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Je
parcours avec envie la ville détruite de Gibellina recouverte de
béton, qui joue à l'Assyrie et se donne des teintes bleutées
de l'antique. J'aime
cette ville toute entière tendue vers la
mémoire de son passé et vers l'oubli de son passé
détruit. Je trouvais que la ville allait bien à Gustav et
je me le rappelais ne comprenant pas ou feignant de ne pas comprendre
ce
que signifiait le monument de commémoration de la catastrophe de
1968. Cette année, c'est
moi qui ne comprends pas et qui ne vois
qu'une continuité entre le monument, construit et reconstruit, et
la ville construite et reconstruite, comme la mémoire et le
souvenir
mêmes unis en un
seul sentiment. Je
ne laisserai pas le temps faire le temps. J'ai
donc acheté et emporté une de ces
œuvres à souvenir éparpillées dans la ville nouvelle.
Dans
le soir, je repense à nos conversations et à nos rires qui
donnent à rire, je repense à ton sourire qui me donne à
pleurer, à ton port de tête et à ta taille. Encore
une fois je choisis de pleurer. |