jambes, sur leur corps, de tes rires enjôleurs
qui sont si loin de moi. |