Diégèse | |||||||||
mardi 22 avril 2014 | 2014 | ||||||||
ce travail est commencé depuis 5226 jours (2 x 3 x 13 x 67 jours) | et son auteur est en vie depuis 19679 jours (11 x 1789 jours) | ||||||||
ce qui représente 26,5562% de la vie de l'auteur | |||||||||
hier | L'atelier du texte | demain | |||||||
La Fortune des Rougon2 | |||||||||
Pierre se débarrassa d'Ursule
d'une façon
encore plus
inattendue. Un ouvrier chapelier du faubourg, nommé Mouret, se prit d'une belle
tendresse pour la jeune fille, qu'il trouvait frêle et blanche comme
une demoiselle du quartier Saint-Marc. Il l'épousa. Ce fut de
sa part un mariage
d'amour, un véritable coup de tête, sans calcul aucun. Quant à
Ursule, elle
accepta ce mariage pour fuir une maison où son frère aîné lui rendait
la vie
intolérable. Sa mère, enfoncée dans ses jouissances, mettant ses
dernières
énergies à se défendre elle-même, en était arrivée a une indifférence
complète ;
elle fut même heureuse de son départ, espérant que Pierre, n'ayant plus aucun
sujet de mécontentement, la laisserait vivre en paix, à sa guise. Dès
que les
jeunes gens furent mariés, Mouret comprit qu'il devait
quitter Plassans, s'il
ne voulait pas entendre chaque jour des paroles désobligeantes sur sa
femme et
sur sa belle-mère. Il partit, il emmena Ursule à Marseille où il travailla de
son état. D'ailleurs, il n'avait pas demandé un sou de dot. Comme Pierre, surpris de ce désintéressement, s'était mis à balbutier, cherchant à lui donner des explications, il lui avait fermé la bouche en disant qu'il préférait gagner le pain de sa femme. Le digne fils du paysan Rougon demeura inquiet ; cette façon d'agir lui sembla cacher un piège. |
Émile Zola 1870
|
||||||||
Il
chercha cependant en vain ce que Mouret pouvait bien lui demander en
retour. Dans cette affaire aussi l'esprit maquignon de Pierre
l'aveuglait. Il était comme ces marchands de bestiaux qui ont vendu une
bête malade sans le dire et qui, dès lors, à chaque foire et à chaque
marché, craignent de voir revenir leur acheteur en colère et prompt à
ruiner leur réputation. Car, d'une certaine façon, il avait vendu sa
sœur, la pauvrette, la laissant sans le sou alors qu'il aurait pu la
doter, elle la bâtarde. Il ne pouvait certes imaginer que les
sentiments de Mouret l'avaient rendu insensible à la condition de la
jeune fille. Rougon était incapable de concevoir même que les
sentiments puissent conduire au désintéressement. Il se tenait
résolument à l'écart de l'un et de l'autre. Ces choses-là n'existaient
que dans les livres et Rougon n'en lisait pas. En aurait-il lu, qu'il
n'y aurait pas cru et que cela n'aurait en rien éveillé son imagination
racornie. Il finit donc par accepter qu'il en fût ainsi, et ne demanda
pas de nouvelles du couple nouvellement marseillais. Mais au fond de lui subsistait le doute. Si Mouret ne demandait pas de dot pour Ursule, c'est qu'il avait un plan et si ce plan n'était pas immédiat, c'est qu'il était à long terme. Rougon se persuada ainsi qu'il fallait surveiller tout ce qui pouvait provenir des Mouret, dût-il exercer sa vigilance pendant des générations. |
Daniel Diégèse 2014
|
||||||||
22 avril |
|||||||||
2009 | 2008 | 2007 | 2006 | 2005 | 2004 | 2003 | 2002 | 2001 | 2000 |
|
|
|
|
|
|
2013 | 2012 | 2011 | 2010 |