Diégèse | |||||||||
lundi 21 juillet 2014 | 2014 | ||||||||
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La Fortune des Rougon2 | |||||||||
Vers neuf heures,
Granoux arriva,
essoufflé ; il sortait d'une séance
du conseil municipal, convoqué d'urgence. D'une voix étranglée par l'émotion, il dit que le maire, M. Garçonnet, tout en faisant ses réserves, s'était montré décidé à maintenir l'ordre par les moyens les plus énergiques. Mais la nouvelle qui fit le plus clabauder le salon jaune, fut celle de la démission du sous-préfet ; ce fonctionnaire avait absolument refusé de communiquer aux habitants de Plassans les dépêches du ministre de l'Intérieur ; il venait, affirmait Granoux, de quitter la ville, et c'était par les soins du maire que les dépêches se trouvaient affichées. C'est peut-être le seul sous-préfet, en France, qui ait eu le courage de ses opinions démocratiques. Si l'attitude ferme de M. Garçonnet inquiéta secrètement les Rougon, ils firent des gorges chaudes sur la fuite du sous-préfet, qui leur laissait la place libre. Il fut décidé, dans cette mémorable soirée, que le groupe du salon jaune acceptait le coup d'État et se déclarait ouvertement en faveur des faits accomplis. Vuillet fut chargé d'écrire immédiatement un article dans ce sens, que La Gazette publierait le lendemain. Lui et le marquis ne firent aucune objection. Ils avaient sans doute reçu les instructions des personnages mystérieux auxquels ils faisaient parfois une dévote allusion. Le clergé et la noblesse se résignaient déjà à prêter main-forte aux vainqueurs pour écraser l'ennemie commune, la République. |
Émile Zola 1870
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Cependant, si le sous-préfet
pouvait s'enorgueillir de n'avoir
pas trahi et ses convictions démocratiques et la République, acceptant
par là-même un avenir incertain, il laissait la place libre à toutes
les dérives et à toutes les exagérations. Le salon jaune avait le goût
des fusillades et nul doute que si des ouvriers se rebellaient, ils
auraient à cœur de leur faire subir le sort qu'ils réservaient quelque
temps plus tôt aux républicains italiens. Quant au maire, quand bien-même les Rougon faisaient mine de croire qu'il pût soudainement incarner la force publique sinon la puissance publique, il n'y avait guère à craindre d'un homme qui se nomme « Garçonnet ». Certes l'homme n'y était pour rien, portant le nom de ses ancêtres, mais on sait que même après des générations, un patronyme trop marqué influe toujours sur la personnalité de ceux qui le porte. On ne compte plus les meuniers qui se nomment « Dumoulin » et les forgerons « Fabre ». Garçonnet jouait en permanence à la grande personne, enflant sa voix et ses gestes tant, au fond de lui, il estimait impossible que le peuple de Plassans obéît à un maire qui se nommait de la sorte. Il ne restait donc personne des corps constitués pour sauver la République et la débandade était complète avant même que la crise eût commencé. Il restait seulement le journal l'Indépendant et le fougueux Aristide qui ne manquerait pas de dénoncer le lendemain le coup d'État, la fuite du sous-préfet et l'impéritie du Maire. Mais le marquis avait raison. Aristide n'avait rien d'un martyr. |
Daniel Diégèse 2014
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