Diégèse | |||||||||
lundi 9 juin 2014 | 2014 | ||||||||
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La Fortune des Rougon2 | |||||||||
La position
particulière du marquis fit de lui, à
Plassans, dès les
premiers jours de la République, l'agent actif du
mouvement
réactionnaire. Ce petit
homme remuant, qui avait tout à gagner au
retour de ses
rois légitimes, s'occupa
avec fièvre du triomphe de leur cause. Tandis
que la
noblesse riche du
quartier Saint-Marc s'endormait
dans son désespoir
muet, craignant
peut-être de se compromettre et de se voir de nouveau condamnée à
l'exil, lui
se multipliait, faisait de la propagande, racolait des fidèles. Il fut
une arme
dont une main invisible tenait la poignée. Dès lors, ses visites chez
les
Rougon devinrent
quotidiennes. Il lui fallait un centre d'opérations.
Son
parent, M. de Valqueyras, lui ayant défendu
d'introduire des
affiliés dans
son hôtel, il avait
choisi le salon jaune de Félicité. D'ailleurs, il
ne tarda
pas à trouver dans Pierre un aide précieux. Il ne
pouvait aller prêcher
lui-même la cause de la légitimité aux petits détaillants et aux
ouvriers du
vieux quartier ; on l'aurait hué. Pierre, au contraire, qui avait vécu au milieu de ces gens-là, parlait leur langue, connaissait leurs besoins, arrivait à les catéchiser en douceur. Il devint ainsi l'homme indispensable. En moins de quinze jours, les Rougon furent plus royalistes que le roi. Le marquis, en voyant le zèle de Pierre, s'était finement abrité derrière lui. À quoi bon se mettre en vue, quand un homme à fortes épaules veut bien endosser toutes les sottises d'un parti ? Il laissa Pierre trôner, se gonfler d'importance, parler en maître, se contentant de le retenir ou de le jeter en avant, selon les nécessités de la cause. |
Émile Zola 1870
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On
voit ainsi souvent dans les partis fleurir de ces hommes
liges qui sont poussés sur le devant de la scène mais qui ne sont que
les pantins et les marionnettes d'autres plus stratèges qui, derrière
eux, attendent leur heure. C'est que la place de tribun n'a pas que des
avantages. On peut parfois lasser et devenir rapidement sans qu'on ait
pu vraiment le prévoir la tête de jeu de massacre de ceux qui, le temps
d'avant, vous acclamaient. On trouve plusieurs cas de figure. Il y
a
celui qui, disgracieux et ne sachant parler, choisit pour le
représenter un mandataire qui présente bien et sait parler haut et
fort. Le peuple, bon public, adore depuis l'antiquité ces formes de
simulacre et ce genre d'homme politique donne à celui qui sait observer
l'impression persistante de rencontrer une statue parlante. Il y a le
poltron, sinon le pleutre, qui a peur de prendre des coups, ou qui n'a
aucun goût pour la populace, mais qui, devant en passer par elle pour
atteindre le pouvoir et l'argent, doit consentir à faire entendre sa
voix par l'usage d'un porte-parole derrière lequel il se tiendra. On a vu cependant à travers les siècles et jusque dans les périodes les plus récentes, certaines de ces créatures échapper à leur créateur et prendre soudainement leur autonomie politique. Le maître de la marionnette a beau jeu de crier à la trahison : cela ne s'entend plus. Ces mouvements-là n'augurent en général rien de bon. Les pantins échappés à leurs maîtres sont les plus brutaux et les plus assoiffés de pouvoir et d'argent. Leur dictature ne peut qu'être féroce. |
Daniel Diégèse 2014
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9 juin |
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