Diégèse
Le texte en continu
mercredi 3 février 2010




2010
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« Si je fantasme d'écrire un roman, le matériau, le seul matériau que je puisse envisager de me donner, c'est mon présent. »

Roland Barthes - Collège de France - séance du 16 décembre 1978

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"If language were liquid it would be rushing in"

Suzanne Vega - Solitude standing











Ce que je retiens... (des années précédentes)
...puis ce que j'écris.
Je retiens que pour le roman, qui est ici métonymie de l'écriture, je dois, au sens où cela m'est imposé, je dois m'éloigner de toute tentation biographique. L'attention au présent, cette attention qui se porte ensuite vers l'écriture, cette attention qui se note, n'est pas autobiographique. Il ne s'agit pas de raconter une histoire. Il ne s'agit pas de mettre en récit. De quoi s'agit-il alors ? Peut-être de garder aux mots leur poids, qui est celui du langage, qui est celui du logos, et de, lesté par les mots, vivre doucement, dans une gravité légère, vivre doucement l'écriture. Il s'agirait ainsi sans cesse de passer d'une figure à une autre figure, de les mêler intimement, de passer de la métonymie à l'oxymore et de l'oxymore à la métonymie.
Nous entendons la même musique. Notre écoute est différente. Mon écoute est impitoyable avec le temps, avec le souvenir, avec le récit. Elle concentre en une phrase la douleur de l'instant, de cet instant d'amour fou qui concentre toute la joie et tout le manque, toute la joie présente, tout le manque présent et toute la joie à venir, à jamais, le manque.





...et ce que j'ai lu, vu ou entendu... et ce que ça fait...
« L'homme a appelé hasard la cause de toutes les surprises, la divinité sans visage qui préside à tous les espoirs insensés, à toutes les craintes sans mesure, qui déjoue les calculs les plus soigneux, qui change les imprudences en décisions heureuses, les plus grands hommes en jouets, les dés et les monnaies en oracles... »
Paul Valéry, cité par Raphaël Enthoven dans Philosophie Magazine de décembre 2009-janvier 2010, page 20.

Je retiens cela car j'aurais pu penser que le processus d'écriture, cet « écrire » et singulièrement l'écriture poétique ou romanesque, était une lutte insensée contre le hasard. J'aurais pu penser que quand le texte réussit, il retrouve un ordre perdu, préexistant des choses, des sentiments des événements. Cependant, si je l'avais pensé, ce qui n'est pas certain, je ne le pense plus. L'écriture, « l'écrire » manie le hasard, en joue, s'en accommode, ne dit rien d'aucun ordre si ce n'est celui de la syntaxe qui tend d'ailleurs en permanence à prendre des libertés inconnues. Et pourtant, dès que la phrase est écrite et qu'elle est sans remords, elle donne, comme la vie même, l'illusion d'un ordre immuable. Elle rejoint alors les citations exactes et les sentences gravées aux frontons de la mémoire des hommes.











3 février






2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000
Il y avait parfois une perspective, de ces vues et de ces perspectives que l'on choisit souvent pour fabriquer des souvenirs. Je ne me souviens pas vraiment. 3 février 2007 Dans les outils, parmi les outils retenus, parmi les mots retenus, il y a aujourd'hui et il y a hier, il y a comme une dilatation de l'instant, de l'instant du texte qui ne va jamais très loin dans l'évocation du futur et de l'avenir. Les mots des journaux ne sont pas absents, ils sont évanouis, invisibles, sans poids. La compréhension ne s'établit pas par la faculté d'imaginer.

... graver le moins possible pour ne pas me souvenir, pour n'emporter rien de toi avec moi...