Diégèse | |||||||||
jeudi premier mai 2014 | 2014 | ||||||||
ce travail est commencé depuis 5235 jours (3 x 5 x 349 jours) | et son auteur est en vie depuis 19688 jours (23 x 23 x 107 jours) | ||||||||
ce qui représente 26,5898% de la vie de l'auteur | |||||||||
hier |
L'atelier du texte | demain | |||||||
La Fortune des Rougon2 | |||||||||
Le jeune
ménage se mit bravement à la conquête de
la fortune. La maison Puech et Lacamp se trouvait moins
compromise que
Pierre ne le pensait. Le
chiffre des dettes était faible, l'argent seul
manquait. En
province, le commerce a des allures prudentes qui le sauvent des grands
désastres. Les Puech et Lacamp étaient sages parmi les plus sages ; ils risquaient un millier d'écus en tremblant ; aussi leur maison, un véritable trou, n'avait-elle que très peu d'importance. Les cinquante mille francs que Pierre apporta suffirent pour payer les dettes et pour donner au commerce une plus large extension. Les commencements furent heureux. Pendant trois années consécutives, la récolte des oliviers donna abondamment. Félicité, par un coup d'audace qui effraya singulièrement Pierre et le vieux Puech, leur fit acheter une quantité considérable d'huile qu'ils amassèrent et gardèrent en magasin. Les deux années suivantes, selon les pressentiments de la jeune femme, la récolte manqua, il y eut une hausse considérable, ce qui leur permit de réaliser de gros bénéfices en écoulant leur provision. Peu de temps après ce coup de filet, Puech et le sieur Lacamp se retirèrent de l'association, contents des quelques sous qu'ils venaient de gagner, mordus par l'ambition de mourir rentiers. |
Émile Zola 1870
|
||||||||
C'est aussi qu'en province,
les vieux savent se retirer et
n'encombrent pas inconsidérément les affaires de leurs enfants. On
pourrait croire que c'est pour les laisser, eux jeunes, s'occuper d'un
monde qui change. Il n'en est rien. C'est qu'ils ont justement
l'illusion que le monde ne change pas et qu'ainsi, parce que leurs rues
et leurs maisons n'ont en rien été modifiées depuis leurs aïeux, ils
pensent qu'il en est ainsi du pays entier sinon de la terre entière.
C'est ce qui fait le charme des sous-préfectures, confites dans un
temps qui semble arrêté et qui s'émeuvent des nouvelles d'un monde qui
leur paraît lointain dans la distance et dans le temps. Le plus
souvent, c'est Paris qui concentre leurs craintes et, de façon
paradoxale, leurs envies. En ces temps-là, aller à Paris, c'était
voyager dans le temps d'idées nouvelles et de procédés nouveaux.
Certains se risquaient à tenter de les importer dans les provinces
lointaines et jugées arriérées. Peu y réussissaient. Ceux qui
échouaient étaient regardés comme des fous dangereux quand ceux qui
parvenaient à vaincre la malédiction de l'immobilisme provincial
étaient jalousés mais considérés comme traitres. Le jeune ménage Rougon avait l'intention de commettre cette traitrise et de ne pas se contenter longtemps d'un obscur commerce d'huile dans une mauvaise rue de Plassans, à la merci de la perte des récoltes. |
Daniel Diégèse 2014
|
||||||||
premier mai | |||||||||
2009 | 2008 | 2007 | 2006 | 2005 | 2004 | 2003 | 2002 | 2001 | 2000 |
|
|
|
|
|
|
2013 | 2012 | 2011 | 2010 |