samedi 31 décembre 2011
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Ce
que nous prenons pour des
vertus n'est souvent qu'un assemblage de diverses actions et de divers
intérêts, que la fortune ou notre industrie savent arranger ; et ce
n'est pas toujours par valeur et par chasteté que les hommes sont
vaillants, et que les femmes sont chastes. |
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Ces
grandes et éclatantes
actions qui éblouissent les yeux sont représentées par les politiques
comme les effets des grands desseins, au lieu que ce sont d'ordinaire
les effets de l'humeur et des passions Ainsi la guerre d'Auguste et
d'Antoine, qu'on rapporte à l'ambition qu'ils avaient de se rendre
maîtres du monde, n'était peut-être qu'un effet de jalousie. |
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Les
passions en engendrent
souvent qui leur sont contraires. L'avarice produit quelquefois la
prodigalité, et la prodigalité l'avarice ; on est souvent ferme par
faiblesse, et audacieux par timidité. |
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Lorsque
les grands hommes se
laissent abattre par la longueur de leurs infortunes, ils font voir
qu'ils ne les soutenaient que par la force de leur ambition, et non par
celle de leur âme, et qu'à une grande vanité près les héros sont faits
comme les autres hommes. |
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Quelque
différence qui paraisse
entre les fortunes, il y a néanmoins une certaine compensation de biens
et de maux qui les rend égales. |
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Quelques
grands avantages que la
nature donne, ce n'est pas elle seule, mais la fortune avec elle qui
fait les héros. |
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Le
mépris des richesses était
dans les philosophes un désir caché de venger leur mérite de
l'injustice de la fortune par le mépris des mêmes biens dont elle les
privait ; c'était un secret pour se garantir de l'avilissement de la
pauvreté ; c'était un chemin détourné pour aller à la considération
qu'ils ne pouvaient avoir par les richesses. |
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La
haine pour les favoris n'est
autre chose que l'amour de la faveur. Le dépit de ne la pas posséder se
console et s'adoucit par le mépris que l'on témoigne de ceux qui la
possèdent ; et nous leur refusons nos hommages, ne pouvant pas leur
ôter ce qui leur attire ceux de tout le monde. |
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Un
habile homme doit régler le
rang de ses intérêts et les conduire chacun dans son ordre. Notre
avidité le trouble souvent en nous faisant courir à tant de choses à la
fois que, pour désirer trop les moins importantes, on manque les plus
considérables. |
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On
peut trouver des femmes qui
n'ont jamais eu de galanterie ; mais il est rare d'en trouver qui n'en
aient jamais eu qu'une. |
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L'amour
de la justice n'est en
la plupart des hommes que la crainte de souffrir l'injustice. |
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Ce
qui nous rend si changeants
dans nos amitiés, c'est qu'il est difficile de connaître les qualités
de l'âme, et facile de connaître celles de l'esprit. |
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Nous
ne pouvons rien aimer que
par rapport à nous, et nous ne faisons que suivre notre goût et notre
plaisir quand nous préférons nos amis à nous- mêmes ; c'est néanmoins
par cette préférence seule que l'amitié peut être vraie et parfaite. |
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Nous
nous persuadons souvent
d'aimer les gens plus puissants que nous ; et néanmoins c'est l'intérêt
seul qui produit notre amitié. Nous ne nous donnons pas à eux pour le
bien que nous leur voulons faire, mais pour celui que nous en voulons
recevoir. |
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L'amour-propre
nous augmente ou
nous diminue les bonnes qualités de nos amis à proportion de la
satisfaction que nous avons d'eux ; et nous jugeons de leur mérite par
la manière dont ils vivent avec nous. |
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Nous
plaisons plus souvent dans
le commerce de la vie par nos défauts que par nos bonnes qualités. |
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Détromper
un homme préoccupé de
son mérite est lui rendre un aussi mauvais office que celui que l'on
rendit à ce fou d'Athènes, qui croyait que tous les vaisseaux qui
arrivaient dans le port étaient à lui. |
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Les
grands noms abaissent, au
lieu d'élever, ceux qui ne les savent pas soutenir. |
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La
marque d'un mérite
extraordinaire est de voir que ceux qui l'envient le plus sont
contraints de le louer. |
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On
s'est trompé lorsqu'on a cru que l'esprit
et le jugement étaient deux choses différentes. Le jugement n'est que
la grandeur de la lumière de l'esprit ; cette lumière pénètre le fond
des choses ; elle y remarque tout ce qu'il faut remarquer et aperçoit
celles qui semblent imperceptibles. Ainsi il faut demeurer d'accord que
c'est l'étendue de la lumière de l'esprit qui produit tous les effets
qu'on attribue au jugement. |
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La
galanterie de l'esprit est de dire des
choses flatteuses d'une manière agréable. |
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Plus
on aime une maîtresse, et plus on est
près de la haïr. |
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Rien
n'est moins sincère que la manière de
demander et de donner des conseils. Celui qui en demande paraît avoir
une déférence respectueuse pour les sentiments de son ami, bien qu'il
ne pense qu'à lui faire approuver les siens, et à le rendre garant de
sa conduite. Et celui qui conseille paye la confiance qu'on lui
témoigne d'un zèle ardent et désintéressé, quoiqu'il ne cherche le plus
souvent dans les conseils qu'il donne que son propre intérêt ou sa
gloire. |
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On
n'aurait guère de plaisir si on ne se
flattait jamais. |
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Les
plus habiles affectent toute leur vie de
blâmer les finesses pour s'en servir en quelque grande occasion et pour
quelque grand intérêt. |
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L'usage
ordinaire de la finesse est la marque
d'un petit esprit, et il arrive presque toujours que celui qui s'en
sert pour se couvrir en un endroit, se découvre en un autre. |
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Une
des choses qui fait que l'on trouve si
peu de gens qui paraissent raisonnables et agréables dans la
conversation, c'est qu'il n'y a presque personne qui ne pense plutôt à
ce qu'il veut dire qu'à répondre précisément à ce qu'on lui dit. Les
plus habiles et les plus complaisants se contentent de montrer
seulement une mine attentive, au même temps que l'on voit dans leurs
yeux et dans leur esprit un égarement pour ce qu'on leur dit, et une
précipitation pour retourner à ce qu'ils veulent dire ; au lieu de
considérer que c'est un mauvais moyen de plaire aux autres ou de les
persuader, que de chercher si fort à se plaire à soi-même, et que bien
écouter et bien répondre est une des plus grandes perfections qu'on
puisse avoir dans la conversation. |
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Nous
nous vantons souvent de ne nous point
ennuyer ; et nous sommes si glorieux que nous ne voulons pas nous
trouver de mauvaise compagnie. |
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Comme
c'est le caractère des grands esprits
de faire entendre en peu de paroles beaucoup de choses, les petits
esprits au contraire ont le don de beaucoup parler, et de ne rien dire. |
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C'est
plutôt par l'estime de nos propres
sentiments que nous exagérons les bonnes qualités des autres, que par
l'estime de leur mérite ; et nous voulons nous attirer des louanges,
lorsqu'il semble que nous leur en donnons. |
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On
n'aime point à louer, et on ne loue jamais
personne sans intérêt. La louange est une flatterie habile, cachée, et
délicate, qui satisfait différemment celui qui la donne, et celui qui
la reçoit. L'un la prend comme une récompense de son mérite ; l'autre
la donne pour faire remarquer son équité et son discernement. |
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Nous
choisissons souvent des louanges
empoisonnées qui font voir par contrecoup en ceux que nous louons des
défauts que nous n'osons découvrir d'une autre sorte. |
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Le
désir de mériter les louanges qu'on nous
donne fortifie notre vertu ; et celles que l'on donne à l'esprit, à la
valeur, et à la beauté contribuent à les augmenter. |
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La
nature fait le mérite, et la fortune le
met en œuvre. |
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La
fortune nous corrige de plusieurs défauts
que la raison ne saurait corriger. |
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Il
y a des gens dégoûtants avec du mérite, et
d'autres qui plaisent avec des défauts. |
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La
gloire des grands hommes se doit toujours
mesurer aux moyens dont ils se sont servis pour l'acquérir. |
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L'art
de savoir bien mettre en œuvre de
médiocres qualités dérobe l'estime et donne souvent plus de réputation
que le véritable mérite. |
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Il
est plus facile de paraître digne des
emplois qu'on n'a pas que de ceux que l'on exerce. |
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Notre
mérite nous attire l'estime des
honnêtes gens, et notre étoile celle du public. |
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L'avarice
est plus opposée à l'économie que
la libéralité. |
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La
constance en amour est une inconstance
perpétuelle, qui fait que notre cœur s'attache successivement à toutes
les qualités de la personne que nous aimons, donnant tantôt la
préférence à l'une, tantôt à l'autre ; de sorte que cette constance
n'est qu'une inconstance arrêtée et renfermée dans un même sujet. |
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Il
y a deux sortes de constance en amour:
l'une vient de ce que l'on trouve sans cesse dans la personne que l'on
aime de nouveaux sujets d'aimer, et l'autre vient de ce que l'on se
fait un honneur d'être constant. |
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Ce
qui nous fait aimer les nouvelles
connaissances n'est pas tant la lassitude que nous avons des vieilles
ou le plaisir de changer, que le dégoût de n'être pas assez admirés de
ceux qui nous connaissent trop, et l'espérance de l'être davantage de
ceux qui ne nous connaissent pas tant. |
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Nous
nous plaignons quelquefois légèrement de
nos amis pour justifier par avance notre légèreté. |
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Notre
repentir n'est pas tant un regret du
mal que nous avons fait, qu'une crainte de celui qui nous en peut
arriver. |
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Il
y a une inconstance qui vient de la
légèreté de l'esprit ou de sa faiblesse, qui lui fait recevoir toutes
les opinions d'autrui, et il y en a une autre, qui est plus excusable,
qui vient du dégoût des choses. |
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Les
vices entrent dans la composition des
vertus comme les poisons entrent dans la composition des remèdes. La
prudence les assemble et les tempère, et elle s'en sert utilement
contre les maux de la vie. |
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Il
faut demeurer d'accord à l'honneur de la
vertu que les plus grands malheurs des hommes sont ceux où ils tombent
par les crimes. |
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Il
y a des gens de qui l'on peut ne jamais
croire du mal sans l'avoir vu ; mais il n'y en a point en qui il nous
doive surprendre en le voyant. |
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Nous
élevons la gloire des uns pour abaisser
celle des autres. Et quelquefois on louerait moins Monsieur le Prince
et M. de Turenne si on ne les voulait point blâmer tous deux. |
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L'honnêteté
des femmes est souvent l'amour de
leur réputation et de leur repos. |
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La
valeur est dans les simples soldats un
métier périlleux qu'ils ont pris pour gagner leur vie. |
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La
parfaite valeur et la poltronnerie
complète sont deux extrémités où l'on arrive rarement. L'espace qui est
entre-deux est vaste, et contient toutes les autres espèces de courage
:
il n'y a pas moins de différence entre elles qu'entre les visages et
les humeurs. Il y a des hommes qui s'exposent volontiers au
commencement d'une action, et qui se relâchent et se rebutent aisément
par sa durée. Il y en a qui sont contents quand ils ont satisfait à
l'honneur du monde, et qui font fort peu de chose au delà. On en voit
qui ne sont pas toujours également maîtres de leur peur. D'autres se
laissent quelquefois entraîner à des terreurs générales. D'autres vont
à la charge parce qu'ils n'osent demeurer dans leurs postes. Il s'en
trouve à qui l'habitude des moindres périls affermit le courage et les
prépare à s'exposer à de plus grands. Il y en a qui sont braves à coups
d'épée, et qui craignent les coups de mousquet ; d'autres sont assurés
aux coups de mousquet, et appréhendent de se battre à coups d'épée.
Tous ces courages de différentes espèces conviennent en ce que la nuit
augmentant la crainte et cachant les bonnes et les mauvaises actions,
elle donne la liberté de se ménager. Il y a encore un autre ménagement
plus général ; car on ne voit point d'homme qui fasse tout ce qu'il
serait capable de faire dans une occasion s'il était assuré d'en
revenir. De sorte qu'il est visible que la crainte de la mort ôte
quelque chose de la valeur. |
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L'intrépidité
est une force extraordinaire de
l'âme qui l'élève au-dessus des troubles, des désordres et des émotions
que la vue des grands périls pourrait exciter en elle ; et c'est par
cette force que les héros se maintiennent en un état paisible, et
conservent l'usage libre de leur raison dans les accidents les plus
surprenants et les plus terribles. |
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La
plupart des hommes s'exposent assez dans
la guerre pour sauver leur honneur. Mais peu se veulent toujours
exposer autant qu'il est nécessaire pour faire réussir le dessein pour
lequel ils s'exposent. |
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La
vanité, la honte, et surtout le
tempérament, font souvent la valeur des hommes, et la vertu des femmes. |
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On
ne veut point perdre la vie, et on veut
acquérir de la gloire ; ce qui fait que les braves ont plus d'adresse
et d'esprit pour éviter la mort que les gens de chicane n'en ont pour
conserver leur bien. |
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Il
est de la reconnaissance comme de la bonne
foi des marchands: elle entretient le commerce ; et nous ne payons pas
parce qu'il est juste de nous acquitter, mais pour trouver plus
facilement des gens qui nous prêtent. |
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Ce
qui fait le mécompte dans la
reconnaissance qu'on attend des grâces que l'on a faites, c'est que
l'orgueil de celui qui donne, et l'orgueil de celui qui reçoit, ne
peuvent convenir du prix du bienfait. |
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Les
gens heureux ne se corrigent guère ; ils
croient toujours avoir raison quand la fortune soutient leur mauvaise
conduite. |
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Rien
n'est si contagieux que l'exemple, et
nous ne faisons jamais de grands biens ni de grands maux qui n'en
produisent de semblables. Nous imitons les bonnes actions par
émulation, et les mauvaises par la malignité de notre nature que la
honte retenait prisonnière, et que l'exemple met en liberté. |
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Il
y a dans les afflictions diverses sortes
d'hypocrisie. Dans l'une, sous prétexte de pleurer la perte d'une
personne qui nous est chère, nous nous pleurons nous-mêmes ; nous
regrettons la bonne opinion qu'il avait de nous ; nous pleurons la
diminution de notre bien, de notre plaisir, de notre considération.
Ainsi les morts ont l'honneur des larmes qui ne coulent que pour les
vivants. Je dis que c'est une espèce d'hypocrisie, à cause que dans ces
sortes d'afflictions on se trompe soi-même. Il y a une autre hypocrisie
qui n'est pas si innocente, parce qu'elle impose à tout le monde: c'est
l'affliction de certaines personnes qui aspirent à la gloire d'une
belle et immortelle douleur. Après que le temps qui consume tout a fait
cesser celle qu'elles avaient en effet, elles ne laissent pas
d'opiniâtrer leurs pleurs, leurs plaintes, et leurs soupirs ; elles
prennent un personnage lugubre, et travaillent à persuader par toutes
leurs actions que leur déplaisir ne finira qu'avec leur vie. Cette
triste et fatigante vanité se trouve d'ordinaire dans les femmes
ambitieuses. Comme leur sexe leur ferme tous les chemins qui mènent à
la gloire, elles s'efforcent de se rendre célèbres par la montre d'une
inconsolable affliction. Il y a encore une autre espèce de larmes qui
n'ont que de petites sources qui coulent et se tarissent facilement: on
pleure pour avoir la réputation d'être tendre, on pleure pour être
plaint, on pleure pour être pleuré ; enfin on pleure pour éviter la
honte de ne pleurer pas. |
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C'est
plus souvent par orgueil que par défaut
de lumières qu'on s'oppose avec tant d'opiniâtreté aux opinions les
plus suivies: on trouve les premières places prises dans le bon parti,
et on ne veut point des dernières. |
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Nous
nous consolons aisément des disgrâces de
nos amis lorsqu'elles servent à signaler notre tendresse pour eux. |
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Il
semble que l'amour-propre soit la dupe de
la bonté, et qu'il s'oublie lui-même lorsque nous travaillons pour
l'avantage des autres. Cependant c'est prendre le chemin le plus assuré
pour arriver à ses fins ; c'est prêter à usure sous prétexte de donner
; c'est enfin s'acquérir tout le monde par un moyen subtil et délicat. |
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Il
n'est pas si dangereux de faire du mal à
la plupart des hommes que de leur faire trop de bien. |
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Rien
ne flatte plus notre orgueil que la
confiance des grands, parce que nous la regardons comme un effet de
notre mérite, sans considérer qu'elle ne vient le plus souvent que de
vanité, ou d'impuissance de garder le secret. |
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On
peut dire de l'agrément séparé de la
beauté que c'est une symétrie dont on ne sait point les règles, et un
rapport secret des traits ensemble, et des traits avec les couleurs et
avec l'air de la personne. |
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La
fidélité qui paraît en la plupart des
hommes n'est qu'une invention de l'amour-propre pour attirer la
confiance. C'est un moyen de nous élever au-dessus des autres, et de
nous rendre dépositaires des choses les plus importantes. |
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Il
y a des personnes à qui les défauts siéent
bien, et d'autres qui sont disgraciées avec leurs bonnes qualités. |
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L'humilité
n'est souvent qu'une feinte
soumission, dont on se sert pour soumettre les autres ; c'est un
artifice de l'orgueil qui s'abaisse pour s'élever ; et bien qu'il se
transforme en mille manières, il n'est jamais mieux déguisé et plus
capable de tromper que lorsqu'il se cache sous la figure de l'humilité. |
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L'éducation
que l'on donne d'ordinaire aux
jeunes gens est un second amour-propre qu'on leur inspire. |
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Ce
qu'on nomme libéralité n'est le plus
souvent que la vanité de donner, que nous aimons mieux que ce que nous
donnons. |
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Il
y a des gens qu'on approuve dans le monde,
qui n'ont pour tout mérite que les vices qui servent au commerce de la
vie. |
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La
grâce de la nouveauté est à l'amour ce que
la fleur est sur les fruits ; elle y donne un lustre qui s'efface
aisément, et qui ne revient jamais. |
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Le
bon naturel, qui se vante d'être si
sensible, est souvent étouffé par le moindre intérêt. |
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Les
femmes croient souvent aimer encore
qu'elles n'aiment pas. L'occupation d'une intrigue, l'émotion d'esprit
que donne la galanterie, la pente naturelle au plaisir d'être aimées,
et la peine de refuser, leur persuadent qu'elles ont de la passion
lorsqu'elles n'ont que de la coquetterie. |
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Ce
qui fait que l'on est souvent mécontent de
ceux qui négocient, est qu'ils abandonnent presque toujours l'intérêt
de leurs amis pour l'intérêt du succès de la négociation, qui devient
le leur par l'honneur d'avoir réussi à ce qu'ils avaient entrepris. |
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L'approbation
que l'on donne à ceux qui
entrent dans le monde vient souvent de l'envie secrète que l'on porte à
ceux qui y sont établis. |
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Il
y a des faussetés déguisées qui
représentent si bien la vérité que ce serait mal juger que de ne s'y
pas laisser tromper. |
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Il
n'y a pas quelquefois moins d'habileté à
savoir profiter d'un bon conseil qu'à se bien conseiller soi-même. |
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La
magnanimité est assez définie par son nom
; néanmoins on pourrait dire que c'est le bon sens de l'orgueil, et la
voie la plus noble pour recevoir des louanges. |
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Ce
n'est pas tant la fertilité de l'esprit
qui nous fait trouver plusieurs expédients sur une même affaire, que
c'est le défaut de lumière qui nous fait arrêter à tout ce qui se
présente à notre imagination, et qui nous empêche de discerner d'abord
ce qui est le meilleur. |
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Il
y a des affaires et des maladies que les
remèdes aigrissent en certains temps ; et la grande habileté consiste à
connaître quand il est dangereux d'en user. |
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La
modération ne peut avoir le mérite de
combattre l'ambition et de la soumettre: elles ne se trouvent jamais
ensemble. La modération est la langueur et la paresse de l'âme, comme
l'ambition en est l'activité et l'ardeur. |
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La
reconnaissance de la plupart des hommes
n'est qu'une secrète envie de recevoir de plus grands bienfaits. |
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Presque
tout le monde prend plaisir à
s'acquitter des petites obligations ; beaucoup de gens ont de la
reconnaissance pour les médiocres ; mais il n'y a quasi personne qui
n'ait de l'ingratitude pour les grandes. |
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On
a fait une vertu de la modération pour
borner l'ambition des grands hommes, et pour consoler les gens
médiocres de leur peu de fortune, et de leur peu de mérite. |
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Ce
qui nous empêche d'ordinaire de faire voir
le fond de notre cœur à nos amis, n'est pas tant la défiance que nous
avons d'eux, que celle que nous avons de nous-mêmes. |
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Ce
n'est pas un grand malheur d'obliger des
ingrats, mais c'en est un insupportable d'être obligé à un malhonnête
homme. |
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Nous
sommes plus près d'aimer ceux qui nous
haïssent que ceux qui nous aiment plus que nous ne voulons. |
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Notre
sagesse n'est pas moins à la merci de
la fortune que nos biens. |
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On
croit quelquefois haïr la flatterie, mais
on ne hait que la manière de flatter. |
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Il
est plus difficile d'être fidèle à sa
maîtresse quand on est heureux que quand on en est maltraité. |
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Les
femmes peuvent moins surmonter leur
coquetterie que leur passion. |
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Il
est de certaines bonnes qualités comme des
sens: ceux qui en sont entièrement privés ne les peuvent apercevoir ni
les comprendre. |
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L'accent
du pays où l'on est né demeure dans
l'esprit et dans le cœur, comme dans le langage. |
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Il
ne peut y avoir de règle dans l'esprit ni
dans le cœur des femmes, si le tempérament n'en est d'accord. |
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On
a bien de la peine à rompre, quand on ne
s'aime plus. |
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On
perd quelquefois des personnes qu'on
regrette plus qu'on n'en est affligé ; et d autres dont on est affligé,
et qu'on ne regrette guère. |
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Les
petits esprits sont trop blessés des
petites choses ; les grands esprits les voient toutes, et n en sont
point blessés. |
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L'humilité
est la véritable preuve des vertus
chrétiennes: sans elle nous conservons tous nos défauts, et ils sont
seulement couverts par l'orgueil qui les cache aux autres, et souvent à
nous-mêmes. |
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Les
infidélités devraient éteindre l'amour,
et il ne faudrait point être jaloux quand on a sujet de l'être. Il n'y
a que les personnes qui évitent de donner de la jalousie qui soient
dignes qu'on en ait pour elles. |
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On
sait assez qu'il ne faut guère parler de
sa femme ; mais on ne sait pas assez qu'on devrait encore moins parler
de soi. |
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Il
y a de bonnes qualités qui dégénèrent en
défauts quand elles sont naturelles, et d'autres qui ne sont jamais
parfaites quand elles sont acquises. Il faut, par exemple, que la
raison nous fasse ménagers de notre bien et de notre confiance ; et il
faut, au contraire, que la nature nous donne la bonté et la valeur. |
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Il
y a peu d'honnêtes femmes qui ne soient
lasses de leur métier. |
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La
plupart des honnêtes femmes sont des
trésors cachés, qui ne sont en sûreté que parce qu'on ne les cherche
pas. |
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C'est
presque toujours la faute de celui qui
aime de ne pas connaître quand on cesse de l'aimer. |
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Si
on croit aimer sa maîtresse pour l'amour
d'elle, on est bien trompé. |
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L'envie
est détruite par la véritable amitié,
et la coquetterie par le véritable amour. |
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Il
faut gouverner la fortune comme la santé:
en jouir quand elle est bonne, prendre patience quand elle est
mauvaise, et ne faire jamais de grands remèdes sans un extrême besoin. |
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L'air
bourgeois se perd quelquefois à l'armée
; mais il ne se perd jamais à la cour. |
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On
garde longtemps son premier amant, quand
on n'en prend point de second. |
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Nous
n'avons pas le courage de dire en
général que nous n'avons point de défauts, et que nos ennemis n'ont
point de bonnes qualités ; mais en détail nous ne sommes pas trop
éloignés de le croire. |
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Il
y a une élévation qui ne dépend point de
la fortune: c'est un certain air qui nous distingue et qui semble nous
destiner aux grandes choses ; c'est un prix que nous nous donnons
imperceptiblement à nous-mêmes ; c'est par cette qualité que nous
usurpons les déférences des autres hommes, et c'est elle d'ordinaire
qui nous met plus au-dessus d'eux que la naissance, les dignités, et le
mérite même. |
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L'élévation
est au mérite ce que la parure
est aux belles personnes. |
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Ce
qui se trouve le moins dans la galanterie,
c'est de l'amour. |
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La
fortune se sert quelquefois de nos défauts
pour nous élever, et il y a des gens incommodes dont le mérite serait
mal récompensé si on ne voulait acheter leur absence. |
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Il
semble que la nature ait caché dans le
fond de notre esprit des talents et une habileté que nous ne
connaissons pas ; les passions seules ont le droit de les mettre au
jour, et de nous donner quelquefois des vues plus certaines et plus
achevées que l'art ne saurait faire. |
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Il
s'en faut bien que ceux qui s'attrapent à
nos finesses ne nous paraissent aussi ridicules que nous nous le
paraissons à nous-mêmes quand les finesses des autres nous ont attrapés. |
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Nous
croyons souvent avoir de la
constance dans les malheurs, lorsque nous n'avons que de l'abattement,
et nous les souffrons sans oser les regarder comme les poltrons se
laissent tuer de peur de se défendre. |
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La
grâce de la nouveauté et la
longue habitude, quelque opposées qu'elles soient, nous empêchent
également de sentir les défauts de nos amis. |
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Les
femmes qui aiment pardonnent
plus aisément les grandes indiscrétions que les petites infidélités. |
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La
plus véritable marque d'être
né avec de grandes qualités, c'est d'être né sans envie. |
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Quand
nos amis nous ont trompés,
on ne doit que de l'indifférence aux marques de leur amitié, mais on
doit toujours de la sensibilité à leurs malheurs. |
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On ne doit pas juger du mérite
d'un homme par ses grandes qualités, mais par l'usage qu'il en sait
faire. |
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Il
y a une certaine
reconnaissance vive qui ne nous acquitte pas seulement des bienfaits
que nous avons reçus, mais qui fait même que nos amis nous doivent en
leur payant ce que nous leur devons. |
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Ce
qui fait que la plupart des
femmes sont peu touchées de l'amitié, c'est qu'elle est fade quand on a
senti de l'amour. |
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Lorsque
la fortune nous surprend
en nous donnant une grande place sans nous y avoir conduits par degrés,
ou sans que nous nous y soyons élevés par nos espérances, il est
presque impossible de s'y bien soutenir, et de paraître digne de
l'occuper. |
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Il
n'y a point d'homme qui se
croie en chacune de ses qualités au-dessous de l'homme du monde qu'il
estime le plus. |
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Il
n'y a guère d'occasion où
l'on fit un méchant marché de renoncer au bien qu'on dit de nous, à
condition de n'en dire point de mal. |
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Le
même orgueil qui nous fait
blâmer les défauts dont nous nous croyons exempts, nous porte à
mépriser les bonnes qualités que nous n'avons pas. |
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Il
y a souvent plus d'orgueil
que de bonté à plaindre les malheurs de nos ennemis ; c'est pour leur
faire sentir que nous sommes au-dessus d'eux que nous leur donnons des
marques de compassion. |
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Il
y a peu de femmes dont le
mérite dure plus que la beauté. |
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La
même fermeté qui sert à
résister à l'amour sert aussi a le rendre violent et durable, et les
personnes faibles qui sont toujours agitées des passions n'en sont
presque jamais véritablement remplies. |
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L'esprit s'attache par paresse
et par constance à ce qui lui est facile ou agréable ; cette habitude
met toujours des bornes à nos connaissances, et jamais personne ne
s'est donné la peine d'étendre et de conduire son esprit aussi loin
qu'il pourrait aller. |
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L'extrême avarice se méprend
presque toujours ; il n'y a point de passion qui s'éloigne plus souvent
de son but, ni sur qui le présent ait tant de pouvoir au préjudice de
l'avenir. |
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