François de La Rochefoucauld - Maximes
Ce qui rend difficile l'analyse, même incomplète, de ce film publicitaire de 1980, c'est qu'il témoigne d'une société passée qui semble aussi inaccessible à la compréhension que l'époque médiévale. On notera la surabondance des marqueurs d'époque : la musique, l'habillement, la décoration intérieure, le produit vendu, lui-même et surtout cette volonté évidente que l'on ne s'y trompe pas : il s'agit bien de faire l'amour sur la moquette, comme en témoigne la pose alanguie et le ton provocateur du « on recommence » du personnage féminin.
Dès lors, faut-il encore écrire que ce qui se dit, ici, c'est que la pose de ces dalles allergogènes et peut-être amiantées (je plaisante), est, littéralement, « un jeu d'enfant » car le personnage principal est bien cet enfant qui disperse les plumes d'un oreiller ou d'un traversin, qui, jette ostensiblement sa tartine de confiture par terre pour retarder les ébats de la femme - qui pourrait être sa mère - qui s'amuse d'une tache blanchâtre sur la moquette et qui assiste enfin à la scène originelle, pris d'une excitation orgasmique, caché derrière un aquarium où des poissons font semblant de copuler, exhibant une langue-pénis curieusement érectile.
Il est ensuite évident que les plumes de l'oreiller sont une métaphore de son sperme impubère.
Mais le slogan déjoue la culpabilité dans une sorte d'absolution consommatrice, puisque cette moquette « pardonne tout » et sans doute même le péché originel.
Il est inimaginable qu'un publicitaire aujourd'hui manie les mêmes codes sans faire scandale et sans doute procès. Il est si difficile de mesurer le retour au supposé ordre moral qui est aujourd'hui imposé, ordre de la frustration, du mensonge et de la bêtise.
