Diégèse | |||||||||
lundi 19 mai 2014 | 2014 | ||||||||
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La Fortune des Rougon2 | |||||||||
Pendant les quatre années que le ménage resta chez lui, il tempêta ainsi, usant en querelles sa rage impuissante, sans qu'Aristide ni Angèle sortissent le moins du monde de leur calme souriant. Ils s'étaient posés là, ils y restaient, comme des masses. Enfin, Pierre eut une heureuse chance ; il put rendre à son fils ses dix mille francs. Quand il voulut compter avec lui, Aristide chercha tant de chicanes, qu'il dut le laisser partir sans lui retenir un sou pour ses frais de nourriture et de logement. Le ménage alla s'établir à quelques pas, sur une petite place du vieux quartier, nommée la place Saint-Louis. Les dix mille francs furent vite mangés. Il fallut s'établir. Aristide, d'ailleurs, ne changea rien à sa vie tant qu'il y eut de l'argent à la maison. Lorsqu'il en fut à son dernier billet de cent francs, il devint nerveux. On le vit rôder dans la ville d'un air louche ; il ne prit plus sa demi-tasse au cercle ; il regarda jouer, fiévreusement, sans toucher une carte. La misère le rendit pire encore qu'il n'était. |
Émile Zola 1870
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Quelque chose en lui l'empêchait de travailler, et même davantage, de consentir au travail. Il en parlait parfois le soir avec Angèle et échafaudait pour elle des contes dans lesquels cette aversion profonde pour le salariat venait d'une lointaine ascendance noble. Il s'agissait alors cependant d'une noblesse de cour et il lui fallait aller dans son récit jusqu'à Versailles et jusqu'au roi pour pouvoir imaginer des aristocrates aussi paresseux que lui. Angèle, confit au milieu de ses rubans, affamée comme à son habitude, écoutait, acquiesçait et parfois même participait et ils n'étaient pas rares les soirs où un récit précis d'un banquet à la cour leur tenait de repas dès qu'ils avaient mangé une mauvaise soupe confectionnée avec des restes. Il emmenait parfois Félicité dans ses chimères, flattée, mais sans le dire, que son fils pût croire à son ascendance secrète. Aristide et Angèle, dans leur pauvreté lyrique, étaient ridicules et comme toutes les personnes ridicules, n'en savaient rien. |
Daniel Diégèse 2014
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19 mai | |||||||||
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