Diégèse | |||||||||
samedi 10 mai
2014 |
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La Fortune des Rougon2 | |||||||||
Un jour, comme elle
reprochait amèrement à
son aîné les
sommes d'argent que lui avait coûtées son instruction, il lui dit avec
non
moins d'amertume : Félicité comprit la profondeur de ces paroles. Dès lors, elle cessa d'accuser ses enfants, elle tourna sa colère contre le sort, qui ne se lassait pas de la frapper. Elle recommença ses doléances, elle se mit à geindre de plus belle sur le manque de fortune qui la faisait échouer au port. Quand Rougon lui disait : « Tes fils sont des fainéants, ils nous grugeront jusqu'à la fin », elle répondait aigrement : « Plût à Dieu que j'eusse encore de l'argent à leur donner. S'ils végètent, les pauvres garçons, c'est qu'ils n'ont pas le sou. » Au commencement de l'année 1848, à la veille de la révolution de février, les trois fils Rougon avaient à Plassans des positions fort précaires. Ils offraient alors des types curieux, profondément dissemblables, bien que parallèlement issus de la même souche. Ils valaient mieux en somme que leurs parents. La race des Rougon devait s'épurer par les femmes. Adélaïde avait fait de Pierre un esprit moyen, apte aux ambitions basses ; Félicité venait de donner à ses fils des intelligences plus hautes, capables de grands vices et de grandes vertus. |
Émile Zola 1870
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On aurait pu dessiner sur leur visage et l'ensemble de leur corps ce qui revenait à Adélaïde et à Félicité comme se dessinent sur les pierres les veines des sédiments compressés lors du processus de pétrification. Adélaïde et Félicité étaient toutes deux filles de Plassans, de cette Provence qui chante en travaillant et qui connaît la valeur des couleurs. Si Félicité n'avait pas la folie d'Adélaïde, elle avait aussi une forme ténue de fantaisie qu'elle réfrénait avec ardeur. N'aurait-elle pas eu ce goût forcené de l'argent et du pouvoir qu'elle aurait pu tenter de s'élever autrement de sa condition et sa vaillance sinon son intrépidité auraient pu la jeter sur les routes en quête d'une aventure marchande. Si Plassans avait été plus proche de la mer, elle se serait embarquée vers les Amériques pour tenter la fortune du nouveau monde. Elle en rêvait parfois mais son rêve la ramenait toujours aux remparts de Plassans. Félicité ne réussissait pas car elle n'avait pas la force mentale d'abolir les remparts de Plassans et ses rêves de puissance se bornaient à la sous-préfecture. C'est aussi en cela que ses fils échouaient et semblaient toujours arrimés à la terre de l'enclos des Fouque pourtant désormais disparu. Le manque d'argent était ainsi une conséquence de la disposition d'esprit qu'elle avait léguée à ses fils et non la cause première de la façon dont ils végétaient frileusement. Aurait-on déplacé cette famille dans une ville sans rempart que l'imagination de Félicité aurait pu s'envoler. |
Daniel Diégèse 2014
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10 mai | |||||||||
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