Diégèse




mercredi 4 juin 2014



2014
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La Fortune des Rougon2




L'histoire politique de Plassans, ainsi que celle de toutes les petites villes de la Provence, offre une curieuse particularité. Jusqu'en 1830, les habitants restèrent catholiques pratiquants et fervents royalistes ; le peuple lui-même ne jurait que par Dieu et que par ses rois légitimes. Puis un étrange revirement eut lieu ; la foi s'en alla, la population ouvrière et bourgeoise, désertant la cause de la légitimité, se donna peu à peu au grand mouvement démocratique de notre époque. Lorsque la révolution de 1848 éclata, la noblesse et le clergé se trouvèrent seuls à travailler au triomphe d'Henri V. Longtemps, ils avaient regardé l'avènement des Orléans comme un essai ridicule qui ramènerait tôt ou tard les Bourbons ; bien que leurs espérances fussent singulièrement ébranlées, ils n'en engagèrent pas moins la lutte, scandalisés par la défection de leurs anciens fidèles et s'efforçant de les ramener à eux. Le quartier Saint-Marc, aidé de toutes les paroisses, se mit à l'œuvre. Dans la bourgeoisie, dans le peuple surtout, l'enthousiasme fut grand au lendemain des journées de février ; ces apprentis républicains avaient hâte de dépenser leur fièvre révolutionnaire.
La Fortune des Rougon
Émile Zola
1870
Mais si Paris avait cédé à la République, Plassans avait feint son consentement et continuait à feindre jusqu'en ces jours de décembre de 1851. La majorité des habitants, et cela est vrai pour les bourgeois comme pour les ouvriers, n'ont aucun goût pour l'élaboration de la chose politique, le débat d'idées, les hautes aspirations. La messe, qu'elle soit catholique ou républicaine, est seulement l'occasion de se rassembler, de voir comment grandissent les filles des voisins pour envisager ou non des unions de familles et parfois, rarement, espérer le Salut, voire même prier un peu dans l'espoir du paradis. La figuration de ce paradis n'est jamais que Plassans avec un peu plus d'opulence. Le peu de goût de ces paysans et ces petits commerçants pour les jeux de l'esprit les empêche à jamais d'imaginer quoi que ce soit, et même une vie radicalement meilleure. La ville déteste par dessus tout l'instabilité qui, dans l'esprit de la majorité, ne peut être qu'aventureuse. Rares étaient ceux qui, comme les Rougon, avaient des appétits féroces et des envies de reclassement. En 1848, il n'y avait pas eu de barricades. Le clergé attendait le retour à la normale et priait pour la vie du comte de Chambord.
Zola augmenté
Daniel Diégèse
2014










4 juin







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