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Daniel
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Je
me rappelle la
longue promenade
dans les bois, le soleil changeant, la verdure menaçante de brun,
de jaune et de vent. Je suis rentré et la fatigue s'estompe.
Je me rappelle aussi le temps infini qu'il m'a fallu pour dire mon nom,
pour trouver mon nom. Mais
il en est
ainsi, de fait, de chacun d'entre-nous
et notre auteur éprouve certainement avec nous autant de difficultés
que j'en éprouve avec mes personnages. Comme l'a dit
La Rochefoucauld, un esprit droit a
moins de peine de se soumettre aux esprits de travers que de les
conduire. Cependant, désormais, dire mon nom, trouver
mon nom est une
épreuve passée, le passé. Et pourtant je doute
et je fais douter mes personnages comme on fait pour soi
même, indéfiniment, dans l'espace clos de la vie. Est-ce que c'est
dans notre jeu, ce doute infini ?
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