| Diégèse |
Citations
des cours de Roland Barthes au Collège de France utilisées dans Diégèse en 2010
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2010 |
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| janvier 2010 |
juillet
2010 |
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février 2010
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août
2010 |
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| mars 2010 |
septembre
2010
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avril 2010
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octobre
2010 |
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mai 2010
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novembre
2010 |
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juin 2010
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décembre
2010 |
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janvier 2010
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1er
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« Tout
cela
apparaît comme un matériau répété, c'est à dire comme un matériau
- ou une activité - qui est voué à la répétition et à la
lassitude de
la répétition. » |
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2
décembre 1978 |
2
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« Eh
bien je dirais qu'un événement, qui, lui, vient du destin, peut
survenir
pour marquer, pour entamer, pour inciser, pour articuler plus
douloureusement, et même dramatiquement, cet ensablement
progressif. » |
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2
décembre 1978 |
3
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« Arrivé
à un certain âge, on peut employer l'expression commune :
les
jours sont comptés. » |
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2
décembre 1978 |
4
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« Car
le
milieu de ma vie, quel que soit l’accident, ce n’est
rien d’autre que ce moment où on découvre la mort comme réelle. » |
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2
décembre 1978 |
| 5 |
« Écrire
le
vouloir-écrire dit cela : que la mort sert à quelque chose et que le
vouloir-écrire et l'écrire servent à sauver. » |
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2
décembre 1978 |
6
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« Je
dirais que l'acédie se définit finalement, et c'est en cela qu'elle est
totalement douloureuse - elle devait l'être pour les moines,
d'ailleurs, du Moyen-âge - elle peut se définir comme une
impuissance à
aimer, quelqu'un, quelques-uns, le monde, etc. Car, être
malheureux, ça
se traduit souvent par l'impossibilité d'aimer. » |
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2
décembre 1978 |
7
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« Il
se produit un moment, dans le cursus de l'âge, dans la vie, où il
devient loyal, ... nécessaire, de regarder en face l'usage du temps
avant la mort » |
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2
décembre 1978 |
8
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« Eh
bien je dirais que,
à ce niveau, toute explication de décision est
incertaine, car on ne sait pas la part d'inconscient qui est engagée,
ou la nature véritable du désir engagé. » |
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2
décembre 1978 |
9
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« L'idée
donc, d'entrer en littérature, d'entrer en écriture, l'idée
d'écrire comme si je ne l'avais jamais fait, et de ne plus faire que
cela. » |
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2
décembre 1978 |
10
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« La
nécessité de se donner un nouveau programme, un programme
de vita nuova. » |
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2
décembre 1978 |
11
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« Pour
celui qui écrit, pour celui qui a choisi d'écrire, c'est à dire pour
celui qui a éprouvé la jouissance, le bonheur d'écrire, presque comme
un premier plaisir au sens freudien, premier plaisir donc qu'il essaye
de reconduire toute sa vie, et qui ne se ternit jamais en lui, donc
pour celui-là, il ne peut y avoir de "vita
nuova", me semble-t-il, que la découverte d'une nouvelle pratique
d'écriture. » |
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2
décembre 1978 |
12
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« Je
veux dire que la chose à ne pas supporter, c'est de refouler le
sujet, quels que soient les risques de la subjectivité. » |
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2
décembre 1978 |
13
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« Seul
celui qui a réussi à écrire peut témoigner du vouloir-écrire, par
définition. Dire qu'on veut écrire, voilà en fait la matière même de
l'écriture. » |
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2
décembre 1978 |
14
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« Il
y a
très peu de gens, probablement, qui sont en proie au
vouloir-écrire, je ne sais pas, peut-être il y en a plus qu'on ne
croit, je ne sais pas du tout, je ne peux pas le savoir. » |
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2
décembre 1978 |
15
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« La
nouvelle écriture comme pratique se détache de la gestion du
mouvement passé. » |
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2
décembre 1978 |
16
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« Dans
l'Évangile selon Saint Jean : la Lumière n'est plus
avec vous que pour
peu de temps. Marchez tant que vous avez la lumière, de peur que les
ténèbres ne vous atteignent. » |
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2
décembre 1978 |
17
|
« L'époque
n'est pas si vous voulez actuellement, absolument en état de
danger ni critique, mais, de pré-danger et je crois qu'il faut
surveiller
ces signes-là avec vigilance. Pourquoi ? Parce que nous autres,
intellectuels ou artistes, c'est notre vie qui est en cause et donc, le
sentiment qu'il faut se défendre et que c'est une question de
survie. » |
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2
décembre 1978 |
18
|
« Pourquoi
cette histoire-là parmi d'autres ? J'ai aussi cette réaction
souvent devant des films. Pourquoi cette histoire plutôt qu'une
autre ? »
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9 décembre 1978 |
19
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« Un
peu
de moins de perversion - hélas, ça rend heureux la
perversion - et peut-être un petit peu plus de paranoïa. Pas
de cadeau ! Pas de cadeau quand la bêtise se manifeste. Et donc défense
nécessaire, pour élever la formule, si vous voulez, défense nécessaire
de l'artiste au sens
nietzschéen du terme, c'est à dire comme
type. » |
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2
décembre 1978 |
20
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« Peut-être
que « vouloir-écrire », ça veut toujours dire vouloir écrire
quelque
chose, donc que vouloir-écrire a toujours un objet, fantasmatique, et
par conséquent, il y aurait à ce moment-là des fantasmes
d'écriture. » |
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9 décembre 1978 |
21
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« La
nécessité; ça n'est pas qu'une œuvre ait un sens, c'est à dire un
signifié ; ça, ça n'a aucun intérêt et souvent ça fait de
mauvaises
œuvres ; mais que : il y
ait du sens. » |
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9 décembre 1978 |
22
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« Mais
quand il (Proust) s'est mis à écrire, ce qu'il a produit, je dirais que
c'est une tierce forme, ni roman, ni essai ou les deux à la fois, à
savoir La Recherche, et
il n'a pu commencer à écrire son œuvre, précisément qu'en abandonnant
la rigidité du code fantasmatique. » |
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9 décembre 1978 |
23
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« Le
roman, à ce moment-là, fantasmé, fonctionnerait comme une sorte de
grand recours, personnel, articulé si vous voulez sur le sentiment
qu'on peut avoir au milieu du chemin de la vie, qu'on ne se sent bien
nulle part. » |
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9 décembre 1978 |
24
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« Peut-être
un poème, peut-être une pièce de théâtre, peut-être un roman, mais je
dis bien, n'est-ce pas, fantasme de poème, fantasme de roman. » |
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9 décembre 1978 |
25
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« Ou
bien le désir tombera - c'est ce qui arrive peut-être
de mieux au fantasme - ou bien le désir tombera, ou bien il
rencontrera
le réel d'écriture et ce qui s'écrira ne sera pas le roman fantasmé et,
probablement, ça ne sera même pas un roman. » |
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9 décembre 1978 |
26
|
« Ce
n'est qu'en luttant avec le réel, c'est à dire avec la pratique
d'écriture poético-romanesque, que le fantasme se perd comme fantasme
et
à ce moment-là, atteint le subtil et l'inouï. » |
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9 décembre 1978 |
27
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« Je
dirai qu'une société, sans doute, peut se définir par la
(régi)
rigidité de son code fantasmatique. » |
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9 décembre 1978 |
28
|
« Il
est me semble-t-il pour ainsi dire physiquement impossible de
concevoir, c'est à dire de désirer une œuvre médiocre. C'est à dire
une œuvre participant à une moyenne - médiocre, moyenne, c'est la
même étymologie » |
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9 décembre 1978 |
29
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« Il
(ne) faut jamais résumer l'histoire. L'histoire c'est seulement à
écrire, et pas à résumer. » |
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9 décembre 1978 |
30
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« Je
n'aime pas raconter ce qui ne reviendra plus, comme le rêve,
comme la drague, comme la vie passée, et donc comme le roman
anamnésique. » |
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16 décembre 1978 |
31
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« Mais
devant une œuvre qui sonne vraiment comme une œuvre, on ne se
dit plus : pourquoi cette histoire plutôt qu'une
autre ? » |
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9 décembre 1978 |

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février 2010
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1er
|
« Raconter
les événements, c'est faire connaître l'opéra par le livret
seulement, mais, si
j'écrivais un roman, je tâcherais de différencier
les musiques successives des jours. Je tâcherais de
différencier les
musiques successives des jours. »
(Roland Barthes cite ici un passage de Proust tiré des Chroniques
antérieures à la Recherche du temps
perdu. |
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16 décembre 1978 |
2
|
« Je
prends le
risque
d'annoncer le roman que je veux faire parce que je
considère, à tort ou à raison, mais je le considère sincèrement, que je
n'ai plus rien à perdre. » |
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16 décembre 1978 |
3
|
« Si
je
fantasme d'écrire un roman, le matériau, le seul matériau que je
puisse envisager de me donner, c'est mon présent. » |
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16 décembre 1978 |
4
|
« Et
mon
problème est que je ne crois pas avoir accès, ou je crois
n'avoir pas accès à ma vie passée. » |
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16 décembre 1978 |
5
|
« La
vie, c'est le fleuve de langage qui nous traverse, qui nous
entoure. C'est ça, la vie. » |
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16 décembre 1978 |
6
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« Ma
vie
passée est dans
la brume, c'est à dire dans la faiblesse d'intensité, sans laquelle il
n'y a pas d'écriture. » |
|
16 décembre 1978 |
7
|
« La
préparation du roman se réfère à la saisie de ce texte en quelque
sorte parallèle, qui est le texte de la vie contemporaine, de la vie
concomitante. » |
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16 décembre 1978 |
8
|
« Choisir
est tout compte fait plus facile qu'inventer. » |
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16 décembre 1978 |
9
|
« Écrire
a besoin de
clandestinité. » |
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9 décembre 1978 |
10
|
« Quand
j'écris par fragments, et quand je décide de soutenir une écriture par
fragments, je m'assume comme sujet fragmenté, et par conséquent, comme
on l'a dit, on l'a écrit, j'assume, disons, un certain rapport à la
castration. » |
|
16 décembre 1978 |
11
|
« Passer
du fragment au non-fragment, c'est ça le problème, c'est à dire, dans
mon cas, changer mon rapport à l'écriture, c'est à dire à
l'énonciation, c'est
à dire
encore changer le sujet que je suis. » |
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16 décembre 1978 |
12
|
« Le
travail qui
commence ne peut être qu'un travail tendu, c'est à dire
à la fois inquiet, inquiet, inquiété par l'échec, et, actif. » |
|
16 décembre 1978 |
13
|
« En
effet, dire à
l'avance, c'est bien connu dans toutes les magies du
monde, dire à l'avance, c'est détruire. Nommer trop tôt, c'est attirer
le mauvais sort. » |
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16 décembre 1978 |
14
|
« La
quête du fantasme,
fantasme de roman, est déjà un récit. » |
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16 décembre 1978 |
15
|
« Il
y a
des risques de
déception, d'inintérêt, pour certains
d'entre-vous. » |
|
16 décembre 1978 |
16
|
« C'est
le combat de la
forme brève et de la forme longue. » |
|
16 décembre 1978 |
17
|
« Eh
bien je dirais que le « technique », ce que j'appelle le
« technique » en écriture, c'est au fond, l'expérience morale
et humble de l'écriture. » |
|
16 décembre 1978 |
18
|
« Dans
la poésie, la
forme, et la forme seule, fait toucher la vérité. Il y a
un pouvoir tactile de la forme. On touche le mot, on touche le vers, on
touche le tercet, et c'est comme si on touchait la vérité. »
(à propos
du haïku) |
|
6 janvier 1979 |
19
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« Les
gens se croient
obligés de s'en tenir à ce qu'on appelle une
conversation générale. C'est toujours un champ intense de
censure. » |
|
16 décembre 1978 |
20
|
« Voilà
déjà ce que le
haïku m'apprend : la forme brève est un inducteur
de vérité. » |
|
6 janvier 1979 |
21
|
« Je
vais faire
comme si j'allais faire un roman. » |
|
16 décembre 1978 |
22
|
(...)
|
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23
|
« Pour
moi le fait de dire je est un
acte méthodique. » |
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6 janvier 1979 |
24
|
« De
passer d'une forme
brève et fragmentée à une forme longue et
continue, et celle ordinairement du roman. » |
|
6 janvier 1979 |
25
|
« Il
y a une preuve par
la forme distincte de la preuve par le
raisonnement. » |
|
6 janvier 1979 |
26
|
« Poésie et vérité nous apparaît, à
travers le haïku, comme un syntagme
juste. Et peut-être que la seule justification de la poésie, très
paradoxalement, c'est la vérité. » |
|
6 janvier 1979 |
27
|
« C'est
un acte
minimal d'énonciation, c'est une forme ultra brève, une
sorte d'atome de phrase, qui note, c'est à dire qui marque, qui
cerne... » |
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6 janvier 1979 |
28
|
« Un
peu d'écriture
sépare du monde, mais beaucoup y ramène. » |
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13 janvier 1979 |
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mars 2010
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1er
|
« C'est
dans l'intérieur,
là d'où il est repoussé, que l'été est le plus
fort. » |
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13 janvier 1979 |
2
|
« Puisque
la perversité,
en un sens, c'est ce qui peut freiner la
névrose et ce qui peut freiner l'obsessionnalité. » |
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13 janvier 1979 |
3
|
« De
même, les nuages
renforcent l'été parce qu'ils sont allégués sous la
forme légère de ce qui passe » |
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13 janvier 1979 |
4
|
« Rien,
structuralement, n'est-ce pas, ne nous oblige à finir une
phrase... et ce linguiste avait dit que, finalement, chacun de nous, ne
disait jamais dans sa vie qu'une seule phrase, que seule la mort venait
interrompre. » |
|
13 janvier 1979 |
5
|
« L'anonyme
nous trouble toujours, même lorsqu'il est bienveillant et
que je l'appelle l'inconnu. » |
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13 janvier 1979 |
6
|
« le
désir des fragments,
la hantise d'écrire par fragments, ce qui veut dire que je ne veux pas
classer ce que j'écris. »
|
|
13 janvier 1979 |
7
|
« Il
n'y a pas en France
actuellement de forme poétique, pour en rester
à la poésie, suffisamment populaire pour accueillir le désir de
production. » (contrairement au Japon qui a le haïku) |
|
13 janvier 1979 |
8
|
« La
sensation poétique
n'est jamais séparée d'une référence à ce que nous appellerons :
le temps qu'il fait. » |
|
20 janvier 1979 |
| 9 |
« Baudelaire
écrit par exemple : ceux qui savent s'observer eux-mêmes ont eu
parfois à noter dans l'observatoire de leur pensée de belles
saisons, d'heureuses journées, de délicieuses minutes. » |
|
20 janvier 1979 |
10
|
« Et
c'est précisément - je le dis une fois de plus - parce qu'il
n'y a
pas de mots pour dire cela, que le discours, c'est à dire le poème, est
justifié et qu'il est nécessaire. » |
|
20 janvier 1979 |
11
|
« Il
faudrait donc, je
dirais brutalement, qu'un Poète avec un grand "P" nous retrace un vers
nouveau... » |
|
13 janvier 1979 |
12
|
« Je
n'arrive pas à
produire un discours dans lequel les autres
entendent la pluralité des voix parce que le pluriel, c'est toujours la
chose la plus fatigante du monde. » |
|
20 janvier 1979 |
13
|
« Il
peut s'agir de sujets qui s'aiment tellement qu'ils se le disent par la
délicatesse même de l'insignifiance. » |
|
20 janvier 1979 |
14
|
« Même
quand nous
observons un temps-qu'il-fait présent, notre langage en fait déjà un
souvenir. » |
|
20 janvier 1979 |
15
|
« Il
semble que l'on
ait affaire à une culture de pur produit, où le
désir de production est éteint, est forclos, et laissé à de purs
professionnels. » |
|
13 janvier 1979 |
16
|
« Voir
la première neige
dans l'année, et ne pas pouvoir lui dire : voilà la première
neige ; simplement. » |
|
20 janvier 1979 |
17
|
« Car
il y a des cas où
seule l'insignifiance est délicate. » |
|
20 janvier 1979 |
18
|
« Au
fond ce qu'il y a de très difficile, aujourd'hui, c'est de tenir un
discours vrai, c'est à dire un discours qui reproduise clairement les
différentes voix dont est fait un sujet, dont est fait le sujet qui
parle. » |
|
20 janvier 1979 |
19
|
« Demain,
le souvenir. » |
|
27 janvier 1979 |
20
|
Citation
d'une lettre de
Proust à Halévy : « C'est à
la cime du
particulier, qu'éclot le général ; la cime du
particulier... Eh bien
cela aussi, ce pourrait être l'emblème du haïku. » |
|
20 janvier 1979 |
21
|
« Tout
artiste est lié à
une erreur avec laquelle il a un rapport
particulier d'intimité. » (Blanchot) |
|
27 janvier 1979 |
22
|
« Je
dirais, selon ma sensibilité en tout cas, que la civilisation des
médias, des mass-media, se
définit à mes yeux par le rejet agressif
de la nuance. » |
|
27 janvier 1979 |
23
|
« L'inspiration
est d'abord ce point par où elle manque. » (Blanchot) |
|
27 janvier 1979 |
24
|
« Tout
art tire son origine
d'un défaut exceptionnel, toute œuvre est
la mise en œuvre de ce défaut d'origine d'où nous viennent l'approche
menacée de la plénitude et une lumière nouvelle » (Blanchot) |
|
27 janvier 1979 |
25
|
« Le
sujet humain se
présente alors comme une sorte de moire, de tapisserie extrêmement
nuancée de moment individués. » |
|
27 janvier 1979 |
26
|
« La
poésie, en
particulier, serait, disons, la pratique de la subtilité
dans un monde barbare. » |
|
27 janvier 1979 |
27
|
Barthes
cite
Paul
Valéry : « les poètes de l'Extrême-Orient semblent
passés maîtres dans l'art de réduire à son essence le plaisir infini
d'être ému. » |
|
3 février 1979 |
28
|
« C'est
en cela que
consiste l'écriture, en une sorte de combat, souvent
extrêmement rusé avec les connotations culturelles des mots qui nous
sont imposés. » |
|
3 février 1979 |
29
|
« La
poésie, je dirais,
devrait faire partie des droits de l'homme. » |
|
27 janvier 1979 |
30
|
« et
yani
ce
pourrait être peut-être au fond la meilleure
définition de la beauté : une scintillation entre deux
morts. » |
|
3 février 1979 |
31
|
« L'émotion,
en
Occident, est impolie, elle est considérée comme
impolie. » |
|
3 février 1979 |
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|
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avril 2010
|
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|
1er
|
« L'image,
elle est
toujours muette mais elle est muette avec force. Ça ne
sert à rien de dire qu'elle est muette, il faut dire qu'elle l'est avec
force... enfin quand elle est réussie. » |
|
3 février 1979 |
2
|
« Et
il se peut
très bien que
dans l'avancée des arts, il y ait des
erreurs, qu'il y ait des impasses ou des erreurs, de fausses
directions. Le progrès peut se tromper et l'avant-garde aussi peut se
tromper. » |
|
3 février 1979 |
3
|
« Le
haïku donne
l'impression que ce qu'il énonce a eu lieu absolument. » |
|
17 février 1979 |
4
|
« Je
dirai que c'est ça
l'écriture, une force finalement, une force
très douce, mais une force finalement terrible et courageuse de déception. » |
|
10 février 1979 |
5
|
« Je
pense que
l'écrivain c'est quelqu'un qui travaille sans cesse, sur, disons, la
corde
raide de la déception. » |
|
10 février 1979 |
6
|
« Donc
dans le haïku, ni
érotisme ni appel à l'autre. » |
|
10 février 1979 |
7
|
« Est-ce
que ça existe dans les
langues une absence de temps ? Oui :
l'infinitif.» |
|
17 février 1979 |
8
|
« Une
photographie, d'une certaine mesure, est obligée de tout dire. »
|
|
17 février 1979 |
9
|
« Ce
qui
fait souffrir dans le langage, c'est finalement, probablement,
profondément, l'idéologie. » |
|
10 février 1979 |
10
|
« Cage
dit : j'ai
découvert que ceux qui n'insistent (que) très peu de
temps sur leurs émotions savent bien mieux que les autres ce qu'est une
émotion. » |
|
24 février 1979 |
11
|
« Le
bon
haïku ou (celui) le haïku que j'estime bon, déclenche en moi
comme seul commentaire possible : c'est ça. Oui c'est ça, c'est
bien
ça. » |
|
24 février 1979 |
12
|
« Le
haïku c'est quelque
chose qui se retient de basculer ou qui est en
train de basculer dans le rien du dire. » |
|
24 février 1979 |
13
|
« Comme
il est admirable
celui qui ne pense pas "la vie est éphémère" en voyant un éclair. »
|
|
24 février 1979 |
14
|
« De
la
photo, peut-être qu'une
théorie est possible. Du cinéma, peut-être seulement une culture. »
|
|
17 février 1979 |
15
|
« Il
faut d'abord
traverser l'interprétation pour revenir à la lettre. » |
|
24 février 1979 |
16
|
« Il
y a
un haïku qui dit
: rien d'autre aujourd'hui que d'aller dans le
printemps, rien de plus ; rien d'autre
aujourd'hui
que d'aller dans
le printemps, rien de plus » |
|
24 février 1979 |
17
|
« Tout
d'un
coup dans un
certain haïku, il y a une apparition brusque du
référent, de l'objet évoqué, du référent, dans la promenade de la vie,
et dans la promenade du mot dans la phrase. » |
|
24 février 1979 |
18
|
« Et
qu'est-ce que ma vie, rien de plus que le roseau futile croissant au
chaume d'une hutte. » (Haïku n°54 du recueil distribué par Barthes
pour le cours.) |
|
24 février 1979 |
19
|
« Comme
toujours, ce qui
est absolument spontané, c'est la culture, ce qui vient d'abord, c'est
la culture. » |
|
24 février 1979 |
20
|
« Le
haïku c'est ce qui
fait tilt, c'est ce qui fait tilt, dans mon
mental, dans mon esprit. » |
|
24 février 1979 |
21
|
« Le
ce n'est que ça est très
proche du c'est ça. » |
|
24 février 1979 |
22
|
« C'est
le soir, l'automne, je pense seulement à mes parents. C'est le soir,
l'automne, je pense seulement à mes parents. » |
|
24 février 1979 |
23
|
« La
poésie ce serait en somme le langage du réel, en ce qu'il ne peut
plus se diviser ou ne s'intéresse pas à se diviser davantage. » |
|
17 février 1979 |
24
|
« Plus
une forme est reçue comme forme, c'est le cas de la forme brève,
plus nous sommes sollicités, à tort bien sûr, de lui trouver un
autre... un signifié. » |
|
24 février 1979 |
25
|
« Il
y a
des liens énigmatiques entre l'écriture et la copie, et la
copie, je le répète, l'acte de copier, est une donation de
valeur. » |
|
3 mars 1979 |
26
|
« C'est
une sensation assez vertigineuse de penser qu'une idée au fond n'aurait
pas plus d'importance et de nécessité que le temps très bref de son
souvenir. » |
|
3 mars 1979 |
27
|
« Beaucoup
beaucoup noter, tout le temps noter, en divisant beaucoup,
finalement, téléologiquement, c'est le roman qui est au bout. »
|
|
3 mars 1979 |
28
|
« Je
ne me
laisserai pas détourner pour faire ceci, ceci, cela de ce que
je veux vraiment faire qui est de me promener dans la vie en
notant. » |
|
3 mars 1979 |
29
|
« Et,
en un sens,
l'expérience du ténu est une expérience du grand, une
majoration non une futilisation. » |
|
3 mars 1979 |
30
|
« Pour
avoir des "idées", entre
guillemets, c'est à dire des choses à noter, il faut être
disponible. » |
|
3 mars 1979 |
 |
|
|
|
mai 2010
|
|
|
|
1er
|
« Eh
bien , je dirais que mes notations, pour moi, ce seraient les très
petites nouvelles, bien sûr, les très petites nouvelles, qui me sont à
moi sensationnelles, et que je veux rappeler à même la vie. » |
|
3 mars 1979 |
2
|
« Il
y a pour nous nécessité
de capturer une sorte de copeau du présent, tel qu'il me saute à
l'observation et à la conscience. » |
|
3 mars 1979 |
3
|
« La
forme brève est sa propre nécessité, est sa propre suffisance et (qu')
en réalité elle ne se prête pas, elle se garde. »
|
|
3 mars 1979 |
4
|
« La
notation et tout ce qu'elle entraîne ensuite, c'est à dire en fait
l'œuvre, en mettant les choses au mieux, est toujours une sorte de
luxe, que c'est une activité luxueuse. » |
|
3 mars 1979 |
5
|
« Je
ne
puis parler ici que de ma pratique personnelle. J'ai une
pratique déjà ancienne du petit carnet. » |
|
3 mars 1979 |
6
|
« Et
Valéry a dit : Proust divise et
nous donne la sensation de pouvoir diviser indéfiniment ce que les
autres écrivains ont accoutumé de franchir. » |
|
3 mars 1979 |
7
|
« Et
sans doute que l'écriture, comme acte complexe et complet, naît au
moment de la copie, la Nota. » |
|
3 mars 1979 |
8
|
« Pour
traduire, donc : je ne me
laisserai pas détourner de ce que j'ai décidé de faire, ça
serait la formule, je vous la donne en latin : nihil nisi propositum. »
|
|
3 mars 1979 |
9
|
« Ce
qui
peut être écrit de la mort, c'est le mourir, c'est le mourir, et le
mourir peut être long. » |
|
10 mars 1979 |
10
|
« Privé
de tout commentaire, la futilité de l'incident rapporté se
découvre à nu, et assumer la futilité, c'est toujours courageux. » |
|
10 mars 1979 |
11
|
« Peut-être
que pour faire un moment de vérité, il faut de la mort et de
l'amour. » |
|
10 mars 1979 |
12
|
« Le
rôle de l'artiste est de se
trouver là, se trouver là parmi les hommes à certains moments. » |
|
10 mars 1979 |
13
|
« Non
l'épiphanie joycienne, ce n'est pas l'apparition d'un Dieu, c'est,
je cite, la soudaine révélation de la quiddité d'une chose. Quiddité
- Q.U.I.2D.I.T.É ; en anglais whatness. » |
|
10 mars 1979 |
14
|
« (pour
Joyce ou chez Joyce) Il s'agit d'agencer ces spasmes isolés de
psychologues en une chaîne organisée de moments. » |
|
10 mars 1979 |
15
|
« La
quiddité, je cite ici le Larousse illustré, c'est l'ensemble des
conditions qui déterminent un être en particulier, l'ensemble des
conditions qui déterminent
un être en particulier. » |
|
10 mars 1979 |
16
|
« Nous
interprétons. Nous ne supportons pas des formes de langage courtes, au
sens de l'expression : tourner court. » |
|
10 mars 1979 |
17
|
« Il
(Ellmann, biographe de Joyce) dit que les épiphanies renvoyaient à
une technique arrogante et humble tout à la fois car elle prétend à
l'importance tout en ne prétendant à rien. » |
|
10 mars 1979 |
18
|
« La
meilleure transformation sémantique d'incident, ça serait le mot pli. C'est un pli, un incident. » |
|
10 mars 1979 |
19
|
« Dans
le moment de
vérité, le sujet lisant touche à nu ce que
j'appellerai le scandale humain : que la mort et l'amour existent
en
même temps. » |
|
10 mars 1979 |
20
|
« Premièrement,
la découverte par Proust d'une manière juste de dire « je »,
c'est à dire la découverte d'un ton, finalement. » |
|
10 mars 1979 |
21
|
« Deuxièmement,
probablement, c'est mon hypothèse mais il paraît qu'elle
(n')est pas très solide, encore qu'elle donne des éléments qui ont une
solidité, c'est que il a mis en place définitivement, c'est à
dire d'une façon définitivement satisfaisante, un système de noms
propres. » (à propos de la genèse de À la
Recherche du temps perdu). |
|
10 mars 1979 |
22
|
« Troisième
détermination que je suppose : la décision de changer la
taille de l'œuvre projetée. C'est à dire de passer à une œuvre longue
et une œuvre très longue. » |
|
10 mars 1979 |
23
|
« Quatrièmement,
la découverte structurale, induite d'un procédé
balzacien qu'on trouve dans le Contre Sainte-Beuve, qui est le
retour
des personnages. » |
|
10 mars 1979 |
24
|
« Et
il
y a une extrême difficulté, ou peut-être un extrême courage - je
(ne) sais pas encore bien - à ne pas donner le sens ou un sens à ce
qu'on rapporte, à ce
qu'on note. » |
|
10 mars 1979 |
25
|
« Une
épiphanie, un incident ou un haïku, c'est là où il n'y a pas de
commentaire. C'est là où le commentaire est forclos. » |
|
10 mars 1979 |
26
|
« En
sachant donner le concret absolu et radical, l'écrivain désigne ce
qui va mourir. Plus c'est concret, plus c'est vivant, et plus c'est
vivant, plus cela va mourir. » |
|
10 mars 1979 |
27
|
« De
même que le personnage principal d'Ulysse de Joyce, c'est en fait
le langage - et même le Petit Larousse en Couleurs le dit,
ça - de même
l'histoire racontée par Proust est celle de l'écrire. » |
|
10 mars 1979 |
28
|
« Les
choses importantes ne peuvent se dire que par des mots démodés,
finalement... » |
|
10 mars 1979 |
29
|
« Le
moment de vérité,
c'est quand la chose même est atteinte par
l'affect. » |
|
10 mars 1979 |
30
|
« Quand
je produis des
notations, elles sont toutes vraies. Je n'invente
jamais. Je ne mens jamais. » |
|
10 mars 1979 |
31
|
« Parvenir
à faire un
roman, c'est au fond peut-être accepter de mentir. » |
|
10 mars 1979 |
|
|
|
|
juin 2010
|
|
|
|
1er
|
« Pourquoi
est-ce que
j'écris ? Pour quoi est-ce que j'écris ? Ce pourrait être,
entre autre, par
devoir. » |
|
1er décembre 1979
|
2
|
« L'œuvre
du vouloir écrire au pouvoir écrire, du désir
d'écrire au fait : écrire. » |
|
1er décembre 1979
|
3
|
« Et,
vous le savez, c'est le pire trouble social qu'on puisse imaginer, pour
le temps intellectuel, que de ne pouvoir classer. » |
|
1er décembre 1979
|
4
|
« Cette
année, je veux
suivre l'œuvre de son projet à son
accomplissement. » |
|
1er décembre 1979
|
5
|
« C'est
à dire que, de,
écrire telle
chose, on est passé, historiquement, à un certain moment, à écrire tout
court. »
|
|
1er décembre 1979
|
6
|
« Ma vie est d'une
certaine façon dévolue à l'écrire, à l'acte - à
l'activité d'écrire. » |
|
1er décembre 1979
|
7
|
« Être
amoureux, c'est
choisir un être parmi mille autres possibles, mais précisément
celui-là. » |
|
1er décembre 1979
|
8
|
« Je
dirais (que) c'est
un texte qui me caresse et cette caresse produit son effet chaque fois
que je le relis. » |
|
1er décembre 1979
|
9
|
« Il
y aura plutôt une
sorte de suspension, un suspense final, dont je ne connais pas moi même
la résolution. » |
|
1er décembre 1979
|
10
|
« Donc
écrire, je dirai,
c'est vouloir réécrire. Je veux m'ajouter activement à ce qui est beau
et cependant me manque. » |
|
1er décembre 1979
|
11
|
« Il n'y
a pas de texte
sans filiation, il n'y a pas de texte sans
filiation. J'écris parce
que j'ai lu. Il n'y a rien à faire. » |
|
1er décembre 1979
|
12
|
« L'espoir est une
mémoire qui désire. » |
|
1er décembre 1979
|
13
|
« Pour
que l'œuvre de
l'autre passe en moi, il faut que je la définisse
en moi comme écrite pour moi et qu'en même temps je la déforme, que je
la fasse autre à force d'amour. » |
|
1er décembre 1979
|
14
|
« L'inspiration
telle que
je l'entends donc, d'abord elle est une déformation narcissique. » |
|
1er décembre 1979
|
15
|
« Et
cette joie de lire
produit des lecteurs, sans doute, c'est
nécessaire, mais elle produit des lecteurs qui restent des
lecteurs. » |
|
1er décembre 1979
|
16
|
« Le
rapport est là.
L'auteur qui compte, pour moi qui veux écrire, ça
va devenir comme un signe de moi-même. Je vais m'en servir comme d'un
signe de moi-même. » |
|
1er décembre 1979
|
17
|
« J'écris
parce que j'ai
lu. J'écris parce que j'ai lu. » |
|
1er décembre 1979
|
18
|
« J'imagine... bien et à
juste titre qu'il vous indiffère, narrativement parlant, que l'œuvre
soit faite ou non. » |
|
1er décembre 1979
|
19
|
« Il
est très difficile de communiquer avec le désir d'autrui et de
s'intéresser au désir d'autrui. » |
|
1er décembre 1979
|
20
|
« Il y a
dans le désir d'écrire un aspect maniaque. C'est une manie. » |
|
1er décembre 1979
|
21
|
« Autrement
dit, l'étranger adoré que je lis me pousse et me conduit à
affirmer activement l'étranger qui est en moi, l'étranger que je suis
pour moi. » |
|
1er décembre 1979
|
22
|
« Et
Flaubert parlait de "l'indomptable
fantaisie que j'ai d'écrire" (ce)la en 1847, c'est à dire
(qu)'il a 26 ans. » |
|
1er décembre 1979
|
23
|
« Et
s'il y a une donnée originelle de mon désir, que je ne connais pas, de
toute manière, elle suppose, je
dirais, une vue de l'homme, c'est à dire une métaphysique. » |
|
1er décembre 1979
|
24
|
« Si on
se met à écrire en voulant être original on n'y arrivera pas. » |
|
1er décembre 1979
|
25
|
« Autrement
dit il y a dissémination du désir et c'est dans cette mesure qu'il y a
appel, échange, une procréation d'autres mots. » |
|
1er décembre 1979
|
26
|
« Eh
bien, euh, je préfère tout de même, si vous me le permettez,
m'arrêter ici... » |
|
1er décembre 1979
|
27
|
« L'effort
qui consiste à saisir ce qui en moi est différent de moi. » |
|
1er décembre 1979
|
28
|
« Le désir d'écrire
comme seul désir. » |
|
1er décembre 1979
|
29
|
« Tout manuscrit est ennuyeux, parce que c'est un bloc de pur désir. » |
|
1er décembre 1979
|
30
|
« Entre
lire et écrire,
il faut que je conçoive l'œuvre... ou la
littérature. » |
|
1er décembre 1979
|
 |
|
|
|
juillet 2010
|
|
|
|
1er
|
« Donc,
j'écris, je finis
l'œuvre et je meurs, mais ce faisant, quelque
chose continue. » |
|
1er décembre 1979
|
2
|
« Je désire écrire et
je me sens coupable si je n'y arrive pas. » |
|
1er décembre 1979
|
3
|
« Je sais
que, en ce qui me concerne, j'écris pour contenter un désir, au sens
fort du terme : le désir
d'écrire. » |
|
1er décembre 1979
|
4
|
« S'ils
n'écrivent pas, s'ils n'ont pas mis l'écrire dans leur vie, vers quel
temps est-ce qu'ils peuvent se tourner ? » |
|
1er décembre 1979
|
5
|
« Donc
je reprends et j'explore un peu cette, comment dirais-je, ce
concept ou cette notion d'inspiration
que j'ai voulu employer à la
place du mot "imitation". » |
|
1er décembre 1979
|
6
|
« Je
dirai, oui, bien sûr, il y a toujours une bibliographie, et dans ce
cas, la bibliographie, ce serait simplement toute la littérature. » |
|
1er décembre 1979
|
7
|
« Et
c'est pourquoi la menace de dépérissement, d'extinction, qui peut
peser sur la littérature, telle que je la sens maintenant, cette
menace, sonne pour moi en tout cas, comme une extermination de
l'espèce,
une sorte de génocide spirituel. » |
|
1er décembre 1979
|
8
|
« Le ridicule peut
avoir quelque chose de grand, et c'est pour ça que parfois, il faut
avoir le courage de l'assumer. » |
|
1er décembre 1979
|
9
|
« Il n'y
a pas de génération spontanée dans le texte. Le texte vient
d'un autre texte, d'autres textes. » |
|
1er décembre 1979
|
10
|
« C'est
un texte qui produit en moi un éblouissement de langage. » |
|
1er décembre 1979
|
11
|
« Le
plaisir de la lecture en tant qu'il est déjà tourmenté par le désir
d'en faire autant, c'est à dire par un manque... car, je n'en ai pas
encore
fait autant... et ça c'est le désir d'écrire. » |
|
1er décembre 1979
|
12
|
« Toute
filiation d'écriture est irrepérable... toute filiation d'écriture est
irrepérable. » |
|
1er décembre 1979
|
13
|
« Quiconque
écrit doit viser à être publié, et il faut aller jusqu'au bout de cette
aventure. » |
|
1er décembre 1979
|
14
|
« Le
désir poignant de la
chose absente (pothos), n'est-ce pas, le désir
pénétré de manque. » |
|
1er décembre 1979
|
15
|
« Si
j'ai surmonté le ridicule d'être écrivain, je ne me soucie nullement de
sortir mon carnet tout d'un coup, pendant que les autres
parlent, pour écrire une phrase. » |
|
1er décembre 1979
|
16
|
« Le
désir d'écrire. » |
|
1er décembre 1979
|
17
|
« Le
plaisir comblé de la lecture, en tant qu'il n'est pas travaillé par le
tourment d'en faire autant. Ça, c'est "voluptia". » |
|
1er décembre 1979
|
18
|
« Vous vous rappelez
que nous sommes dans une sorte de prologue qui
consiste à nous interroger ou à m'interroger devant vous sur le désir
d'écrire. » |
|
8 décembre 1979
|
19
|
« Et ce qu'il reste au
fond, dans l'écrire comme tendance, c'est un
champ de forces. Ça n'est pas un tableau d'objets, c'est un champ
de
forces. » |
|
8 décembre 1979
|
20
|
« Et on
est passé du désir d'objet au désir comme simple tendance, sans tenir
compte de l'objet. » |
|
8 décembre 1979
|
21
|
« Le mot
« texte » veut dire simplement que le genre est irrepérable
et
que nous sommes dans l'écrire comme tendance et non plus dans l'écrire
pourvu d'un objet. » |
|
8 décembre 1979
|
22
|
« Écrire
comme tendance
veut dire que des objets d'écriture paraissent, brillent, mais
disparaissent. » |
|
8 décembre 1979
|
23
|
« Lorsque
l'objet de l'écrire s'efface ou s'estompe au profit de la tendance, il
y a évidemment une
indifférence croissante à distinguer les objets de l'écrit, c'est à
dire une indifférence croissante à distinguer les genres de la
littérature. » |
|
8 décembre 1979
|
24
|
« Au
fond ce sont les éditeurs et les libraires qui ont besoin de
catégories, ne serait-ce que pour classer les livres dans une
librairie. » |
|
8 décembre 1979
|
25
|
« Prose
proprement romantique : au plus haut point changeante
- changeante - merveilleuses tournures étranges, sauts
brusques tout à
fait dramatiques même pour de brefs exposés. » (Barthes cite la
définition que donne Novalis de la prose romantique, du roman.) |
|
8 décembre 1979
|
26
|
« Le
romanesque croît en
fascination au fur et à mesure que le roman comme canon perd de
l'intérêt. » |
|
8 décembre 1979
|
27
|
« Donc
c'est la même question, la question des genres, ici sexuelle et là
rhétorique. » |
|
8 décembre 1979
|
28
|
« Zola
n'a - c'était juste un très grand écrivain, c'est je crois
l'écrivain le plus lu dans les bibliothèques du monde entier -
mais on
peut le (sic) dire que son rôle ait eu la moindre importance du point
de vue d'une histoire du texte, ou d'une théorie de la littérature, ou
d'une théorie de la modernité. » |
|
8 décembre 1979
|
29
|
« ... rendu à un état
d'immobilité, de non lutte, de non agir, de non
vouloir saisir, de non vouloir écrire - absolu - et cependant une
extrême sensibilité aux moindres variations barométriques... » |
|
8 décembre 1979
|
30
|
« Proust,
à la fin de son œuvre, voulant donner la théorie, la théorie
de la littérature, explique que l'œuvre doit être faite, l'œuvre
littéraire doit être faite, comme par une couturière (n'est-ce-pas).
C'est la métaphore de la couturière. » |
|
8 décembre 1979
|
31
|
« Nous
sommes plutôt semble-t-il, en tout cas de plus en plus, dans
l'ère générale du ressentiment, c'est à dire l'ère pour reprendre la
typologie Nietzschéenne, l'ère des prêtres, « hapt », et même
des
ayatollahs, qui sont donc les types mêmes du ressentiment. » |
|
8 décembre 1979
|
 |
|
|
8 décembre 1979
|
août 2010
|
|
|
8 décembre 1979
|
1er
|
« Qu'est-ce
que
vous faites ? J'écris. (n'est-ce pas) Écrire au
sens
absolu. » |
|
8 décembre 1979
|
2
|
« Le
désir de ne plus parler, d'annuler toute ambition, toute libido sociale
et d'éteindre toute écriture. » |
|
8 décembre 1979
|
3
|
« Montaigne dit que les hommes vont béants aux choses futures. » (cité par Chateaubriand) |
|
8 décembre 1979
|
4
|
« Toujours
à propos des manuscrits que je reçois, c'est le cas d'un... de
quelqu'un, d'un garçon... qui se prénomme Jean.... » |
|
8 décembre 1979
|
5
|
« Et
bien on peut
imaginer que s'il n'était pas mort (Proust) alors, en réalité il
n'aurait rien(t) écrit de nouveau. » |
|
8 décembre 1979
|
6
|
« Si
nous revenons si souvent au sujet, c'est peut-être parce que cela
est inscrit dans le fond de la langue et dans le fond de notre
langue » |
|
8 décembre 1979
|
7
|
« Fantasmer
une sorte de moment où l'on n'écrirait plus, où enfin on se
reposerait, moins d'écrire que de la perpétuelle remise en mouvement du
désir. » |
|
8 décembre 1979
|
8
|
« L'excellence
de
l'amateur, c'est à dire du producteur, par rapport à
la maîtrise du professionnel, c'est à dire celui qui nous donne des
produits. » |
|
8 décembre 1979
|
9
|
« Comment
peut-on cesser d'écrire ? » |
|
8 décembre 1979
|
10
|
« Évoquer la
possibilité
d'un contre écrire et d'un non écrire. » |
|
8 décembre 1979
|
11
|
« Bricoler,
c'est travailler sans contraintes, entre autres choses... » |
|
8 décembre 1979
|
12
|
« Est-ce que vous imaginez (de) dédier votre vie à
l'élaboration d'une
œuvre, d'une série d'œuvres ? Et il m'a répondu : non. Non je ne
l'imagine pas. Non ça ne m'intéresse pas. » |
|
8 décembre 1979
|
13
|
« Il
m'arrive de
sentir passer sur moi l'aile du non-écrire, (l'aile qui
est) à la fois l'aile noire du malheur et en même temps l'aile douce de
la sagesse. » |
|
8 décembre 1979
|
14
|
« vous
savez qu'il (Rimbaud) a fixé la grande voie de pénétration en
Abyssinie, qui sera le tracé du premier chemin de fer éthiopien. » |
|
8 décembre 1979
|
15
|
« Je me
suis senti évidemment très démodé, dans la mesure où j'ai de
l'écrire un sentiment absolu, qui ne se termine pas avec l'œuvre mais
qui la recommence, ou disons un sentiment viager, à la mesure de ma
vie. » |
|
8 décembre 1979
|
16
|
« Des
paperolles, n'est-ce pas, encore des paperolles, encore des paperolles,
voilà ce qu'il pouvait faire avec l'œuvre. »
|
|
8 décembre 1979
|
17
|
« Ce
n'est pas une
subjectivité de caractère, c'est une subjectivité
d'écrivant. » |
|
8 décembre 1979
|
18
|
« Écrire
n'est pas
sage. » |
|
8 décembre 1979
|
19
|
« Car c'est la mort qui
donne la clé du destin d'une vie... c'est comme
cela que nous pensons. Mais ce n'est pas cela peut-être que nous sommes
obligés de penser, souvent pour avoir une autre vue du destin et ne
pas
privilégier forcément la fin d'une vie. » |
|
8 décembre 1979
|
20
|
« (à
propos de Rimbaud)
Voilà donc la première possibilité, pour ne pas écrire, c'est de
saborder : le sabordage. » |
|
8 décembre 1979
|
21
|
« Et
c'est une très
curieuse grammaire, parce que le complément reste
suspendu, soit dans le futur, soit dans l'indistinction, soit dans
l'impossibilité de distinguer, de nommer ce qu'on écrit. » |
|
8 décembre 1979
|
22
|
« Autrement
dit, il y a dans l'écrire absolu, je crois, un fantasme, qui est le
fantasme de : avoir fini. Avoir fini l'œuvre. » |
|
8 décembre 1979
|
23
|
« Une
force qui cherche voluptueusement et dramatiquement son point
d'application. » |
|
8 décembre 1979
|
24
|
« J'écris
en m'affectant
dans le procès même d'écrire. » |
|
8 décembre 1979
|
25
|
« Le
sursis, c'est
toujours un temps en trop et c'est donc un temps de
l'ennui... » |
|
8 décembre 1979
|
26
|
« C'est
au niveau des manuscrits que la littérature est
intéressante... qu'elle est à la fois ennuyeuse, comme je l'ai dit l'autre
jour, et qu'elle
est intéressante. » |
|
8 décembre 1979
|
27
|
« Écrire
au sens absolu, ça veut dire écrire jusqu'à la mort. » |
|
8 décembre 1979
|
28
|
« C'est
à dire il n'ose pas dire qu'il écrit sans objet. » (à propos de
Paludes de Gide) |
|
8 décembre 1979
|
29
|
« Donc
on ne s'arrête
plus au livre, à l'œuvre comme rejeton, substitut
de la lignée, on
socialise à outrance l'écrire. » |
|
8 décembre 1979
|
30
|
« Et
l'écrire, du moins, le
mien, a quelque chose de protensif. Pro-tensif :
p.r.o.t.e.n.s.i.f. » |
|
8 décembre 1979
|
31
|
« La
seule joie que me donne un livre, c'est de l'avoir
fini. » |
|
8 décembre 1979
|
 |
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septembre 2010
|
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|
1er
|
« Actif
le sujet effectue
un point c'est tout. Moyen, il effectue
mais
en s'affectant lui-même. »
|
|
8 décembre 1979
|
2
|
« Le
verbe indo européen
a pour caractéristique de porter référence au sujet et non à
l'objet. »
|
|
8 décembre 1979
|
3
|
« Donc
être un tas. Voilà ce que je peux souhaiter, parfois. » |
|
8 décembre 1979
|
4
|
« C'est
à dire qu'il n'est ni narratif, ni argumentatif, ni même
« poétique » entre guillemets. C'est une sorte de n'importe
quoi, aux yeux du lecteur et d'où la tension au niveau de la
publiabilité et le fait que la plupart de ces textes ne trouvent pas
d'éditeur. » |
|
8 décembre 1979
|
5
|
« C'est
à dire que l'objet écrit devient alors absolument inclassable,
irrepérable et
pour ainsi dire innommable, pour le meilleur et pour le pire. C'est un
texte. »
|
|
8 décembre 1979
|
6
|
« Et on
voit comment déjà
ici, l'objet, l'objet de l'écrire, est fractionné au profit, disons,
d'une
moire d'énergie d'écriture. » |
|
8 décembre 1979
|
7
|
« Assis paisiblement sans
rien faire le printemps vient et l'herbe croît
d'elle-même. » |
|
8 décembre 1979
|
8
|
« Parce
que
« roman » dans mon esprit, doit peu à peu s'entendre comme
roman absolu, c'est à dire au sens allemand, roman romantique, roman
« poetilos »,
roman de l'écrire tendance. Autrement dit toute œuvre... tout texte...
Voilà. » |
|
8 décembre 1979
|
9
|
« Vous
savez que
« rhapsodique » en grec, ράβω,
veut dire « coudre », c'est donc ce qui est cousu, ce sont
des pièces qui
sont cousues ensemble » |
|
8 décembre 1979
|
10
|
« Alors
évidemment le rhapsodique éloigne l'objet, magnifie la tendance et
magnifie l'écrire. » |
|
8 décembre 1979
|
11
|
« Alors
j'étais en train d'expliquer que, en face du vouloir écrire, il y avait
un vouloir non écrire, que j'ai essayé de décrire, et - qui est
euh - auquel j'ai donné le nom
général d'oisiveté. » |
|
15 décembre 1979
|
12
|
« Pour
Sartre, donc, une
fois mort, on n'existe plus, on n'existe plus, que par
l'autre. » |
|
15 décembre 1979
|
13
|
« Je
dirai que je
m'estime fondé à communiquer ici quelque chose qui est
de l'ordre de l'intime, mais pas quelque chose qui est de l'ordre du
privé. » |
|
15 décembre 1979
|
14
|
« Je
veux me dire,
mais je veux me dire aimant. » |
|
15 décembre 1979
|
15
|
« Vouloir
écrire c'est
accepter à un certain moment d'être dans la
position du mort » |
|
15 décembre 1979
|
16
|
« Le désir du rien faire » |
|
15 décembre 1979
|
17
|
« Mon
imaginaire n'est pas psychologique. Je ne me projette pas dans
l'image d'écrivain reconnu. C'est un imaginaire désirant. C'est un
imaginaire amoureux. C'est précisément un imaginaire qui cherche à
s'identifier. Ça n'est pas une paranoïa. » |
|
15 décembre 1979
|
18
|
« Eh
bien je
dirai : oui, en un certain sens, je me prends pour un
écrivain. » |
|
15 décembre 1979
|
19
|
« Supposez,
supposez, un film pornographique. Supposez une salle de
cinéma pornographique. » |
|
15 décembre 1979
|
20
|
« Trois
épreuves : premièrement le doute, deuxièmement la patience,
troisièmement la séparation, la sécession. »
|
|
15 décembre 1979
|
21
|
« L'écrivain
possède et l'écrivain est constitué par une croyance
narcissique première : j'écris donc je vaux, absolument, quoi
qu'il
arrive. Puisque j'écris, je vaux. » |
|
15 décembre 1979
|
22
|
« Le désir du
rien
faire » |
|
15 décembre 1979
|
23
|
« Est-ce
que ça
veut dire que je me prends vraiment pour un écrivain,
que je me simule comme écrivain ? » |
|
15 décembre 1979
|
24
|
« Je
simule celui qui veut écrire une œuvre. Je n'ai pas à dire si je
suis ou je suis pas celui-là. Je dis simplement : je simule celui
qui
veut écrire une œuvre. »
|
|
15 décembre 1979
|
25
|
« Vous
savez que je - j.e. - est le pronom de l'imaginaire, proche du
moi idéal. On peut dire que chaque fois qu'on dit « je », on
est dans
l'imaginaire. » |
|
15 décembre 1979
|
26
|
« L'écriture
est vécue comme une sécheresse. » |
|
15 décembre 1979
|
27
|
« puisque
ce sera l'histoire intérieure d'un homme qui veut écrire. »
|
|
15 décembre 1979
|
28
|
« Ce
soir je me suis senti d'un talent anxieusement contenu. » |
|
15 décembre 1979
|
29
|
« J'ai
envie
d'opposer à l'écriture - comme on aurait dit autrefois - le
cœur. » |
|
15 décembre 1979
|
30
|
« Je
vaux plus que ce que
j'écris. »
|
|
15 décembre 1979 |
 |
|
|
|
octobre 2010
|
|
|
|
1er
|
« Je vaux mieux que ce
que j'écris
n'est pas une bonne formule. Il faut dire d'une façon plus cynique et
plus triviale : je vaux plus
que ce que j'écris. Non pas mieux,
mais plus. C'est une question
de
quantité. » |
|
15 décembre 1979
|
2
|
« Si
j'écris que je vaux moins, et bien par là même, parce qu'il y a
écriture, je déclare que je vaux plus. » |
|
15 décembre 1979
|
3
|
« Donc
on peut faire une œuvre avec la velléité, mais c'est un cas tout de
même très sophistiqué. » |
|
15 décembre 1979
|
4
|
« Quoi que j'écrive,
il y
a un reste, qui est extensif à l'écriture, un
reste que je n'ai pas dit, que je n'ai pas su dire, que je n'ai pas pu
dire, et ce reste, c'est ma valeur entière. » |
|
15 décembre 1979
|
5
|
« Donc
il va s'agir d'un
récit, qui sera le récit d'une délibération. » |
|
15 décembre 1979
|
6
|
« Il me
faut me
monumentaliser entièrement. » |
|
15 décembre 1979
|
7
|
« Se
mettre en position
peut être une manière d'alléger la tristesse et l'aliénation de
certaines tâches. » |
|
15 décembre 1979
|
8
|
« L'exposé
des
tribulations très particulières de quelqu'un qui veut
écrire finira par lasser, disons, la curiosité des uns et la fidélité
des autres. » |
|
15 décembre 1979
|
9
|
« Le
récit amène le
poème et le poème se couronne rétroactivement de l'exposé rhétorique de
sa composition. C'est à dire Dante dit comment il a construit le
poème. » |
|
15 décembre 1979
|
10
|
« ...
des civilisations
idylliques, c'est à dire soit absolument
aristocratiques, soit absolument ascétiques. » |
|
15 décembre 1979
|
11
|
« C'était
au
contraire pour indiquer par ce geste que je vivais une
sorte de point zéro du désir et que tout était en moi aussi étale que
le paysage. » |
|
15 décembre 1979
|
12
|
« Et au
fond, il y
a quelque chose en moi qui désire profondément qu'on ne parle pas de
moi. Ni en bien, ni en mal. » |
|
15 décembre 1979
|
13
|
« Et
moi j'imagine un
classique
moderne dont le « je » serait triché, incertain et triché. » |
|
15 décembre 1979
|
14
|
« Classiquement,
on
appellerait cette croyance, peut-être, de l'orgueil. Et il y a un
orgueil de l'écrivain et cet orgueil est un primitif...un primitif de
l'activité d'écriture. »
|
|
15 décembre 1979
|
15
|
« Et
j'ai senti vraiment
que le 15 août était comme la vraie charnière
de deux années ; que c'était une sorte de jour neutre, de tampon,
de blanc, qui
partageait les eaux, comme une cime déserte. »
|
|
15 décembre 1979
|
16
|
« Une
sorte de différentiel va s'établir, entre la postulation de l'idéal du
moi, à savoir l'écriture, et la postulation du moi idéal, qui est un
imaginaire hors écriture. » |
|
15 décembre 1979
|
17
|
« Car en
effet
paradoxalement, cet orgueil de l'écrivain peut être, si
je puis dire, modeste. » |
|
15 décembre 1979
|
18
|
« Écrire
est un acte de
faire-valoir, et ce faire-valoir bien sûr est
miné sans cesse par le doute qui porte sur l'œuvre contingente, mais ce
faire valoir n'est jamais discuté. » |
|
15 décembre 1979
|
19
|
« Écrire
comme idéal du
moi, c'est cela qui est souverain, c'est cela
qui est exaltant. » |
|
15 décembre 1979
|
20
|
« Ce
faire valoir de
l'écriture est intimement pénétré d'un sentiment
déceptif, d'un sentiment de perte de valeur. »
|
|
15 décembre 1979
|
21
|
« Écrire n'est pas
sage,
en ceci, que c'est se remettre entièrement et
complètement au regard ou à la lecture - c'est la même
chose - de
l'autre. »
|
|
15 décembre 1979
|
22
|
« Alors
il y a trois choses si vous voulez, il y a d'une part le récit
d'un amour, récit romanesque d'un amour, le poème et puis l'analyse
rhétorique du poème. » |
|
15 décembre 1979
|
23
|
« Il
arrive qu'on
puisse, qu'on doive assumer l'œuvre comme un défaut
d'accord avec la société, donc assumer l'œuvre
comme une singularité, comme une solitude. » |
|
15 décembre 1979
|
24
|
« Remarquez,
certains écrivains peuvent s'arranger pour ne quitter
jamais
le temps de la velléité. » |
|
15 décembre 1979
|
25
|
« Mais
disons que
parmi vous il y en a peut-être qui n'écrivent pas, qui ne sont pas
dévorés par ce vice de l'écriture, Alors, est-ce que ça peut les
concerner ? Eh bien, je ne sais pas. » |
|
15 décembre 1979
|
26
|
« Eh
bien je reprends donc le cours. » |
|
15 décembre 1979
|
27
|
« ... si
je
n'arrive pas à savoir ... au fond ce que je voudrais
probablement, dans l'état fantasmatique des choses, c'est faire une
œuvre qui soit à
la fois continue et discontinue. Mais ça n'est pas possible,
logiquement tout au moins. »
|
|
15 décembre 1979
|
28
|
« Donc
aujourd'hui
première épreuve : le choix, le doute. » |
|
15 décembre 1979
|
29
|
« Et
après tout je
me définis ici par mon plaisir, par mon désir
d'écrire, et de ce point de vue là, je suis l'égal effectivement,
chacun de nous est l'égal de Flaubert, de Proust ou de Mallarmé. » |
|
15 décembre 1979
|
30
|
« Donc,
livre, soit infini par permutation des vers des parties des
versets, c'est le livre total de
Mallarmé, soit, infini par sommation, accumulation, le livre somme,
Dante. Soit, enfin ramassé et essentialisé. »
|
|
5 janvier 1980 |
31
|
« La
forme est évidemment ici très proche de la formule, comme la formule
d'un médicament, la formule d'une construction, la formule d'une
opération magique. » |
|
5 janvier 1980 |
 |
|
|
|
novembre 2010
|
|
|
|
1er
|
« Moi
je crois qu'en face, l'écriture, c'est précisément ce qui stoppe, je
dirai, l'hémorragie épuisante de l'imaginaire. » |
|
5 janvier 1980
|
2
|
« Parler
c'est - en même temps, en l'espace d'un dixième de seconde -
s'emballer
pour ce qu'on dit et se décevoir de ce qu'on dit. » |
|
5 janvier 1980
|
3
|
« Qu'est-ce
qu'il
fantasme dans l'œuvre à faire ? C'est à dire, sous quelle espèce
voit-il l'œuvre à faire ? » |
|
5 janvier 1980
|
4
|
« Donc,
l'idée de livre chez lui, c'est comme un fantasme de contraste par
rapport à ce qu'il a fait. » (à propos de Mallarmé) |
|
5 janvier 1980
|
5
|
« Il
me semble que parler de la cochonnerie de l'écriture en écrivant. Ou se
déterminer comme Lautréamont contre les livres, finalement, en faisant
livre, me paraît de la mauvaise foi. » |
|
5 janvier 1980
|
6
|
« Des
formes de continu : le récit, la dissertation, le
traité... et des formes de discontinu, les fragments : aphorismes,
pages de journal, paragraphes à la Nietzsche, etc. Voilà un peu quel
est moi mon problème fantasmatique. C'est là que porte mon
fantasme. »
|
|
5 janvier 1980
|
7
|
« Opposé
au livre, l'album - je cite - recueille
des inspirations de hasard fussent-elles merveilleuses - recueille
des inspirations de hasard fussent-elles merveilleuses ». (à
propos du Livre total chez
Mallarmé)
|
|
5 janvier 1980
|
8
|
« Il ne
fantasme que l'écriture. » |
|
5 janvier 1980
|
9
|
« C'est
un dispositif infini, un rite renouvelable. » |
|
5 janvier 1980
|
10
|
« Et
ensuite nous nous
trouvons, donc, dans la
position projective d'un homme, d'un sujet qui décide ou qui veut faire
une œuvre. » |
|
5 janvier 1980
|
11
|
« C'est
à dire, la formule, c'est ce qui donne issue, ce qui
délie, ce qui dénoue celui qui veut écrire. » |
|
5 janvier 1980
|
12
|
« Je ne
sais
- je ne suis pas très bien - je ne suis pas sûr de ce que je
fantasme vraiment : si c'est le continu ou le discontinu. » |
|
5 janvier 1980
|
13
|
Le livre
total de Mallarmé : « Livre fait de vers ou de
versets
permutables, la combinatoire variant selon les séances, et par
conséquent, multipliant la dissémination du livre. »
|
|
5 janvier 1980
|
14
|
« Le
livre (total de
Mallarmé) n'est plus objet de lecture
individuelle, il est objet de dissémination dans des publics - un
public qui change-nt à chaque séance. » |
|
5 janvier 1980
|
15
|
« Beaucoup
des écrivains passés se sont « couverts » si l'on peut dire,
d'une philosophie de leur œuvre. » |
|
5 janvier 1980
|
16
|
« Un
livre ne commence ni ne finit, tout au plus fait-il semblant.
(Mallarmé) Mais c'est absolument vrai. Même en dehors du livre
mallarméen. » |
|
5 janvier 1980
|
17
|
« La
gageure, l'acrobatie, c'est alors de dire non au livre au moyen
d'un livre. » |
|
5 janvier 1980
|
18
|
« C'est
une sorte d'après-coup de l'œuvre, une sorte de ... un sceau de
solennité, apposé à l'œuvre pour effacer sa gratuité statutaire. »
(à propos de
l'idéologie) |
|
5 janvier 1980
|
19
|
« C'est
précisément parce que je peux hésiter entre deux désirs entre lesquels
il faudra que je finisse par choisir que je peux par exemple subir un
blocage très long. » |
|
5 janvier 1980
|
20
|
« Nous
pourrions un jour étudier les semblants, les faire semblant du
livre, les faire semblant de commencement, les faire semblant de
fin. » |
|
5 janvier 1980
|
21
|
« Je
forme une
entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point
d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la
vérité de la
nature, et cet homme, ce sera moi. » (exergue des Confessions
de Rousseau) |
|
5 janvier 1980
|
22
|
« Le
choix de la forme constitue bien une épreuve, la première,
et une
épreuve grave, car, cette épreuve engage, je dirai, ce que je crois...
Ce-que-je-crois. » |
|
12 janvier 1980
|
23
|
« Retenez
bien la
formule, je vous prie : « le livre,
architectural et
prémédité », « architectural et prémédité », ou encore
« un livre qui
soit un livre », ou encore « le livre persuadé au fond qu'il
n'y en a qu'un tenté à son insu par quiconque écrit. » » (à
propos de Mallarmé) |
|
5 janvier 1980
|
24
|
« Dans
le conflit
avec le monde, on ne peut pas se prévaloir d'une erreur du monde. Le
monde est dans le vrai. Car la vérité est dans l'indissoluble unité du
monde humain. » (Kafka) |
|
12 janvier 1980 |
25
|
« Mallarmé,
à propos de l'œuvre : Je l'ai
contemplée, sans extase comme sans
épouvante, et fermant les yeux j'ai trouvé que cela était. » |
|
12 janvier 1980
|
26
|
« Et
donc, ce qui caractérise l'album, c'est l'absence de structure. L'album
c'est un ensemble factice d'éléments dont l'ordre, la présence ou
l'absence sont arbitraires. » |
|
5 janvier 1980
|
27
|
« Dans
le combat entre
toi et le monde, seconde le monde. » (Kafka) |
|
12 janvier 1980
|
28
|
« Et
donc malaise qui me prend, à moi personnellement, lorsque j'ai
l'impression que certains auteurs ou certains êtres disent des choses
intelligentes, certes, mais intelligentes par hasard. » |
|
12 janvier 1980
|
29
|
« Si
j'ai le désir d'écrire, je
suis l'égal des plus grands écrivains... quant à ce désir... pas quant
au produit, bien sûr. » |
|
5 janvier 1980
|
30
|
« Pour
un peu, ce serait
un commencement de correspondances suivies... » |
|
5 janvier 1980
|
 |
|
|
|
décembre 2010
|
|
|
|
1er
|
« Alors
l'album serait
atonal, sans cadence et le livre serait
tonal, il aurait une cadence. » |
|
|
2
|
« Substituer
à la fin par lassitude ou par mort la fin par logique. » |
|
12 janvier 1980 |
3
|
« Je puis vivre l'œuvre à
faire comme une sorte de dérèglement. Une
folie, une manie, qui me coupe de tout, une espèce de schize. »
|
|
12 janvier 1980
|
4
|
« Le
Livre avec un grand "L" est toujours, disons, non pas analogique au
monde, c'est impossible, mais homologique au monde. C'est en cela que
c'est
une forme. » |
|
12 janvier 1980
|
5
|
« Finalement
la nécessité
de l'œuvre, eh bien, repose sur une conclusion
d'existence » |
|
12 janvier 1980
|
6
|
« Et la
maîtrise dans l'ordre littéraire, la maîtrise, serait plutôt un
appauvrissement dirigé, une sorte d'économie épicurienne des plaisirs
qu'on est apte à donner en
écrivant. »
|
|
12 janvier 1980
|
7
|
« On
fantasme d'abord
une forme. » |
|
12 janvier 1980
|
8
|
« C'est
ça un roman, c'est un mensonge qui fait de la mousse. » |
|
12 janvier 1980
|
9
|
« On va
savoir si quelque
chose ou rien. » (Mallarmé à propos du Livre) |
|
12 janvier 1980
|
10
|
« Nécessité
de retraite
pour faire l'œuvre... Mais, à ce moment-là, agression de la bêtise
ambiante, mondaine... Alors, besoin et donc devoir de réagir et
participation au monde. » |
|
12 janvier 1980
|
11
|
« Alors
en langage
moderne on dirait que ce qui lutte avec l'œuvre, ce sont toutes les
formes de drague. » |
|
12 janvier 1980
|
12
|
« Finalement, ce qui
fonde l'œuvre, c'est, on pourrait dire, un mouvement mystique. » |
|
12 janvier 1980
|
13
|
« Alors
une autre forme
du monde, c'est, on pourrait appeler selon le mot de Pascal j'emploie
des expressions un peu désuètes... l'attachement aux
créatures
passagères ou comme on disait au XVIIIe siècle, XVIIe
siècle, plutôt : les concupiscences. » |
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12 janvier 1980
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14
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« La
nécessité d'une
œuvre, ce serait à ce moment-là, qu'elle réponde, quelque part dans le
monde, au besoin d'un lecteur. » |
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12 janvier 1980
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15
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« Les
critiques ne
témoignent jamais, jamais, du besoin qu'il peuvent
avoir d'un livre. Les critiques n'ont pas besoin des livres. Ils en ont
tout le contraire. Ils ont besoin de ne pas lire. Leur besoin profond,
c'est de ne pas lire. Puisque lire est leur métier. » |
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12 janvier 1980
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16
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« Les
métaphores sont
l'une des choses qui me font désespérer de la littérature. »
(citant Kafka) |
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12 janvier 1980
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17
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« Chaque
forme, qu'elle
soit livre ou album, a son enjeu. » |
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12 janvier 1980
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18
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« Mallarmé,
à propos du Livre, a fortement ressenti la nécessité, je
dirai, de la Nécessité - avec un grand N - de l'œuvre. » |
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12 janvier 1980
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19
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« Imposer
au monde qu'on est un original, en vertu de quoi, le rôle étant reconnu
et classé, le monde vous laissera en paix, et abandonnera la
demande. » |
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19 janvier 1980
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20
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« Celui
qui veut écrire doit en
effet organiser, au sens fort du terme, son ego d'écrivant. » |
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26 janvier 1980
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21
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« C'est à dire que ce
que je vivais d'un côté ne passait absolument pas dans ce que
j'écrivais de l'autre. » |
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26 janvier 1980
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22
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« Alors
un autre fantasme
de rupture de vie, c'est de faire ses adieux. » |
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19 janvier 1980
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23
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« Je
puis écrire en me soumettant à la nécessité de complicité avec au
moins un lecteur, pas avec un public, avec un lecteur. » |
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12 janvier 1980
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24
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« Et
d'ailleurs Bachelard dit : pour durer, il faut se confier à des
rythmes, c'est à dire à des systèmes d'instants. Le rythme au fond
c'est un facteur... tendanciellement, c'est un
facteur d'immortalité. »
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26 janvier 1980
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25
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« Chacun
pense l'autre à
disposition. » |
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19 janvier 1980
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26
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« Un
mystique est un être
qui choisit la dé-valeur. » |
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19 janvier 1980
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27
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« Qui
est responsable du
texte ? Eh bien moi, le premier. » |
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2 février 1980 |
28
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« Donc, il y a une
sorte de chantage permanent de l'actualité à celui qui écrit et à celui
qui, en écrivant, fait mine d'oublier cette actualité. » |
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16 février 1980
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29
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« Et
parce que je
suis une sorte de laissé pour compte du réel, je ne puis m'en faire
reconnaître qu'au prix, évidemment, d'une certaine oblation. »
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16 février 1980
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30
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« Le présent est
vivant tandis que l'actuel peut n'être qu'un bruit, quelque chose qui
n'est pas vivant. » |
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16 février 1980
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31
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« On ne
veut plus, c'est
un progrès énorme, dissocier l'énoncé de l'énonciation par exemple,
n'est-ce pas (...) Eh bien à samedi prochain, la fin de ce cours. »
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16 février 1980
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