Diégèse | |||||||||
mercredi 16 juillet 2014 | 2014 | ||||||||
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La Fortune des Rougon2 | |||||||||
À l'avance, ils savaient qu'ils seraient plutôt aidés qu'entravés par le clergé et la noblesse. Mais, dans le cas où le sous-préfet, le maire et les autres fonctionnaires se mettraient en avant et étoufferaient immédiatement l'insurrection, ils se trouveraient diminués, arrêtés même dans leurs exploits ; ils n'auraient ni le temps ni les moyens de se rendre utiles. Ce qu'ils rêvaient, c'était l'abstention complète, la panique générale des fonctionnaires. Si toute administration régulière disparaissait, et s'ils étaient alors un seul jour les maîtres des destinées de Plassans, leur fortune était solidement fondée. Heureusement pour eux, il n'y avait pas dans l'administration un homme assez convaincu ou assez besogneux pour risquer la partie. Le sous-préfet était un esprit libéral que le pouvoir exécutif avait oublié à Plassans, grâce sans doute au bon renom de la ville ; timide de caractère, incapable d'un excès de pouvoir, il devait se montrer fort embarrassé devant une insurrection. Les Rougon, qui le savaient favorable à la cause démocratique, et qui, par conséquent, ne redoutaient pas son zèle, se demandaient simplement avec curiosité quelle attitude il prendrait. La municipalité ne leur donnait guère plus de crainte. Le maire, M. Garçonnet, était un légitimiste que le quartier Saint-Marc avait réussi à faire nommer en 1849 ; il détestait les républicains et les traitait d'une façon fort dédaigneuse ; mais il se trouvait trop lié d'amitié avec certains membres du clergé, pour prêter activement la main à un coup d'État bonapartiste. Les autres fonctionnaires étaient dans le même cas. Les juges de paix, le directeur de la poste, le percepteur, ainsi que le receveur particulier, M. Peirotte, tenant leur place de la réaction cléricale, ne pouvaient accepter l'empire avec de grands élans d'enthousiasme. Les Rougon, sans bien voir comment ils se débarrasseraient de ces gens là et feraient ensuite place nette pour se mettre seuls en vue, se livraient pourtant à de grandes espérances, en ne trouvant personne qui leur disputât leur rôle de sauveurs. |
Émile Zola 1870
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Ainsi, parfois, et même très souvent, pendant les crises, des médiocres face à plus médiocres qu'eux peuvent paraître providentiels. Il ne faut pas chercher beaucoup dans l'histoire pour trouver des exemples frappants. Ainsi, les carolingiens, qui n'étaient au commencement que des intendants, durent d'abord leur destin à la faiblesse insigne des mérovingiens. Hugues Capet n'aurait jamais fondé la dynastie des capétiens sans la déchéance de Charles le Simple. La longue litanie des rois de France, présentée dans les classes comme une volonté divine devant encourager à louer la grandeur des souverains du royaume, n'est bien en réalité qu'une suite de hasards, de coups bas et de compromis sinon de compromissions. Le plus souvent, ce n'est pas le plus fort, ni même le plus habile, qui triomphe, mais bien celui qui se trouvait là, au bon moment, et en mesure de prendre un pouvoir qui, dans la plupart des cas, ne demandait qu'à être pris. Au fond de leur cœur, et mal gré qu'ils en avaient, les républicains savaient déjà que la république allaient se donner rapidement et sans presque coup férir. L'assemblée législative avait depuis longtemps, par ses querelles intestines et par son incapacité à agir, renié l'idéal de la révolution. Le peuple n'en pouvait plus de tous ses reniements successifs. Il n'était pas certain qu'il voulût l'empire mais il voulait bien que cela cesse, allant même dans certains cas jusqu'à préférer devoir se battre contre un ennemi bien identifié, que contre mille ennemis éparpillés et sans force. Les fonctionnaires en poste à Plassans étaient à la mesure de la faiblesse du pouvoir en place. Personne n'espérait qu'ils fissent acte de bravoure et chacun savait, ceux qui se préparaient à se battre et ceux qui craignaient l'émeute, que, quand retentirait le tocsin, ils se barricaderaient dans leurs maisons de la ville neuve. Il y avait encore plus à craindre des couvents, des moines et des moniales. Le goût du martyre qu'ont ces gens-là les poussent parfois à faire des bêtises. Des fonctionnaires hardis, on en eût trouvé, mais en d'autres temps. |
Daniel Diégèse 2014
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16 juillet |
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