Diégèse | |||||||||
mardi 15 avril 2014 | 2014 | ||||||||
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La Fortune des Rougon2 | |||||||||
En face des deux bâtards, Pierre semblait un étranger, il différait d'eux profondément, pour quiconque ne pénétrait pas les racines mêmes de son être. Jamais enfant ne fut à pareil point la moyenne équilibrée des deux créatures qui l'avaient engendré. Il était un juste milieu entre le paysan Rougon et la fille nerveuse Adélaïde. Sa mère avait en lui dégrossi le père. Ce sourd travail des tempéraments qui détermine à la longue l'amélioration ou la déchéance d'une race, paraissait obtenir chez Pierre un premier résultat. Il n'était toujours qu'un paysan, mais un paysan à la peau moins rude, au masque moins épais, à l'intelligence plus large et plus souple. Même son père et sa mère s'étaient chez lui corrigés l'un par l'autre. Si la nature d'Adélaïde, que la rébellion des nerfs affinait d'une façon exquise, avait combattu et amoindri les lourdeurs sanguines de Rougon, la masse pesante de celui-ci s'était opposée à ce que l'enfant reçût le contrecoup des détraquements de la jeune femme. |
Émile Zola 1870
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Il n'est cependant pas possible de bien connaître ce qui, de l'hérédité du sang ou des circonstances de sa jeune vie, avait décidé de son caractère, voire même de sa complexion. On a ainsi vu des enfants, enlevés tôt à leurs parents pour être élevés par une institution ou par des relations éloignées perdre rapidement des traits que l'on croyait issus de leur race. Les marques physiques, elles-mêmes, selon la vie menée, s'accentuent ou s'estompent. Un visage disgracieux le devient par la vie, par l'alcool, par de mauvaises pensées, par le milieu hostile de la fabrique ou de la mine, quand il s'adoucirait jusqu'à l'aimable s'il était conservé dans la douceur d'un hôtel particulier de centre ville. Pierre Rougon se tenait à distance de Macquart et n'avait pas connu son père. Il lui avait fallu endosser dès son plus jeune âge la figure paternelle et n'en jamais rien démentir, sachant confusément que c'était cela que sa mère attendait de lui, et le faubourg aussi. Son rôle, qu'il ne pouvait discuter, était de rétablir un semblant d'ordre et de norme au sein du fantasque de sa famille. |
Daniel Diégèse 2014
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15
avril |
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