Diégèse | |||||||||
mardi 20 mai 2014 | 2014 | ||||||||
ce travail est commencé depuis 5254 jours (2 x 37 x 71 jours) | et son auteur est en vie depuis 19707 jours (3 x 6569) | ||||||||
ce qui représente 26,6606% de la vie de l'auteur | |||||||||
hier | L'atelier du texte | demain | |||||||
La Fortune des Rougon2 | |||||||||
Longtemps, il tint le coup,
il s'entêta à ne
rien faire. Il
eut un enfant, en 1840, le petit Maxime, que sa grand-mère
Félicité fit
heureusement entrer au collège, et dont elle paya secrètement la
pension.
C'était une bouche de moins chez Aristide ; mais la pauvre Angèle mourait
de faim, le mari dut enfin chercher une place. Il réussit à entrer à la
sous-préfecture. Il y
resta près de dix années, et n'arriva qu'aux
appointements de dix-huit cents francs. Dès lors, haineux, amassant
le
fiel, il
vécut dans l'appétit continuel des jouissances dont il était sevré. Sa
position
infime l'exaspérait ; les misérables cent cinquante francs qu'on
lui
mettait dans la main, lui semblaient une ironie de la fortune. Jamais
pareille
soif d'assouvir sa chair ne brûla un homme. Félicité, à laquelle il
contait ses
souffrances, ne fut pas fâchée de le voir affamé ; elle pensa que
la
misère fouetterait ses paresses. L'oreille au guet, en embuscade, il se
mit à
regarder autour de lui, comme un voleur qui cherche un bon coup à
faire. Au
commencement de l'année 1848, lorsque son frère partit
pour Paris, il
eut un
instant l'idée de le suivre. Mais Eugène était garçon ; lui ne pouvait traîner sa femme si loin, sans avoir en poche une forte somme, Il attendit, flairant une catastrophe, prêt à étrangler la première proie venue. |
Émile Zola 1870
|
||||||||
On rencontre ainsi parfois dans les administrations et jusque dans les sous-préfectures les plus reculées des hommes qui pensent avoir manqué la rencontre avec leur destin. Il y a ceux qui cultivent un talent artistique et qui sitôt leurs tâches terminées et souvent bâclées filent vers le motif leur chevalet sous le bras ou s'emparent d'un instrument de musique au grand dam de leur voisinage. Il y a ceux qui perdent une grand part de la journée en conversations incessantes avec les autres employés de bureau et qui échafaudent des plans de fortune qu'ils sont les seuls à croire encore. Certains deviennent même la risée de leurs congénères qui s'amusent avant de s'agacer de ces rodomontades répétées. Il y a encore ceux qui font des rêves de voyages et de pays lointains. Enfin, ceux qui s'absorbent dans les sociétés savantes et l'histoire locale sont les plus curieux. Dès qu'ils sont sortis de leurs fiches et des nomenclatures qu'ils tiennent pour l'État, pour le Département ou pour la municipalité, ils plongent, dans le secret de leur cabinet, dans d'autres tas de fiches et tiennent consciencieux des registres ornementés. Certains voient ainsi dans la tenue du cadastre une forme de distraction ultime qui leur procurent les plus grandes joies. Veut-on les déplacer et leur donner un autre emploi qu'ils tombent malades rapidement et vont jusqu'à en mourir. |
Daniel Diégèse 2014
|
||||||||
20 mai |
|||||||||
2009 | 2008 | 2007 | 2006 | 2005 | 2004 | 2003 | 2002 | 2001 | 2000 |
|
|
|
|
|
|
2013 | 2012 | 2011 | 2010 |