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Ce
qui s'écrit |
Gustav
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Je
ne me souvenais pas de moi. C'est désormais chose acquise, je pourrais jouer à être
moi, ou plutôt à faire semblant et il ne se passerait rien.
Il y a ces jours, il y a ces nuits qui ne disent
même plus l'absence. Alors, je
vais de Brest à Lannilis, voir le tumulus amusant, comme une jetée
de terre qui subsisterait.
La Bretagne n'existe pas, pas plus que l'idée de Bretagne.
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Daniel
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C'est
en fait comme lorsque j'ai lu Proust pour la première fois. Je ne comprenais pas
comment le narrateur avait pu oublier
et le narrateur, en fait, croit se souvenir et ne se souvient jamais.
Proust raconte de fait l'histoire d'un narrateur qui ne se souvient pas
et montre ainsi que ce que l'on raconte de ce que l'on vit n'a pas
besoin de rencontrer ce que les autres racontent de ce que l'on a vécu
et qui est tout entier contenu dans l'assertion : c'est vrai. Et c'est
sans doute ainsi que la question de la mémoire peut être résolue
provisoirement, par l'idée que ce dont on ne se souvient pas rejoint
tout ce que l'on n'a pas vécu et que c'est infiniment plus grand
que ce que l'on a vécu et que ce dont on se souvient.
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Noëmie
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Mais
la mémoire peut faire souffrir. Elle peut se
venger
et le jour et la nuit. Elle peut provoquer des larmes.
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Mathieu
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Je
comprends ce que tu dis. Tu
me demandes
ce que je fais et je n'en sais rien.
Tu me demandes ce que j'ai fait et je ne m'en souviens plus. Tu me
demandes ce que je ferai et je ne ferai rien. je suis l'exemple même du
personnage que l'on n'aimerait pas avoir comme personnage. |
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