Diégèse
Le texte en continu
dimanche 7 février 2010




2010
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« La préparation du roman se réfère à la saisie de ce texte en quelque sorte parallèle, qui est le texte de la vie contemporaine, de la vie concomitante. »

Roland Barthes - Collège de France - séance du 16 décembre 1978











« Je ne pense pas que mon écriture soit difficile mais les gens s'attendent à trouver les répétitions des mêmes formes, des formes traditionnelles que nous jugeons usées. »

Claude Simon.
Citation sonore extraite de Les nouveaux chemins de la connaissance, 30 novembre 2009
France Culture, émission de Raphaël Enthoven











Ce que je retiens... (des années précédentes)
...puis ce que j'écris.
Je retiens qu'il faut dire « je », qu'il arrive toujours le moment, et que c'est curieusement au début du mois de février, que la question de dire « je » se pose. La question est littérairement, cependant, résolue depuis longtemps et de façon assez définitive par Proust et par l'exégèse de Proust. Butor dans la Modification, la règle, lui, en utilisant le « vous ». Et si la question se pose pour moi, la réponse ne peut être que par l'écriture de ce sujet fragmenté qu'est ce « je », ce sujet littéraire.
Pour me souvenir de toi, je devrais aussi pouvoir me souvenir de moi. Je ne me souviens pas davantage de moi que je ne me souviens de toi. Je ne pourrais pas décrire mon visage. Je l'aperçois parfois représenté sur des photographies qui ne me disent rien de ce visage. Et je ne savais rien de mon désir à l'absence de ton désir apposé.





...et ce que j'ai lu, vu ou entendu... et ce que ça fait...
Je retiens la leçon de Barthes, puisqu'un cours est aussi une leçon, et que si Barthes enseigne, c'est peut-être qu'il enseigne à lire, cours de sémiologie littéraire, mais tout aussi bien, et même de préférence, qu'il enseigne à écrire. Ainsi, il faudrait que je saisisse le texte de la vie contemporaine, mais sans « raconter les événements », car ce serait alors, selon Proust, « faire connaître l'opéra par le livret seulement ».

Je note.

« Si je me mets à jouer, un soir, ce soir, dans un restaurant, seul, à Nice, pour des raisons qui me sont personnelles et qui m'imposent un protocole lâche, si je me mets à jouer, je joue alors à l'écrivain et si je joue à l'écrivain, je joue à Roland Barthes. Est-ce que je sais vraiment jouer à ce jeu-là ?
Ce serait quoi jouer à Roland Barthes ? Ce serait d'abord être, réussir à être, dans une parfaite solitude et dans une délicatesse parfaite elle aussi.
(...)
Jouant à Barthes puis arrêtant de jouer à Barthes, je sais, de façon assez certaine, que je joue à moi. Je joue à moi à travers le temps et le jeu d'aujourd'hui, c'est le jeu de retrouver les traces de l'adolescent de 17 ans que j'ai été et que je peux être. Celui de moi, celui de mes âges, qui est le plus proche de Barthes, qui colle le mieux avec l'esthétique de Barthes, c'est ce moi entre 17 et 19 ans qui, de tous les moi, est le plus littéraire et qui met en la littérature le plus d'espoir et le plus d'espérance. C'est celui-là qu'à Nice, seul, dans un restaurant où les clients n'auraient sans doute pas reconnu Barthes, que je suis le mieux, que je suis.
 »











7 février






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Je n'ai encore rien dit de moi, rien du vieillissement, rien de la solitude ou presque, rien de la stérilité, rien de ce rien qui transparaît pourtant dans ce récit, ce récit de rien, ce récit de pas grand chose.
Alors on joue au personnage, ignorant ou voulant ignorer qu'un personnage ne fait rien, ne fait jamais rien, que ça n'existe pas.