La
légende selon laquelle les
amazones n'auraient pas de sein, ou n'en auraient qu'un seul pour mieux
tirer à l'arc est fausse et ainsi, le mot « amazone » ne
tirerait pas son
étymologie du préfixe « ἀ »
privatif et de μαζό (mázos)
qui signifie « sein » en ionien. Mais le publicitaire ne le
savait pas,
qui transforme en guerrières les candidates un temps consentantes à la
chirurgie esthétique. « Suda el jamon » pourrait bien devenir
l'hymne
nouveau d'amazones nouvelles délivrées de l'injonction chirurgicale
comme dernier avatar du pouvoir des hommes sur les femmes. À mieux y
regarder, l'ordre moral autoritaire mâle demeure, gardien du temple de
la féminité, même quand elle est un peu révoltée.
Mais ce qui est intéressant, c'est que l'internet permet l'invention de
nouveaux processus publicitaires. La chanson « Suda el
jamon » est une
vraie chanson, créée pour le film qui, sur l'internet peut s'affranchir
de la « minute publicitaire » pour prendre le format du
« clip ». La marque
va ensuite organiser des concours dans toute l'Amérique latine, voire
le monde hispanophone, et ces concours vont produire d'autres
films,
auto produits, qui seront diffusés via des plateformes de diffusion
vidéo. Le rapport intrinsèquement ambigu entre la marque et la forme
artistique est ainsi ensemencé dans d'autres formes disséminées par une
sorte de pollinisation en réseau.
Bien sûr, à marque mondiale, forme mondiale et « Suda el
jamon » se
chante sur l'air de « Fous ta cagoule » de Fatal Bazooka.
