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Accompagner
Gustav sur un chemin de mémoire m'a conduit à considérer
la mémoire et le souvenir comme des vanités. Se souvenir
serait ainsi toujours se souvenir de la mort. Il faut beaucoup
d'énergie
pour mettre en tension, quotidiennement, le désir d'éternité
et la mémoire d'événements passés, de personnes
disparues, de choses détruites. La Grèce expose en permanence
la mémoire détruite de l'Occident. La Grèce met les
ruines sens dessus dessous, allégorie sans faille
de la faiblesse
et de la permanence de cette faiblesse. Les philosophes antiques
qui ont
contemplé ces monuments n'étaient pas moins philosophes de
la ténuité humaine quand les temples étaient encore
debout. Il
n'y a rien, peut-être. Je pense à tout cela comme
je rentre dans la nuit et mes pas éclairés font un peu de
mémoire dans
Langadas endormie. |