Diégèse Citations des cours de Roland Barthes au Collège de France utilisées dans Diégèse en 2010

2010




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janvier 2010



1er
« Tout cela apparaît comme un matériau répété, c'est à dire comme un matériau - ou une activité - qui est voué à la répétition et à la lassitude de la répétition. »
2 décembre 1978
2
« Eh bien je dirais qu'un événement, qui, lui, vient du destin, peut survenir pour marquer, pour entamer, pour inciser, pour articuler plus douloureusement, et même dramatiquement, cet ensablement progressif. »
2 décembre 1978
3
« Arrivé à un certain âge, on peut employer l'expression commune : les jours sont comptés. »
2 décembre 1978
4
« Car le milieu de ma vie, quel que soit l’accident, ce n’est rien d’autre que ce moment où on découvre la mort comme réelle. »
2 décembre 1978
5 « Écrire le vouloir-écrire dit cela : que la mort sert à quelque chose et que le vouloir-écrire et l'écrire servent à sauver. »
2 décembre 1978
6
« Je dirais que l'acédie se définit finalement, et c'est en cela qu'elle est totalement douloureuse - elle devait l'être pour les moines, d'ailleurs, du Moyen-âge - elle peut se définir comme une impuissance à aimer, quelqu'un, quelques-uns, le monde, etc. Car, être malheureux, ça se traduit souvent par l'impossibilité d'aimer. »
2 décembre 1978
7
« Il se produit un moment, dans le cursus de l'âge, dans la vie, où il devient loyal, ... nécessaire, de regarder en face l'usage du temps avant la mort »
2 décembre 1978
8
« Eh bien je dirais que, à ce niveau, toute explication de décision est incertaine, car on ne sait pas la part d'inconscient qui est engagée, ou la nature véritable du désir engagé. »
2 décembre 1978
9
« L'idée donc, d'entrer en littérature, d'entrer en écriture, l'idée d'écrire comme si je ne l'avais jamais fait, et de ne plus faire que cela. »
2 décembre 1978
10
« La nécessité de se donner un nouveau programme, un programme de vita nuova. »
2 décembre 1978
11
« Pour celui qui écrit, pour celui qui a choisi d'écrire, c'est à dire pour celui qui a éprouvé la jouissance, le bonheur d'écrire, presque comme un premier plaisir au sens freudien, premier plaisir donc qu'il essaye de reconduire toute sa vie, et qui ne se ternit jamais en lui, donc pour celui-là, il ne peut y avoir de "vita nuova", me semble-t-il, que la découverte d'une nouvelle pratique d'écriture. »
2 décembre 1978
12
« Je veux dire que la chose à ne pas supporter, c'est de refouler le sujet, quels que soient les risques de la subjectivité. »
2 décembre 1978
13
« Seul celui qui a réussi à écrire peut témoigner du vouloir-écrire, par définition. Dire qu'on veut écrire, voilà en fait la matière même de l'écriture. »
2 décembre 1978
14
« Il y a très peu de gens, probablement, qui sont en proie au vouloir-écrire, je ne sais pas, peut-être il y en a plus qu'on ne croit, je ne sais pas du tout, je ne peux pas le savoir. »
2 décembre 1978
15
« La nouvelle écriture comme pratique se détache de la gestion du mouvement passé. »
2 décembre 1978
16
« Dans l'Évangile selon Saint Jean : la Lumière n'est plus avec vous que pour peu de temps. Marchez tant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous atteignent. »
2 décembre 1978
17
« L'époque n'est pas si vous voulez actuellement, absolument en état de danger ni critique, mais, de pré-danger et je crois qu'il faut surveiller ces signes-là avec vigilance. Pourquoi ? Parce que nous autres, intellectuels ou artistes, c'est notre vie qui est en cause et donc, le sentiment qu'il faut se défendre et que c'est une question de survie. »
2 décembre 1978
18
« Pourquoi cette histoire-là parmi d'autres ? J'ai aussi cette réaction souvent devant des films. Pourquoi cette histoire plutôt qu'une autre ? »

9 décembre 1978
19
« Un peu de moins de perversion - hélas, ça rend heureux la perversion - et peut-être un petit peu plus de paranoïa. Pas de cadeau ! Pas de cadeau quand la bêtise se manifeste. Et donc défense nécessaire, pour élever la formule, si vous voulez, défense nécessaire de l'artiste au sens nietzschéen du terme, c'est à dire comme type. »
2 décembre 1978
20
« Peut-être que « vouloir-écrire », ça veut toujours dire vouloir écrire quelque chose, donc que vouloir-écrire a toujours un objet, fantasmatique, et par conséquent, il y aurait à ce moment-là des fantasmes d'écriture. »
9 décembre 1978
21
« La nécessité; ça n'est pas qu'une œuvre ait un sens, c'est à dire un signifié ; ça, ça n'a aucun intérêt et souvent ça fait de mauvaises œuvres ; mais que : il y ait du sens. »
9 décembre 1978
22
« Mais quand il (Proust) s'est mis à écrire, ce qu'il a produit, je dirais que c'est une tierce forme, ni roman, ni essai ou les deux à la fois, à savoir La Recherche, et il n'a pu commencer à écrire son œuvre, précisément qu'en abandonnant la rigidité du code fantasmatique. »
9 décembre 1978
23
« Le roman, à ce moment-là, fantasmé, fonctionnerait comme une sorte de grand recours, personnel, articulé si vous voulez sur le sentiment qu'on peut avoir au milieu du chemin de la vie, qu'on ne se sent bien nulle part. »
9 décembre 1978
24
« Peut-être un poème, peut-être une pièce de théâtre, peut-être un roman, mais je dis bien, n'est-ce pas, fantasme de poème, fantasme de roman. »
9 décembre 1978
25
« Ou bien le désir tombera - c'est ce qui arrive peut-être de mieux au fantasme - ou bien le désir tombera, ou bien il rencontrera le réel d'écriture et ce qui s'écrira ne sera pas le roman fantasmé et, probablement, ça ne sera même pas un roman. »
9 décembre 1978
26
« Ce n'est qu'en luttant avec le réel, c'est à dire avec la pratique d'écriture poético-romanesque, que le fantasme se perd comme fantasme et à ce moment-là, atteint le subtil et l'inouï. »
9 décembre 1978
27
« Je dirai qu'une société, sans doute, peut se définir par la (régi) rigidité de son code fantasmatique. »
9 décembre 1978
28
« Il est me semble-t-il pour ainsi dire physiquement impossible de concevoir, c'est à dire de désirer une œuvre médiocre. C'est à dire une œuvre participant à une moyenne - médiocre, moyenne, c'est la même étymologie »
9 décembre 1978
29
« Il (ne) faut jamais résumer l'histoire. L'histoire c'est seulement à écrire, et pas à résumer. »
9 décembre 1978
30
« Je n'aime pas raconter ce qui ne reviendra plus, comme  le rêve, comme la drague, comme la vie passée, et donc comme le roman anamnésique. »
16 décembre 1978
31
« Mais devant une œuvre qui sonne vraiment comme une œuvre, on ne se dit plus : pourquoi cette histoire plutôt qu'une autre ? »
9 décembre 1978




février 2010



1er
« Raconter les événements, c'est faire connaître l'opéra par le livret seulement, mais, si j'écrivais un roman, je tâcherais de différencier les musiques successives des jours. Je tâcherais de différencier les musiques successives des jours. » (Roland Barthes cite ici un passage de Proust tiré des Chroniques antérieures à la Recherche du temps perdu.
16 décembre 1978
2
« Je prends le risque d'annoncer le roman que je veux faire parce que je considère, à tort ou à raison, mais je le considère sincèrement, que je n'ai plus rien à perdre. »
16 décembre 1978
3
« Si je fantasme d'écrire un roman, le matériau, le seul matériau que je puisse envisager de me donner, c'est mon présent. »
16 décembre 1978
4
« Et mon problème est que je ne crois pas avoir accès, ou je crois n'avoir pas accès à ma vie passée. »
16 décembre 1978
5
« La vie, c'est le fleuve de langage qui nous traverse, qui nous entoure. C'est ça, la vie. »
16 décembre 1978
6
« Ma vie passée est dans la brume, c'est à dire dans la faiblesse d'intensité, sans laquelle il n'y a pas d'écriture. »
16 décembre 1978
7
« La préparation du roman se réfère à la saisie de ce texte en quelque sorte parallèle, qui est le texte de la vie contemporaine, de la vie concomitante. »
16 décembre 1978
8
« Choisir est tout compte fait plus facile qu'inventer. »
16 décembre 1978
9
« Écrire a besoin de clandestinité. »
9 décembre 1978
10
« Quand j'écris par fragments, et quand je décide de soutenir une écriture par fragments, je m'assume comme sujet fragmenté, et par conséquent, comme on l'a dit, on l'a écrit, j'assume, disons, un certain rapport à la castration. »
16 décembre 1978
11
« Passer du fragment au non-fragment, c'est ça le problème, c'est à dire, dans mon cas, changer mon rapport à l'écriture, c'est à dire à l'énonciation, c'est à dire encore changer le sujet que je suis. »
16 décembre 1978
12
« Le travail qui commence ne peut être qu'un travail tendu, c'est à dire à la fois inquiet, inquiet, inquiété par l'échec, et, actif. »
16 décembre 1978
13
« En effet, dire à l'avance, c'est bien connu dans toutes les magies du monde, dire à l'avance, c'est détruire. Nommer trop tôt, c'est attirer le mauvais sort. »
16 décembre 1978
14
« La quête du fantasme, fantasme de roman, est déjà un récit. »
16 décembre 1978
15
« Il y a des risques de déception, d'inintérêt, pour certains d'entre-vous. »
16 décembre 1978
16
« C'est le combat de la forme brève et de la forme longue. »
16 décembre 1978
17
« Eh bien je dirais que le « technique », ce que j'appelle le « technique » en écriture, c'est au fond, l'expérience morale et humble de l'écriture. »
16 décembre 1978
18
« Dans la poésie, la forme, et la forme seule, fait toucher la vérité. Il y a un pouvoir tactile de la forme. On touche le mot, on touche le vers, on touche le tercet, et c'est comme si on touchait la vérité. » (à propos du haïku)
6 janvier 1979
19
« Les gens se croient obligés de s'en tenir à ce qu'on appelle une conversation générale. C'est toujours un champ intense de censure. »
16 décembre 1978
20
« Voilà déjà ce que le haïku m'apprend : la forme brève est un inducteur de vérité. »
6 janvier 1979
21
« Je vais faire comme si j'allais faire un roman. »
16 décembre 1978
22
(...)


23
« Pour moi le fait de dire je est un acte méthodique. »
6 janvier 1979
24
« De passer d'une forme brève et fragmentée à une forme longue et continue, et celle ordinairement du roman. »
6 janvier 1979
25
« Il y a une preuve par la forme distincte de la preuve par le raisonnement. »
6 janvier 1979
26
« Poésie et vérité nous apparaît, à travers le haïku, comme un syntagme juste. Et peut-être que la seule justification de la poésie, très paradoxalement, c'est la vérité. »
6 janvier 1979
27
« C'est un acte minimal d'énonciation, c'est une forme ultra brève, une sorte d'atome de phrase, qui note, c'est à dire qui marque, qui cerne... »
6 janvier 1979
28
« Un peu d'écriture sépare du monde, mais beaucoup y ramène. »
13 janvier 1979



mars 2010



1er
« C'est dans l'intérieur, là d'où il est repoussé, que l'été est le plus fort. »
13 janvier 1979
2
« Puisque la perversité, en un sens, c'est ce qui peut freiner la névrose et ce qui peut freiner l'obsessionnalité. »
13 janvier 1979
3
« De même, les nuages renforcent l'été parce qu'ils sont allégués sous la forme légère de ce qui passe »
13 janvier 1979
4
« Rien, structuralement, n'est-ce pas, ne nous oblige à finir une phrase... et ce linguiste avait dit que, finalement, chacun de nous, ne disait jamais dans sa vie qu'une seule phrase, que seule la mort venait interrompre. »
13 janvier 1979
5
« L'anonyme nous trouble toujours, même lorsqu'il est bienveillant et que je l'appelle l'inconnu. »
13 janvier 1979
6
« le désir des fragments, la hantise d'écrire par fragments, ce qui veut dire que je ne veux pas classer ce que j'écris. »

13 janvier 1979
7
« Il n'y a pas en France actuellement de forme poétique, pour en rester à la poésie, suffisamment populaire pour accueillir le désir de production. » (contrairement au Japon qui a le haïku)
13 janvier 1979
8
« La sensation poétique n'est jamais séparée d'une référence à ce que nous appellerons : le temps qu'il fait. »
20 janvier 1979
9 « Baudelaire écrit par exemple : ceux qui savent s'observer eux-mêmes ont eu parfois à noter dans l'observatoire de leur pensée de belles saisons, d'heureuses journées, de délicieuses minutes. »
20 janvier 1979
10
« Et c'est précisément - je le dis une fois de plus - parce qu'il n'y a pas de mots pour dire cela, que le discours, c'est à dire le poème, est justifié et qu'il est nécessaire. »
20 janvier 1979
11
« Il faudrait donc, je dirais brutalement, qu'un Poète avec un grand "P" nous retrace un vers nouveau... »
13 janvier 1979
12
« Je n'arrive pas à produire un discours dans lequel les autres entendent la pluralité des voix parce que le pluriel, c'est toujours la chose la plus fatigante du monde. »
20 janvier 1979
13
« Il peut s'agir de sujets qui s'aiment tellement qu'ils se le disent par la délicatesse même de l'insignifiance. »
20 janvier 1979
14
« Même quand nous observons un temps-qu'il-fait présent, notre langage en fait déjà un souvenir. »
20 janvier 1979
15
« Il semble que l'on ait affaire à une culture de pur produit, où le désir de production est éteint, est forclos, et laissé à de purs professionnels. »
13 janvier 1979
16
« Voir la première neige dans l'année, et ne pas pouvoir lui dire : voilà la première neige ; simplement. »
20 janvier 1979
17
« Car il y a des cas où seule l'insignifiance est délicate. »
20 janvier 1979
18
« Au fond ce qu'il y a de très difficile, aujourd'hui, c'est de tenir un discours vrai, c'est à dire un discours qui reproduise clairement les différentes voix dont est fait un sujet, dont est fait le sujet qui parle. »
20 janvier 1979
19
« Demain, le souvenir. »
27 janvier 1979
20
Citation d'une lettre de Proust à Halévy : « C'est à la cime du particulier, qu'éclot le général ; la cime du particulier... Eh bien cela aussi, ce pourrait être l'emblème du haïku. »
20 janvier 1979
21
« Tout artiste est lié à une erreur avec laquelle il a un rapport particulier d'intimité. » (Blanchot)
27 janvier 1979
22
« Je dirais, selon ma sensibilité en tout cas, que la civilisation des médias, des mass-media, se définit à mes yeux par le rejet agressif de la nuance. »
27 janvier 1979
23
« L'inspiration est d'abord ce point par où elle manque. » (Blanchot)
27 janvier 1979
24
« Tout art tire son origine d'un défaut exceptionnel, toute œuvre est la mise en œuvre de ce défaut d'origine d'où nous viennent l'approche menacée de la plénitude et une lumière nouvelle » (Blanchot)
27 janvier 1979
25
« Le sujet humain se présente alors comme une sorte de moire, de tapisserie extrêmement nuancée de moment individués. »
27 janvier 1979
26
« La poésie, en particulier, serait, disons, la pratique de la subtilité dans un monde barbare. »
27 janvier 1979
27
Barthes cite Paul Valéry : « les poètes de l'Extrême-Orient semblent passés maîtres dans l'art de réduire à son essence le plaisir infini d'être ému. »
3 février 1979
28
« C'est en cela que consiste l'écriture, en une sorte de combat, souvent extrêmement rusé avec les connotations culturelles des mots qui nous sont imposés. »
3 février 1979
29
« La poésie, je dirais, devrait faire partie des droits de l'homme. »
27 janvier 1979
30
« et yani ce pourrait être peut-être au fond la meilleure définition de la beauté : une scintillation entre deux morts. »
3 février 1979
31
« L'émotion, en Occident, est impolie, elle est considérée comme impolie. »
3 février 1979



avril 2010



1er
« L'image, elle est toujours muette mais elle est muette avec force. Ça ne sert à rien de dire qu'elle est muette, il faut dire qu'elle l'est avec force... enfin quand elle est réussie. »
3 février 1979
2
« Et il se peut très bien que dans l'avancée des arts, il y ait des erreurs, qu'il y ait des impasses ou des erreurs, de fausses directions. Le progrès peut se tromper et l'avant-garde aussi peut se tromper. »
3 février 1979
3
« Le haïku donne l'impression que ce qu'il énonce a eu lieu absolument. »
17 février 1979
4
« Je dirai que c'est ça l'écriture, une force finalement, une force très douce, mais une force finalement terrible et courageuse de déception. »
10 février 1979
5
« Je pense que l'écrivain c'est quelqu'un qui travaille sans cesse, sur, disons, la corde raide de la déception. »
10 février 1979
6
« Donc dans le haïku, ni érotisme ni appel à l'autre. »
10 février 1979
7
« Est-ce que ça existe dans les langues une absence de temps ? Oui : l'infinitif.»
17 février 1979
8
« Une photographie, d'une certaine mesure, est obligée de tout dire. »
17 février 1979
9
« Ce qui fait souffrir dans le langage, c'est finalement, probablement, profondément, l'idéologie. »
10 février 1979
10
« Cage dit : j'ai découvert que ceux qui n'insistent (que) très peu de temps sur leurs émotions savent bien mieux que les autres ce qu'est une émotion. »
24 février 1979
11
« Le bon haïku ou (celui) le haïku que j'estime bon, déclenche en moi comme seul commentaire possible : c'est ça. Oui c'est ça, c'est bien ça. »
24 février 1979
12
« Le haïku c'est quelque chose qui se retient de basculer ou qui est en train de basculer dans le rien du dire. »
24 février 1979
13
« Comme il est admirable celui qui ne pense pas "la vie est éphémère" en voyant un éclair. »
24 février 1979
14
« De la photo, peut-être qu'une théorie est possible. Du cinéma, peut-être seulement une culture. »
17 février 1979
15
« Il faut d'abord traverser l'interprétation pour revenir à la lettre. »
24 février 1979
16
« Il y a un haïku qui dit : rien d'autre aujourd'hui que d'aller dans le printemps, rien de plus ; rien d'autre aujourd'hui que d'aller dans le printemps, rien de plus »
24 février 1979
17
« Tout d'un coup dans un certain haïku, il y a une apparition brusque du référent, de l'objet évoqué, du référent, dans la promenade de la vie, et dans la promenade du mot dans la phrase. »
24 février 1979
18
« Et qu'est-ce que ma vie, rien de plus que le roseau futile croissant au chaume d'une hutte. » (Haïku n°54 du recueil distribué par Barthes pour le cours.)
24 février 1979
19
« Comme toujours, ce qui est absolument spontané, c'est la culture, ce qui vient d'abord, c'est la culture. »
24 février 1979
20
« Le haïku c'est ce qui fait tilt, c'est ce qui fait tilt, dans mon mental, dans mon esprit. »
24 février 1979
21
« Le ce n'est que ça est très proche du c'est ça. »
24 février 1979
22
« C'est le soir, l'automne, je pense seulement à mes parents. C'est le soir, l'automne, je pense seulement à mes parents. »
24 février 1979
23
« La poésie ce serait en somme le langage du réel, en ce qu'il ne peut plus se diviser ou ne s'intéresse pas à se diviser davantage. »
17 février 1979
24
« Plus une forme est reçue comme forme, c'est le cas de la forme brève, plus nous sommes sollicités, à tort bien sûr, de lui trouver un autre... un signifié. »
24 février 1979
25
« Il y a des liens énigmatiques entre l'écriture et la copie, et la copie, je le répète, l'acte de copier, est une donation de valeur. »
3 mars 1979
26
« C'est une sensation assez vertigineuse de penser qu'une idée au fond n'aurait pas plus d'importance et de nécessité que le temps très bref de son souvenir. »
3 mars 1979
27
« Beaucoup beaucoup noter, tout le temps noter, en divisant beaucoup, finalement, téléologiquement, c'est le roman qui est au bout. »

3 mars 1979
28
« Je ne me laisserai pas détourner pour faire ceci, ceci, cela de ce que je veux vraiment faire qui est de me promener dans la vie en notant. »
3 mars 1979
29
« Et, en un sens, l'expérience du ténu est une expérience du grand, une majoration non une futilisation. »
3 mars 1979
30
« Pour avoir des "idées", entre guillemets, c'est à dire des choses à noter, il faut être disponible. »
3 mars 1979



mai 2010



1er
« Eh bien , je dirais que mes notations, pour moi, ce seraient les très petites nouvelles, bien sûr, les très petites nouvelles, qui me sont à moi sensationnelles, et que je veux rappeler à même la vie. »
3 mars 1979
2
« Il y a pour nous nécessité de capturer une sorte de copeau du présent, tel qu'il me saute à l'observation et à la conscience. »
3 mars 1979
3
« La forme brève est sa propre nécessité, est sa propre suffisance et (qu') en réalité elle ne se prête pas, elle se garde. »

3 mars 1979
4
« La notation et tout ce qu'elle entraîne ensuite, c'est à dire en fait l'œuvre, en mettant les choses au mieux, est toujours une sorte de luxe, que c'est une activité luxueuse. »
3 mars 1979
5
« Je ne puis parler ici que de ma pratique personnelle. J'ai une pratique déjà ancienne du petit carnet. »
3 mars 1979
6
« Et Valéry a dit : Proust divise et nous donne la sensation de pouvoir diviser indéfiniment ce que les autres écrivains ont accoutumé de franchir. »
3 mars 1979
7
« Et sans doute que l'écriture, comme acte complexe et complet, naît au moment de la copie, la Nota. »
3 mars 1979
8
« Pour traduire, donc : je ne me laisserai pas détourner de ce que j'ai décidé de faire, ça serait la formule, je vous la donne en latin : nihil nisi propositum. »
3 mars 1979
9
« Ce qui peut être écrit de la mort, c'est le mourir, c'est le mourir, et le mourir peut être long. »
10 mars 1979
10
« Privé de tout commentaire, la futilité de l'incident rapporté se découvre à nu, et assumer la futilité, c'est toujours courageux. »
10 mars 1979
11
« Peut-être que pour faire un moment de vérité, il faut de la mort et de l'amour. »
10 mars 1979
12
« Le rôle de l'artiste est de se trouver là, se trouver là parmi les hommes à certains moments. »
10 mars 1979
13
« Non l'épiphanie joycienne, ce n'est pas l'apparition d'un Dieu, c'est, je cite, la soudaine révélation de la quiddité d'une chose. Quiddité - Q.U.I.2D.I.T.É ; en anglais whatness. »
10 mars 1979
14
« (pour Joyce ou chez Joyce) Il s'agit d'agencer ces spasmes isolés de psychologues en une chaîne organisée de moments. »
10 mars 1979
15
« La quiddité, je cite ici le Larousse illustré, c'est l'ensemble des conditions qui déterminent un être en particulier, l'ensemble des conditions qui déterminent un être en particulier. »
10 mars 1979
16
« Nous interprétons. Nous ne supportons pas des formes de langage courtes, au sens de l'expression : tourner court. »
10 mars 1979
17
« Il (Ellmann, biographe de Joyce) dit que les épiphanies renvoyaient à une technique arrogante et humble tout à la fois car elle prétend à l'importance tout en ne prétendant à rien. »
10 mars 1979
18
« La meilleure transformation sémantique d'incident, ça serait le mot pli. C'est un pli, un incident. »
10 mars 1979
19
« Dans le moment de vérité, le sujet lisant touche à nu ce que j'appellerai le scandale humain : que la mort et l'amour existent en même temps. »
10 mars 1979
20
« Premièrement, la découverte par Proust d'une manière juste de dire « je », c'est à dire la découverte d'un ton, finalement. »
10 mars 1979
21
« Deuxièmement, probablement, c'est mon hypothèse mais il paraît qu'elle (n')est pas très solide, encore qu'elle donne des éléments qui ont une solidité, c'est que il a mis en place définitivement, c'est à dire d'une façon définitivement satisfaisante, un système de noms propres. » (à propos de la genèse de À la Recherche du temps perdu).
10 mars 1979
22
« Troisième détermination que je suppose : la décision de changer la taille de l'œuvre projetée. C'est à dire de passer à une œuvre longue et une œuvre très longue. »
10 mars 1979
23
« Quatrièmement, la découverte structurale, induite d'un procédé balzacien qu'on trouve dans le Contre Sainte-Beuve, qui est le retour des personnages. »
10 mars 1979
24
« Et il y a une extrême difficulté, ou peut-être un extrême courage - je (ne) sais pas encore bien - à ne pas donner le sens ou un sens à ce qu'on rapporte, à ce qu'on note. »
10 mars 1979
25
« Une épiphanie, un incident ou un haïku, c'est là où il n'y a pas de commentaire. C'est là où le commentaire est forclos. »
10 mars 1979
26
« En sachant donner le concret absolu et radical, l'écrivain désigne ce qui va mourir. Plus c'est concret, plus c'est vivant, et plus c'est vivant, plus cela va mourir. »
10 mars 1979
27
« De même que le personnage principal d'Ulysse de Joyce, c'est en fait le langage - et même le Petit Larousse en Couleurs le dit, ça - de même l'histoire racontée par Proust est celle de l'écrire. »
10 mars 1979
28
« Les choses importantes ne peuvent se dire que par des mots démodés, finalement... »
10 mars 1979
29
« Le moment de vérité, c'est quand la chose même est atteinte par l'affect. »
10 mars 1979
30
« Quand je produis des notations, elles sont toutes vraies. Je n'invente jamais. Je ne mens jamais. »
10 mars 1979
31
« Parvenir à faire un roman, c'est au fond peut-être accepter de mentir. »
10 mars 1979



juin 2010



1er
« Pourquoi est-ce que j'écris ? Pour quoi est-ce que j'écris ? Ce pourrait être, entre autre, par devoir. »
1er décembre 1979
2
« L'œuvre du vouloir écrire au pouvoir écrire, du désir d'écrire au fait : écrire. »
1er décembre 1979
3
« Et, vous le savez, c'est le pire trouble social qu'on puisse imaginer, pour le temps intellectuel, que de ne pouvoir classer. »
1er décembre 1979
4
« Cette année, je veux suivre l'œuvre de son projet à son accomplissement. »
1er décembre 1979
5
« C'est à dire que, de, écrire telle chose, on est passé, historiquement, à un certain moment, à écrire tout court. »
1er décembre 1979
6
« Ma vie est d'une certaine façon dévolue à l'écrire, à l'acte - à l'activité d'écrire. »
1er décembre 1979
7
« Être amoureux, c'est choisir un être parmi mille autres possibles, mais précisément celui-là. »
1er décembre 1979
8
« Je dirais (que) c'est un texte qui me caresse et cette caresse produit son effet chaque fois que je le relis. »
1er décembre 1979
9
« Il y aura plutôt une sorte de suspension, un suspense final, dont je ne connais pas moi même la résolution. »
1er décembre 1979
10
« Donc écrire, je dirai, c'est vouloir réécrire. Je veux m'ajouter activement à ce qui est beau et cependant me manque. »
1er décembre 1979
11
« Il n'y a pas de texte sans filiation, il n'y a pas de texte sans filiation. J'écris parce que j'ai lu. Il n'y a rien à faire. »
1er décembre 1979
12
« L'espoir est une mémoire qui désire. »
1er décembre 1979
13
« Pour que l'œuvre de l'autre passe en moi, il faut que je la définisse en moi comme écrite pour moi et qu'en même temps je la déforme, que je la fasse autre à force d'amour. »
1er décembre 1979
14
« L'inspiration telle que je l'entends donc, d'abord elle est une déformation narcissique. »
1er décembre 1979
15
« Et cette joie de lire produit des lecteurs, sans doute, c'est nécessaire, mais elle produit des lecteurs qui restent des lecteurs. »
1er décembre 1979
16
« Le rapport est là. L'auteur qui compte, pour moi qui veux écrire, ça va devenir comme un signe de moi-même. Je vais m'en servir comme d'un signe de moi-même. »
1er décembre 1979
17
« J'écris parce que j'ai lu. J'écris parce que j'ai lu. »
1er décembre 1979
18
« J'imagine... bien et à juste titre qu'il vous indiffère, narrativement parlant, que l'œuvre soit faite ou non. »
1er décembre 1979
19
« Il est très difficile de communiquer avec le désir d'autrui et de s'intéresser au désir d'autrui. »
1er décembre 1979
20
« Il y a dans le désir d'écrire un aspect maniaque. C'est une manie. »
1er décembre 1979
21
« Autrement dit, l'étranger adoré que je lis me pousse et me conduit à affirmer activement l'étranger qui est en moi, l'étranger que je suis pour moi. »
1er décembre 1979
22
« Et Flaubert parlait de "l'indomptable fantaisie que j'ai d'écrire" (ce)la en 1847, c'est à dire (qu)'il a 26 ans. »
1er décembre 1979
23
« Et s'il y a une donnée originelle de mon désir, que je ne connais pas, de toute manière, elle suppose, je dirais, une vue de l'homme, c'est à dire une métaphysique. »
1er décembre 1979
24
« Si on se met à écrire en voulant être original on n'y arrivera pas. »
1er décembre 1979
25
« Autrement dit il y a dissémination du désir et c'est dans cette mesure qu'il y a appel, échange, une procréation d'autres mots. »
1er décembre 1979
26
« Eh bien, euh, je préfère tout de même, si vous me le permettez, m'arrêter ici... »
1er décembre 1979
27
« L'effort qui consiste à saisir ce qui en moi est différent de moi. »
1er décembre 1979
28
« Le désir d'écrire comme seul désir. »
1er décembre 1979
29
« Tout manuscrit est ennuyeux, parce que c'est un bloc de pur désir. »
1er décembre 1979
30
« Entre lire et écrire, il faut que je conçoive l'œuvre... ou la littérature. »
1er décembre 1979



juillet 2010



1er
« Donc, j'écris, je finis l'œuvre et je meurs, mais ce faisant, quelque chose continue. »
1er décembre 1979
2
« Je désire écrire et je me sens coupable si je n'y arrive pas. »
1er décembre 1979
3
« Je sais que, en ce qui me concerne, j'écris pour contenter un désir, au sens fort du terme : le désir d'écrire. »
1er décembre 1979
4
« S'ils n'écrivent pas, s'ils n'ont pas mis l'écrire dans leur vie, vers quel temps est-ce qu'ils peuvent se tourner ? »
1er décembre 1979
5
« Donc je reprends et j'explore un peu cette, comment dirais-je, ce concept ou cette notion d'inspiration que j'ai voulu employer à la place du mot "imitation". »
1er décembre 1979
6
« Je dirai, oui, bien sûr, il y a toujours une bibliographie, et dans ce cas, la bibliographie, ce serait simplement toute la littérature. »
1er décembre 1979
7
« Et c'est pourquoi la menace de dépérissement, d'extinction, qui peut peser sur la littérature, telle que je la sens maintenant, cette menace, sonne pour moi en tout cas, comme une extermination de l'espèce, une sorte de génocide spirituel. »
1er décembre 1979
8
« Le ridicule peut avoir quelque chose de grand, et c'est pour ça que parfois, il faut avoir le courage de l'assumer. »
1er décembre 1979
9
« Il n'y a pas de génération spontanée dans le texte. Le texte vient d'un autre texte, d'autres textes. »
1er décembre 1979
10
« C'est un texte qui produit en moi un éblouissement de langage. »
1er décembre 1979
11
« Le plaisir de la lecture en tant qu'il est déjà tourmenté par le désir d'en faire autant, c'est à dire par un manque... car, je n'en ai pas encore fait autant... et ça c'est le désir d'écrire. »
1er décembre 1979
12
« Toute filiation d'écriture est irrepérable... toute filiation d'écriture est irrepérable. »
1er décembre 1979
13
« Quiconque écrit doit viser à être publié, et il faut aller jusqu'au bout de cette aventure. »
1er décembre 1979
14
« Le désir poignant de la chose absente (pothos), n'est-ce pas, le désir pénétré de manque. »
1er décembre 1979
15
« Si j'ai surmonté le ridicule d'être écrivain, je ne me soucie nullement de sortir mon carnet tout d'un coup, pendant que les autres parlent, pour écrire une phrase. »
1er décembre 1979
16
« Le désir d'écrire. »
1er décembre 1979
17
« Le plaisir comblé de la lecture, en tant qu'il n'est pas travaillé par le tourment d'en faire autant. Ça, c'est "voluptia". »
1er décembre 1979
18
« Vous vous rappelez que nous sommes dans une sorte de prologue qui consiste à nous interroger ou à m'interroger devant vous sur le désir d'écrire. »
8 décembre 1979
19
« Et ce qu'il reste au fond, dans l'écrire comme tendance, c'est un champ de forces. Ça n'est pas un tableau d'objets, c'est un champ de forces. »
8 décembre 1979
20
« Et on est passé du désir d'objet au désir comme simple tendance, sans tenir compte de l'objet. »
8 décembre 1979
21
« Le mot « texte » veut dire simplement que le genre est irrepérable et que nous sommes dans l'écrire comme tendance et non plus dans l'écrire pourvu d'un objet. »
8 décembre 1979
22
« Écrire comme tendance veut dire que des objets d'écriture paraissent, brillent, mais disparaissent. »
8 décembre 1979
23
« Lorsque l'objet de l'écrire s'efface ou s'estompe au profit de la tendance, il y a évidemment une indifférence croissante à distinguer les objets de l'écrit, c'est à dire une indifférence croissante à distinguer les genres de la littérature. »
8 décembre 1979
24
« Au fond ce sont les éditeurs et les libraires qui ont besoin de catégories, ne serait-ce que pour classer les livres dans une librairie. »
8 décembre 1979
25
« Prose proprement romantique : au plus haut point changeante - changeante - merveilleuses tournures étranges, sauts brusques tout à fait dramatiques même pour de brefs exposés. » (Barthes cite la définition que donne Novalis de la prose romantique, du roman.)
8 décembre 1979
26
« Le romanesque croît en fascination au fur et à mesure que le roman comme canon perd de l'intérêt. »
8 décembre 1979
27
« Donc c'est la même question, la question des genres, ici sexuelle et là rhétorique. »
8 décembre 1979
28
« Zola n'a - c'était juste un très grand écrivain, c'est je crois l'écrivain le plus lu dans les bibliothèques du monde entier - mais on peut le (sic) dire que son rôle ait eu la moindre importance du point de vue d'une histoire du texte, ou d'une théorie de la littérature, ou d'une théorie de la modernité. »
8 décembre 1979
29
« ... rendu à un état d'immobilité, de non lutte, de non agir, de non vouloir saisir, de non vouloir écrire - absolu - et cependant une extrême sensibilité aux moindres variations barométriques... »
8 décembre 1979
30
« Proust, à la fin de son œuvre, voulant donner la théorie, la théorie de la littérature, explique que l'œuvre doit être faite, l'œuvre littéraire doit être faite, comme par une couturière (n'est-ce-pas). C'est la métaphore de la couturière. »
8 décembre 1979
31
« Nous sommes plutôt semble-t-il, en tout cas de plus en plus, dans l'ère générale du ressentiment, c'est à dire l'ère pour reprendre la typologie Nietzschéenne, l'ère des prêtres, « hapt », et même des ayatollahs, qui sont donc les types mêmes du ressentiment. »
8 décembre 1979


8 décembre 1979
août 2010


8 décembre 1979
1er
« Qu'est-ce que vous faites ? J'écris. (n'est-ce pas) Écrire au sens absolu. »
8 décembre 1979
2
« Le désir de ne plus parler, d'annuler toute ambition, toute libido sociale et d'éteindre toute écriture. »
8 décembre 1979
3
« Montaigne dit que les hommes vont béants aux choses futures. » (cité par Chateaubriand)
8 décembre 1979
4
« Toujours à propos des manuscrits que je reçois, c'est le cas d'un... de quelqu'un, d'un garçon... qui se prénomme Jean.... »
8 décembre 1979
5
« Et bien on peut imaginer que s'il n'était pas mort (Proust) alors, en réalité il n'aurait rien(t) écrit de nouveau. »
8 décembre 1979
6
« Si nous revenons si souvent au sujet, c'est peut-être parce que cela est inscrit dans le fond de la langue et dans le fond de notre langue »
8 décembre 1979
7
« Fantasmer une sorte de moment où l'on n'écrirait plus, où enfin on se reposerait, moins d'écrire que de la perpétuelle remise en mouvement du désir. »
8 décembre 1979
8
« L'excellence de l'amateur, c'est à dire du producteur, par rapport à la maîtrise du professionnel, c'est à dire celui qui nous donne des produits. »
8 décembre 1979
9
« Comment peut-on cesser d'écrire ? »
8 décembre 1979
10
« Évoquer la possibilité d'un contre écrire et d'un non écrire. »
8 décembre 1979
11
« Bricoler, c'est travailler sans contraintes, entre autres choses... »
8 décembre 1979
12
« Est-ce que vous imaginez (de) dédier votre vie à l'élaboration d'une œuvre, d'une série d'œuvres ? Et il m'a répondu : non. Non je ne l'imagine pas. Non ça ne m'intéresse pas. »
8 décembre 1979
13
« Il m'arrive de sentir passer sur moi l'aile du non-écrire, (l'aile qui est) à la fois l'aile noire du malheur et en même temps l'aile douce de la sagesse. »
8 décembre 1979
14
« vous savez qu'il (Rimbaud) a fixé la grande voie de pénétration en Abyssinie, qui sera le tracé du premier chemin de fer éthiopien. »
8 décembre 1979
15
« Je me suis senti évidemment très démodé, dans la mesure où j'ai de l'écrire un sentiment absolu, qui ne se termine pas avec l'œuvre mais qui la recommence, ou disons un sentiment viager, à la mesure de ma vie. »
8 décembre 1979
16
« Des paperolles, n'est-ce pas, encore des paperolles, encore des paperolles, voilà ce qu'il pouvait faire avec l'œuvre. »
8 décembre 1979
17
« Ce n'est pas une subjectivité de caractère, c'est une subjectivité d'écrivant. »
8 décembre 1979
18
« Écrire n'est pas sage. »
8 décembre 1979
19
« Car c'est la mort qui donne la clé du destin d'une vie... c'est comme cela que nous pensons. Mais ce n'est pas cela peut-être que nous sommes obligés de penser, souvent pour avoir une autre vue du destin et ne pas privilégier forcément la fin d'une vie. »
8 décembre 1979
20
« (à propos de Rimbaud) Voilà donc la première possibilité, pour ne pas écrire, c'est de saborder : le sabordage. »
8 décembre 1979
21
« Et c'est une très curieuse grammaire, parce que le complément reste suspendu, soit dans le futur, soit dans l'indistinction, soit dans l'impossibilité de distinguer, de nommer ce qu'on écrit. »
8 décembre 1979
22
« Autrement dit, il y a dans l'écrire absolu, je crois, un fantasme, qui est le fantasme de : avoir fini. Avoir fini l'œuvre. »
8 décembre 1979
23
« Une force qui cherche voluptueusement et dramatiquement son point d'application. »
8 décembre 1979
24
« J'écris en m'affectant dans le procès même d'écrire. »
8 décembre 1979
25
« Le sursis, c'est toujours un temps en trop et c'est donc un temps de l'ennui... »
8 décembre 1979
26
« C'est au niveau des manuscrits que la littérature est intéressante... qu'elle est à la fois ennuyeuse, comme je l'ai dit l'autre jour, et qu'elle est intéressante. »
8 décembre 1979
27
« Écrire au sens absolu, ça veut dire écrire jusqu'à la mort. »
8 décembre 1979
28
« C'est à dire il n'ose pas dire qu'il écrit sans objet. » (à propos de Paludes de Gide)
8 décembre 1979
29
« Donc on ne s'arrête plus au livre, à l'œuvre comme rejeton, substitut de la lignée, on socialise à outrance l'écrire. »
8 décembre 1979
30
« Et l'écrire, du moins, le mien, a quelque chose de protensif. Pro-tensif : p.r.o.t.e.n.s.i.f. »
8 décembre 1979
31
« La seule joie que me donne un livre, c'est de l'avoir fini. »
8 décembre 1979



septembre 2010



1er
« Actif le sujet effectue un point c'est tout. Moyen, il effectue mais en s'affectant lui-même. »
8 décembre 1979
2
« Le verbe indo européen a pour caractéristique de porter référence au sujet et non à l'objet. »
8 décembre 1979
3
« Donc être un tas. Voilà ce que je peux souhaiter, parfois. »
8 décembre 1979
4
« C'est à dire qu'il n'est ni narratif, ni argumentatif, ni même « poétique » entre guillemets. C'est une sorte de n'importe quoi, aux yeux du lecteur et d'où la tension au niveau de la publiabilité et le fait que la plupart de ces textes ne trouvent pas d'éditeur. »
8 décembre 1979
5
« C'est à dire que l'objet écrit devient alors absolument inclassable, irrepérable et pour ainsi dire innommable, pour le meilleur et pour le pire. C'est un texte. »

8 décembre 1979
6
« Et on voit comment déjà ici, l'objet, l'objet de l'écrire, est fractionné au profit, disons, d'une moire d'énergie d'écriture. »
8 décembre 1979
7
« Assis paisiblement sans rien faire le printemps vient et l'herbe croît d'elle-même. »
8 décembre 1979
8
« Parce que « roman » dans mon esprit, doit peu à peu s'entendre comme roman absolu, c'est à dire au sens allemand, roman romantique, roman « poetilos », roman de l'écrire tendance. Autrement dit toute œuvre... tout texte... Voilà. »
8 décembre 1979
9
« Vous savez que « rhapsodique » en grec, ράβω, veut dire « coudre », c'est donc ce qui est cousu, ce sont des pièces qui sont cousues ensemble »
8 décembre 1979
10
« Alors évidemment le rhapsodique éloigne l'objet, magnifie la tendance et magnifie l'écrire. »
8 décembre 1979
11
« Alors j'étais en train d'expliquer que, en face du vouloir écrire, il y avait un vouloir non écrire, que j'ai essayé de décrire, et - qui est euh - auquel j'ai donné le nom général d'oisiveté. »
15 décembre 1979
12
« Pour Sartre, donc, une fois mort, on n'existe plus, on n'existe plus, que par l'autre. »
15 décembre 1979
13
« Je dirai que je m'estime fondé à communiquer ici quelque chose qui est de l'ordre de l'intime, mais pas quelque chose qui est de l'ordre du privé. »
15 décembre 1979
14
« Je veux me dire, mais je veux me dire aimant. »
15 décembre 1979
15
« Vouloir écrire c'est accepter à un certain moment d'être dans la position du mort »
15 décembre 1979
16
« Le désir du rien faire »
15 décembre 1979
17
« Mon imaginaire n'est pas psychologique. Je ne me projette pas dans l'image d'écrivain reconnu. C'est un imaginaire désirant. C'est un imaginaire amoureux. C'est précisément un imaginaire qui cherche à s'identifier. Ça n'est pas une paranoïa. »
15 décembre 1979
18
«  Eh bien je dirai : oui, en un certain sens, je me prends pour un écrivain. »
15 décembre 1979
19
« Supposez, supposez, un film pornographique. Supposez une salle de cinéma pornographique. »
15 décembre 1979
20
« Trois épreuves : premièrement le doute, deuxièmement la patience, troisièmement la séparation, la sécession. »
15 décembre 1979
21
« L'écrivain possède et l'écrivain est constitué par une croyance narcissique première : j'écris donc je vaux, absolument, quoi qu'il arrive. Puisque j'écris, je vaux. »
15 décembre 1979
22
« Le désir du rien faire »
15 décembre 1979
23
« Est-ce que ça veut dire que je me prends vraiment pour un écrivain, que je me simule comme écrivain ? »
15 décembre 1979
24
« Je simule celui qui veut écrire une œuvre. Je n'ai pas à dire si je suis ou je suis pas celui-là. Je dis simplement : je simule celui qui veut écrire une œuvre. »
15 décembre 1979
25
« Vous savez que je - j.e. - est le pronom de l'imaginaire, proche du moi idéal. On peut dire que chaque fois qu'on dit « je », on est dans l'imaginaire. »
15 décembre 1979
26
« L'écriture est vécue comme une sécheresse. »
15 décembre 1979
27
« puisque ce sera l'histoire intérieure d'un homme qui veut écrire. »

15 décembre 1979
28
« Ce soir je me suis senti d'un talent anxieusement contenu. »
15 décembre 1979
29
« J'ai envie d'opposer à l'écriture - comme on aurait dit autrefois - le cœur. »
15 décembre 1979
30
« Je vaux plus que ce que j'écris. »
15 décembre 1979



octobre 2010



1er
« Je vaux mieux que ce que j'écris n'est pas une bonne formule. Il faut dire d'une façon plus cynique et plus triviale : je vaux plus que ce que j'écris. Non pas mieux, mais plus. C'est une question de quantité. »
15 décembre 1979
2
« Si j'écris que je vaux moins, et bien par là même, parce qu'il y a écriture, je déclare que je vaux plus. »
15 décembre 1979
3
« Donc on peut faire une œuvre avec la velléité, mais c'est un cas tout de même très sophistiqué. »
15 décembre 1979
4
« Quoi que j'écrive, il y a un reste, qui est extensif à l'écriture, un reste que je n'ai pas dit, que je n'ai pas su dire, que je n'ai pas pu dire, et ce reste, c'est ma valeur entière. »
15 décembre 1979
5
« Donc il va s'agir d'un récit, qui sera le récit d'une délibération. »
15 décembre 1979
6
« Il me faut me monumentaliser entièrement. »
15 décembre 1979
7
« Se mettre en position peut être une manière d'alléger la tristesse et l'aliénation de certaines tâches. »
15 décembre 1979
8
« L'exposé des tribulations très particulières de quelqu'un qui veut écrire finira par lasser, disons, la curiosité des uns et la fidélité des autres. »
15 décembre 1979
9
« Le récit amène le poème et le poème se couronne rétroactivement de l'exposé rhétorique de sa composition. C'est à dire Dante dit comment il a construit le poème. »
15 décembre 1979
10
« ... des civilisations idylliques, c'est à dire soit absolument aristocratiques, soit absolument ascétiques. »
15 décembre 1979
11
« C'était au contraire pour indiquer par ce geste que je vivais une sorte de point zéro du désir et que tout était en moi aussi étale que le paysage. »
15 décembre 1979
12
« Et au fond, il y a quelque chose en moi qui désire profondément qu'on ne parle pas de moi. Ni en bien, ni en mal. »
15 décembre 1979
13
« Et moi j'imagine un classique moderne dont le « je » serait triché, incertain et triché. »
15 décembre 1979
14
« Classiquement, on appellerait cette croyance, peut-être, de l'orgueil. Et il y a un orgueil de l'écrivain et cet orgueil est un primitif...un primitif de l'activité d'écriture. »
15 décembre 1979
15
« Et j'ai senti vraiment que le 15 août était comme la vraie charnière de deux années ; que c'était une sorte de jour neutre, de tampon, de blanc, qui partageait les eaux, comme une cime déserte. »

15 décembre 1979
16
« Une sorte de différentiel va s'établir, entre la postulation de l'idéal du moi, à savoir l'écriture, et la postulation du moi idéal, qui est un imaginaire hors écriture. »
15 décembre 1979
17
« Car en effet paradoxalement, cet orgueil de l'écrivain peut être, si je puis dire, modeste. »
15 décembre 1979
18
« Écrire est un acte de faire-valoir, et ce faire-valoir bien sûr est miné sans cesse par le doute qui porte sur l'œuvre contingente, mais ce faire valoir n'est jamais discuté. »
15 décembre 1979
19
« Écrire comme idéal du moi, c'est cela qui est souverain, c'est cela qui est exaltant. »
15 décembre 1979
20
« Ce faire valoir de l'écriture est intimement pénétré d'un sentiment déceptif, d'un sentiment de perte de valeur. »
15 décembre 1979
21
« Écrire n'est pas sage, en ceci, que c'est se remettre entièrement et complètement au regard ou à la lecture - c'est la même chose - de l'autre. »
15 décembre 1979
22
« Alors il y a trois choses si vous voulez, il y a d'une part le récit d'un amour, récit romanesque d'un amour, le poème et puis l'analyse rhétorique du poème. »
15 décembre 1979
23
« Il arrive qu'on puisse, qu'on doive assumer l'œuvre comme un défaut d'accord avec la société, donc assumer l'œuvre comme une singularité, comme une solitude. »
15 décembre 1979
24
« Remarquez, certains écrivains peuvent s'arranger pour ne quitter jamais le temps de la velléité. »
15 décembre 1979
25
« Mais disons que parmi vous il y en a peut-être qui n'écrivent pas, qui ne sont pas dévorés par ce vice de l'écriture, Alors, est-ce que ça peut les concerner ? Eh bien, je ne sais pas. »
15 décembre 1979
26
« Eh bien je reprends donc le cours. »
15 décembre 1979
27
« ... si je n'arrive pas à savoir ... au fond ce que je voudrais probablement, dans l'état fantasmatique des choses, c'est faire une œuvre qui soit à la fois continue et discontinue. Mais ça n'est pas possible, logiquement tout au moins. »

15 décembre 1979
28
« Donc aujourd'hui première épreuve : le choix, le doute. »
15 décembre 1979
29
« Et après tout je me définis ici par mon plaisir, par mon désir d'écrire, et de ce point de vue là, je suis l'égal effectivement, chacun de nous est l'égal de Flaubert, de Proust ou de Mallarmé. »
15 décembre 1979
30
« Donc, livre, soit infini par permutation des vers des parties des versets, c'est le livre total de Mallarmé, soit, infini par sommation, accumulation, le livre somme, Dante. Soit, enfin ramassé et essentialisé. »
5 janvier 1980
31
« La forme est évidemment ici très proche de la formule, comme la formule d'un médicament, la formule d'une construction, la formule d'une opération magique. »
5 janvier 1980



novembre 2010



1er
« Moi je crois qu'en face, l'écriture, c'est précisément ce qui stoppe, je dirai, l'hémorragie épuisante de l'imaginaire. »
5 janvier 1980
2
« Parler c'est - en même temps, en l'espace d'un dixième de seconde - s'emballer pour ce qu'on dit et se décevoir de ce qu'on dit. »
5 janvier 1980
3
« Qu'est-ce qu'il fantasme dans l'œuvre à faire ? C'est à dire, sous quelle espèce voit-il l'œuvre à faire ? »
5 janvier 1980
4
« Donc, l'idée de livre chez lui, c'est comme un fantasme de contraste par rapport à ce qu'il a fait. » (à propos de Mallarmé)
5 janvier 1980
5
« Il me semble que parler de la cochonnerie de l'écriture en écrivant. Ou se déterminer comme Lautréamont contre les livres, finalement, en faisant livre, me paraît de la mauvaise foi. »
5 janvier 1980
6
« Des formes de continu : le récit, la dissertation, le traité... et des formes de discontinu, les fragments : aphorismes, pages de journal, paragraphes à la Nietzsche, etc. Voilà un peu quel est moi mon problème fantasmatique. C'est là que porte mon fantasme. »

5 janvier 1980
7
« Opposé au livre, l'album - je cite - recueille des inspirations de hasard fussent-elles merveilleuses - recueille des inspirations de hasard fussent-elles merveilleuses ». (à propos du Livre total chez Mallarmé)

5 janvier 1980
8
« Il ne fantasme que l'écriture. »
5 janvier 1980
9
« C'est un dispositif infini, un rite renouvelable. »
5 janvier 1980
10
« Et ensuite nous nous trouvons, donc, dans la position projective d'un homme, d'un sujet qui décide ou qui veut faire une œuvre. »
5 janvier 1980
11
« C'est à dire, la formule, c'est ce qui donne issue, ce qui délie, ce qui dénoue celui qui veut écrire. »
5 janvier 1980
12
« Je ne sais - je ne suis pas très bien - je ne suis pas sûr de ce que je fantasme vraiment : si c'est le continu ou le discontinu. »
5 janvier 1980
13
Le livre total de Mallarmé : « Livre fait de vers ou de versets permutables, la combinatoire variant selon les séances, et par conséquent, multipliant la dissémination du livre. »

5 janvier 1980
14
« Le livre (total de Mallarmé) n'est plus objet de lecture individuelle, il est objet de dissémination dans des publics - un public qui change-nt à chaque séance. »
5 janvier 1980
15
« Beaucoup des écrivains passés se sont « couverts » si l'on peut dire, d'une philosophie de leur œuvre. »
5 janvier 1980
16
« Un livre ne commence ni ne finit, tout au plus fait-il semblant. (Mallarmé) Mais c'est absolument vrai. Même en dehors du livre mallarméen. »
5 janvier 1980
17
« La gageure, l'acrobatie, c'est alors de dire non au livre au moyen d'un livre. »
5 janvier 1980
18
« C'est une sorte d'après-coup de l'œuvre, une sorte de ... un sceau de solennité, apposé à l'œuvre pour effacer sa gratuité statutaire. » (à propos de l'idéologie)
5 janvier 1980
19
« C'est précisément parce que je peux hésiter entre deux désirs entre lesquels il faudra que je finisse par choisir que je peux par exemple subir un blocage très long. »
5 janvier 1980
20
« Nous pourrions un jour étudier les semblants, les faire semblant du livre, les faire semblant de commencement, les faire semblant de fin. »
5 janvier 1980
21
« Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme, ce sera moi. » (exergue des Confessions de Rousseau)
5 janvier 1980
22
« Le choix de la forme constitue bien une épreuve, la première, et une épreuve grave, car, cette épreuve engage, je dirai, ce que je crois... Ce-que-je-crois. »
12 janvier 1980
23
« Retenez bien la formule, je vous prie : « le livre, architectural et prémédité », « architectural et prémédité », ou encore « un livre qui soit un livre », ou encore « le livre persuadé au fond qu'il n'y en a qu'un tenté à son insu par quiconque écrit. » » (à propos de Mallarmé)
5 janvier 1980
24
« Dans le conflit avec le monde, on ne peut pas se prévaloir d'une erreur du monde. Le monde est dans le vrai. Car la vérité est dans l'indissoluble unité du monde humain. » (Kafka)
12 janvier 1980
25
« Mallarmé, à propos de l'œuvre : Je l'ai contemplée, sans extase comme sans épouvante, et fermant les yeux j'ai trouvé que cela était. »
12 janvier 1980
26
« Et donc, ce qui caractérise l'album, c'est l'absence de structure. L'album c'est un ensemble factice d'éléments dont l'ordre, la présence ou l'absence sont arbitraires. »
5 janvier 1980
27
« Dans le combat entre toi et le monde, seconde le monde. » (Kafka)
12 janvier 1980
28
« Et donc malaise qui me prend, à moi personnellement, lorsque j'ai l'impression que certains auteurs ou certains êtres disent des choses intelligentes, certes, mais intelligentes par hasard. »
12 janvier 1980
29
« Si j'ai le désir d'écrire, je suis l'égal des plus grands écrivains... quant à ce désir... pas quant au produit, bien sûr. »
5 janvier 1980
30
« Pour un peu, ce serait un commencement de correspondances suivies... »
5 janvier 1980



décembre 2010



1er
« Alors l'album serait atonal, sans cadence et le livre serait tonal, il aurait une cadence. »

2
« Substituer à la fin par lassitude ou par mort la fin par logique. »
12 janvier 1980
3
« Je puis vivre l'œuvre à faire comme une sorte de dérèglement. Une folie, une manie, qui me coupe de tout, une espèce de schize. »

12 janvier 1980
4
« Le Livre avec un grand "L" est toujours, disons, non pas analogique au monde, c'est impossible, mais homologique au monde. C'est en cela que c'est une forme. »
12 janvier 1980
5
« Finalement la nécessité de l'œuvre, eh bien, repose sur une conclusion d'existence »
12 janvier 1980
6
« Et la maîtrise dans l'ordre littéraire, la maîtrise, serait plutôt un appauvrissement dirigé, une sorte d'économie épicurienne des plaisirs qu'on est apte à donner en écrivant. »

12 janvier 1980
7
« On fantasme d'abord une forme. »
12 janvier 1980
8
« C'est ça un roman, c'est un mensonge qui fait de la mousse. »
12 janvier 1980
9
« On va savoir si quelque chose ou rien. » (Mallarmé à propos du Livre)
12 janvier 1980
10
« Nécessité de retraite pour faire l'œuvre... Mais, à ce moment-là, agression de la bêtise ambiante, mondaine... Alors, besoin et donc devoir de réagir et participation au monde. »
12 janvier 1980
11
« Alors en langage moderne on dirait que ce qui lutte avec l'œuvre, ce sont toutes les formes de drague. »
12 janvier 1980
12
« Finalement, ce qui fonde l'œuvre, c'est, on pourrait dire, un mouvement mystique. »
12 janvier 1980
13
« Alors une autre forme du monde, c'est, on pourrait appeler selon le mot de Pascal j'emploie des expressions un peu désuètes... l'attachement aux créatures passagères ou comme on disait au XVIIIe siècle, XVIIe siècle, plutôt : les concupiscences. »
12 janvier 1980
14
« La nécessité d'une œuvre, ce serait à ce moment-là, qu'elle réponde, quelque part dans le monde, au besoin d'un lecteur. »
12 janvier 1980
15
« Les critiques ne témoignent jamais, jamais, du besoin qu'il peuvent avoir d'un livre. Les critiques n'ont pas besoin des livres. Ils en ont tout le contraire. Ils ont besoin de ne pas lire. Leur besoin profond, c'est de ne pas lire. Puisque lire est leur métier. »
12 janvier 1980
16
« Les métaphores sont l'une des choses qui me font désespérer de la littérature. » (citant Kafka)
12 janvier 1980
17
« Chaque forme, qu'elle soit livre ou album, a son enjeu. »
12 janvier 1980
18
« Mallarmé, à propos du Livre, a fortement ressenti la nécessité, je dirai, de la Nécessité - avec un grand N - de l'œuvre. »
12 janvier 1980
19
« Imposer au monde qu'on est un original, en vertu de quoi, le rôle étant reconnu et classé, le monde vous laissera en paix, et abandonnera la demande. »
19 janvier 1980
20
« Celui qui veut écrire doit en effet organiser, au sens fort du terme, son ego d'écrivant. »
26 janvier 1980
21
« C'est à dire que ce que je vivais d'un côté ne passait absolument pas dans ce que j'écrivais de l'autre. »
26 janvier 1980
22
« Alors un autre fantasme de rupture de vie, c'est de faire ses adieux. »
19 janvier 1980
23
« Je puis écrire en me soumettant à la nécessité de complicité avec au moins un lecteur, pas avec un public, avec un lecteur. »
12 janvier 1980
24
« Et d'ailleurs Bachelard dit : pour durer, il faut se confier à des rythmes, c'est à dire à des systèmes d'instants. Le rythme au fond c'est un facteur... tendanciellement, c'est un facteur d'immortalité. »

26 janvier 1980
25
« Chacun pense l'autre à disposition. »
19 janvier 1980
26
« Un mystique est un être qui choisit la dé-valeur. »
19 janvier 1980
27
« Qui est responsable du texte ? Eh bien moi, le premier. »
2 février 1980
28
« Donc, il y a une sorte de chantage permanent de l'actualité à celui qui écrit et à celui qui, en écrivant, fait mine d'oublier cette actualité. »
16 février 1980
29
« Et parce que je suis une sorte de laissé pour compte du réel, je ne puis m'en faire reconnaître qu'au prix, évidemment, d'une certaine oblation. »

16 février 1980
30
« Le présent est vivant tandis que l'actuel peut n'être qu'un bruit, quelque chose qui n'est pas vivant. »
16 février 1980
31
« On ne veut plus, c'est un progrès énorme, dissocier l'énoncé de l'énonciation par exemple, n'est-ce pas (...) Eh bien à samedi prochain, la fin de ce cours. » 
16 février 1980