Diégèse




samedi 14 juin 2014



2014
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La Fortune des Rougon2




On voyait aussi, chez les Rougon, un personnage aux mains humides, aux regards louches, le sieur Vuillet, un libraire qui fournissait d'images saintes et de chapelets toutes les dévotes de la ville. Vuillet tenait la librairie classique et la librairie religieuse ; il était catholique pratiquant, ce qui lui assurait la clientèle des nombreux couvents et des paroisses. Par un coup de génie, il avait joint à son commerce la publication d'un petit journal hebdomadaire, la Gazette de Plassans, dans lequel il s'occupait exclusivement des intérêts du clergé. Ce journal lui mangeait chaque année un millier de francs ; mais il faisait de lui un champion de l'Église et l'aidait à écouler les rossignols sacrés de sa boutique. Cet homme illettré, dont l'orthographe était douteuse, rédigeait lui-même les articles de la Gazette avec une humilité et un fiel qui lui tenaient lieu de talent. Aussi le marquis, en se mettant en campagne, avait-il été frappé du parti qu'il pourrait tirer de cette figure plate de sacristain, de cette plume grossière et intéressée. Depuis février, les articles de la Gazette contenaient moins de fautes ; le marquis les revoyait.
La Fortune des Rougon
Émile Zola
1870
Ce qu'on pouvait lire dans la Gazette semblait de peu d'importance. Il y avait bien sûr le jour et l'heure des offices ordinaires mais aussi l'annonce des fêtes. Les fêtes, particulièrement, donnaient l'occasion au rédacteur de rappeler la vie des saints et de glisser quelques remarques édifiantes qui faisaient de toute personne qui résistait à la République une forme de saint martyr. C'était dans ce genre de comparaisons que la Gazette de Plassans excellait. La République était, selon les cas, nommée Rome ou Babylone et les croyants de Plassans, souvent confits dans la dévotion la plus superstitieuse, gagnaient ainsi le rang des protomartyrs. Les saints de Provence tenaient une place particulière dans les récits apocryphes de la Gazette. Le préféré était de loin Saint Maximin, l'ami de Marie-Madeleine à côté de qui il est enseveli. Que Félicité et Pierre Rougon pussent s'identifier aux deux saints était d'un grotesque irrésistible. Mais tel était bien leur fantaisie. Ils n'avaient certes aucune velléité d'évangélisation. Ce qui les intéressait dans le culte, c'était le culte, et la possibilité d'y paraître en procession.
Zola augmenté
Daniel Diégèse
2014










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