Diégèse | |||||||||
vendredi 22 août 2014 | 2014 | ||||||||
ce travail est commencé depuis 5348 jours (22 x 7 x 191 jours) | et son auteur est en vie depuis 19801 jours (19801 est un nombre premier) | ||||||||
ce qui représente 27,0087% de la vie de l'auteur | sept cent soixante-quatre semaines d'écriture | ||||||||
hier |
L'atelier du texte | demain | |||||||
La Fortune des Rougon2 | |||||||||
Dans ces dispositions
d'esprit, il accueillit le coup d'État avec la
joie chaude et bruyante d'un chien qui flaire la curée. Les quelques
libéraux honorables de
la ville n'ayant pu s'entendre et se tenant à
l'écart, il se trouva naturellement un des agents les plus en vue de
l'insurrection. Les ouvriers, malgré l'opinion
déplorable qu'ils
avaient fini par avoir de ce paresseux, devaient le prendre à
l'occasion comme un drapeau de ralliement. Mais les premiers jours, la
ville restant paisible, Macquart crut ses plans déjoués.
Ce fut
seulement à la nouvelle du soulèvement des campagnes qu'il se remit à
espérer. Pour rien au monde, il n'aurait quitté Plassans ; aussi
inventa-t-il un prétexte pour ne pas suivre les ouvriers qui
allèrent,
le dimanche matin, rejoindre la bande insurrectionnelle de la Palud et
de Saint-Martin-de-Vaulx. Le soir du même jour, il était avec quelques
fidèles dans un estaminet borgne du vieux quartier, lorsqu'un camarade
accourut les prévenir que les insurgés se trouvaient à quelques
kilomètres de Plassans.
Cette nouvelle venait d'être apportée par une
estafette qui avait réussi à pénétrer dans la ville, et qui était
chargée d'en faire ouvrir les portes à la colonne, Il y eut une
explosion de triomphe. Macquart surtout parut délirer d'enthousiasme. L'arrivée imprévue des insurgés lui sembla une attention délicate de la Providence à son égard. Et ses mains tremblaient à la pensée qu'il tiendrait bientôt les Rougon à la gorge. |
Émile Zola 1870
|
||||||||
Macquart
n'avait aucun respect véritable pour les insurgés. Il
voyait en eux une bande de gueux qu'il conviendrait de remettre au
travail dès que son pouvoir sur la ville serait assuré. Ici encore, la
chose est plus courante qu'on le croit habituellement et parmi ceux qui
sollicitent les suffrages du peuple, ils sont nombreux ceux qui, en
vérité, le méprisent sinon le haïssent. C'est ce qui explique,
d'ailleurs, en grande partie, que les promesses s'envolent une fois le
pouvoir gagné. C'est ce qui explique aussi que le pouvoir n'est jamais
vraiment partagé. Méprisant le peuple, les dirigeants, fussent-ils dans
leurs discours les Républicains les plus farouches, ne sauraient
lui
confier une parcelle de ce précieux pouvoir . On a vu ainsi des
conversions rapides d'ouvriers qui, portés vers la Chambre, sont
rapidement devenus des bourgeois pontifiants. Si un jour un régime se
réclame du peuple et par le peuple, nul doute qu'en une ou deux
générations, il ne produise une oligarchie nouvelle, sans doute pire
que celle qu'il aura renversée. Les historiens expliqueront certainement les événements politiques de ce mois de décembre 1851, autrement que par la haine indéfectible qu'un bâtard nourrissait pour le fils légitime de sa mère. Mais la grande histoire abrite de multiples histoires qui, pour infimes qu'elles soient, nourrissent le flot de ce qui restera dans les livres. La haine de Macquart nourrissait l'insurrection de Plassans. |
Daniel Diégèse 2014
|
||||||||
22 août | |||||||||
2009 | 2008 | 2007 | 2006 | 2005 | 2004 | 2003 | 2002 | 2001 | 2000 |
|
|
|
|
|
|
2013 | 2012 | 2011 | 2010 |