Diégèse




mercredi 24 décembre 2014



2014
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La Fortune des Rougon2




Aussi Rougon et Aristide furent-ils reçus avec enthousiasme ; toutes les mains se tendirent vers eux. On alla jusqu'à s'embrasser. Angèle était sur le canapé, à côté de sa belle-mère, heureuse, regardant la table avec l'étonnement d'une grosse mangeuse qui n'avait jamais vu autant de plats à la fois. Aristide s'approcha, et Sicardot vint complimenter son gendre du superbe article de l'Indépendant. Il lui rendait son amitié. Le jeune homme, aux questions paternelles qu'il lui adressait, répondit que son désir était de partir avec tout son petit monde pour Paris, où son frère Eugène le pousserait ; mais il lui manquait cinq cents francs. Sicardot les promit, en voyant déjà sa fille reçue aux Tuileries par Napoléon III.
Cependant
Félicité avait fait un signe à son mari. Pierre, très entouré, questionné affectueusement sur sa pâleur, ne réussit qu'à s'échapper une minute. Il put murmurer à l'oreille de sa femme qu'il avait retrouvé Pascal et que Macquart partait dans la nuit. Il baissa encore la voix pour lui apprendre la folie de sa mère, en mettant un doigt sur sa bouche, comme pour dire : « Pas un mot, ça gâterait notre soirée. » Félicité pinça les lèvres, Ils échangèrent un regard où ils lurent leur commune pensée : maintenant, la vieille ne les gênerait plus ; on raserait la masure du braconnier, comme on avait rasé les murs de l'enclos des Fouque, et ils auraient à jamais le respect et la considération de Plassans.

La Fortune des Rougon
Émile Zola
1870
Le salon jaune était ainsi comme l'antique cimetière de Saint Mittre où les jeunes plantes prospéraient sur la pourriture laissée par les très anciens morts. Pierre et Félicité étaient de ces plantes grimpantes qui se parent de fruits immangeables mais colorés qui parviennent à tromper jusqu'aux oiseaux de passage. On peut se demander d'ailleurs ce qui, dans la nature, a pu valoir que des plantes aussi inutiles puissent prospérer, elles qui ne produisent rien, mais qui, bien au contraire, délitent les pierres des murs sur lesquels elles grimpent et tuent en les étouffant les plantes dans leur proximité. Un savant comme Pascal trouverait certainement des raisons à cela, qui verraient dans ces plantes des réservoirs utiles à la vie des insectes, de la nourriture pour certains animaux nuisibles qui participent pourtant de la vie comme certains criminels sont parties constituantes de la société. Mais, alors que les animaux ne se risquent jamais à avaler des baies qui ne sont pas comestibles, l'homme lui, parvient encore à s'empoisonner, trompé par la couleur et la forme alléchante. C'est à bien y considérer une curiosité que cet animal qui se considère comme supérieur et qui n'a pas cet instinct de conservation commun pourtant à tous les autres êtres vivants. Leurré par des baies non comestibles, l'homme peut donc l'être aussi par des idées clinquantes, des paroles chatoyantes, des résolution martiales. Et Plassans peut respecter les Rougon.
Zola augmenté
Daniel Diégèse
2014










24 décembre






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