Diégèse | |||||||||
mardi 18 février 2014 | 2014 | ||||||||
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La Fortune des Rougon2 | |||||||||
Brusquement,
Silvère leva la tête.
Il se débarrassa des plis de la pelisse, il prêta
l'oreille. Miette, surprise, l'imita, sans
comprendre pourquoi il se
séparait
d'elle d'un geste si prompt. Depuis un instant, des bruits confus venaient de derrière les coteaux, au milieu desquels se perd la route de Nice. C'étaient comme les cahots éloignés d'un convoi de charrettes. La Viorne, d'ailleurs, couvrait de son grondement ces bruits encore indistincts. Mais peu à peu ils s'accentuèrent, ils devinrent pareils aux piétinements d'une armée en marche. Puis on distingua, dans ce roulement continu et croissant, des brouhahas de foule, d'étranges souffles d'ouragan cadencés et rythmiques ; on aurait dit les coups de foudre d'un orage qui s'avançait rapidement, troublant déjà de son approche l'air endormi. Silvère écoutait, ne pouvant saisir ces voix de tempête que les coteaux empêchaient d'arriver nettement jusqu'à lui. Et, tout à coup, une masse noire apparut au coude de la route ; la Marseillaise, chantée avec une furie vengeresse, éclata, formidable. « Ce sont eux ! » s'écria Silvère dans un élan de joie et d'enthousiasme. |
Émile Zola 1870
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La foule
faisait chant, le chant faisait foule, et il aurait été
impossible de distinguer la foule du chant, le chant de la foule. La
force de l'apparition était bien celle que l'on donne aux événements du
climat, aux crues vengeresses, aux tempêtes dévastatrices, aux grandes
pluies orageuses qui libèrent soudainement de la touffeur de l'été. La
foule marchait. Car la Marseillaise est un chant de marche. On l'a trop
souvent entendue assénée à des assemblées figées dans la commémoration,
le deuil ou la solennité pour toujours s'en souvenir. Ces «
enfants de la Patrie
» que le chant harangue sont des soldats, comme ils sont aussi des
insurgés. Il y a toujours de l'étonnement à entendre sur une place de
village ou de ville le chant de la Révolution appeler à une marche qui
semble dès lors figer ceux qui en reçoivent l'ardente instruction. Mais
là, la Marseillaise avait entièrement repris sa forme originale, qui
est celle d'habiter une foule qui marche au combat, soudée par un
esprit de liberté frondeur, entretenant par ses couplets l'exaltation
des combattants. Sur cette route des collines, en cette nuit froide et
pourtant enfiévrée, le chant révolutionnaire reprenait sang, débarrassé
de la gangue compassée que lui avaient assénée les notables. |
Daniel Diégèse 2014
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18 février | |||||||||
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