Diégèse | |||||||||
mardi 14 janvier 2014 | 2014 | ||||||||
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La Fortune des Rougon2 | |||||||||
Il y avait là, dans
l'angle, une
vieille pierre
tombale
oubliée lors du déménagement de l'ancien cimetière et qui, posée sur un champ
et un peu de biais, faisait une sorte de banc élevé. La pluie en avait
émietté
les bords, la mousse la rongeait lentement. On eût cependant pu
lire encore, au
clair de lune, ce fragment d'épitaphe gravé sur la face qui entrait en
terre : Cy-gist… Marie… morte… Le temps avait effacé le reste. Quand il eut caché son fusil, le jeune homme, écoutant de nouveau et n'entendant toujours rien, se décida à monter sur la pierre. Le mur était bas ; il posa les coudes sur le chaperon. Mais au-delà de la rangée de mûriers qui longe la muraille, il ne vit qu'une plaine de lumière ; les terres du Jas-Meiffren, plates et sans arbres, s'étendaient sous la lune comme une immense pièce de linge écru ; à une centaine de mètres, l'habitation et les communs habités par le méger faisaient des taches d'un blanc plus éclatant. Le jeune homme regardait de ce côté avec inquiétude, lorsqu'une horloge de la ville se mit à sonner sept heures, à coups graves et lents. Il compta les coups, puis il descendit de la pierre comme surpris et soulagé. |
Émile Zola 1870
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La nuit pouvait commencer. Certes, le soleil avait disparu depuis longtemps et l'obscurité avait pris l'aire Saint-Mittre et semblait ne plus devoir la quitter. Mais, la nuit obéit davantage aux sonneries des hommes qu'au soleil et à la lune. Cette nuit commença à sept heures. Les bêtes étaient nourries. On avait mangé. La lumière dans les maisons pauvres était éteinte. Les morts du cimetière ne bougeaient toujours pas et cette Marie, morte jeune ou pas, était embarrassée de garder le fusil du jeune homme enfiévré qui attendait là sur sa couche funéraire. Tout cela ne lui disait rien qui vaille, car on ne sort pas la nuit tombée avec un fusil sans raison violente. Elle se demandait quelles étaient les batailles de ce jeune homme inquiet, tout à la fois impatient et patient. Le temps s'était allongé près de lui jusqu'à ne plus bouger ou presque. Dans le silence de sa présence nocturne et armée, le temps s'était figé, comme glacé par le froid qui montait vers le ciel. Le temps espérait encore qu'il s'agissait là d'un rendez-vous amoureux et que le fusil marquait seulement la crainte d'un amant jaloux. Le temps se fait parfois complice des criminels et des amoureux. |
Daniel Diégèse 2014
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14 janvier | |||||||||
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