Les
spectateurs de ce film de 1960 pour le Crédit Agricole connaissaient
Noël Roquevert et pouvaient relier son apparition publicitaire à ses
rôles au cinéma.
Plus de cinquante ans plus tard, l'acteur, spécialiste
des seconds rôles du cinéma français de l'après-guerre est un peu
oublié et le spectateur d'aujourd'hui peut se demander qui est Noël
Roquevert, ou, en tout cas, qui il joue. L'employé de banque est un
jeune homme moderne, comme le montre sa coupe de cheveux qui pouvait
encore à l'époque paraître un peu longue et négligée. Et Noël Roquevert
très guindé, en chapeau et cravate, semble sorti d'un film
d'avant-guerre. Il joue l'homme d'ordre autoritaire et cassant des
années trente. Il joue donc cette droite fascisante, volontiers
vichyste par la suite, et ce qui le montre, à l'évidence, c'est la
manière si particulière dont est taillée sa moustache, cette même
moustache qui revient aujourd'hui à la mode mais qu'un jeune homme des
années 60, non fasciste, aurait jugé impensable de pouvoir porter.
Qu'il soit clair que je ne soupçonne pas Noël Roquevert, Croix de
guerre de la première guerre mondiale, d'avoir collaboré même si,
tournant pendant la guerre dans une vingtaine de films, il n'a
certainement pas eu beaucoup de temps pour résister.
Et alors ?
Il est toujours utile de reconnaitre les figures iconiques de référence
de la droite autoritaire française, de celle qui dit que la France doit
rester la France car c'est cette image qu'ils ont en tête, déjà frappée
d'obsolescence dans les années 1960. La France qu'ils appellent n'a
existé que dans les fantasmes fascisants d'une droite douteuse qui
s'est ensuite souvent vautrée...
J'exagère ? Certainement et c'est intentionnel, car mon
exagération est
à la mesure de mon exaspération.
