Diégèse




jeudi 9 octobre 2014



2014
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La Fortune des Rougon2




Cependant, au milieu du cours, La Palud et Saint-Martin-de-Vaulx, s'étant reformés, se tenaient farouches et debout.
Un
bûcheron, un géant dont la tête dépassait celle de ses compagnons, criait, en agitant sa cravate rouge : « À nous, Chavanoz, Graille, Poujols, Saint-Eutrope ! à nous, les Tulettes ! à nous, Plassans ! » De grands courants de foule traversaient l'esplanade.
L'homme au sabre, entouré des gens de Faverolles, s'éloigna, avec plusieurs contingents des campagnes, Vernoux, Corbière, Marsanne, Pruinas, pour tourner l'ennemi et le prendre de flanc. D'autres, Valqueyras, Nazères, Castel-le-Vieux, les Roches-Noires, Murdaran, se jetèrent à gauche, se dispersèrent en tirailleurs dans la plaine des Nores.
Et, tandis que
le cours se vidait, les villes, les villages que le bûcheron avait appelés à l'aide se réunissaient, formaient sous les ormes une masse sombre, irrégulière, groupée en dehors de toutes les règles de la stratégie, mais qui avait roulé là, comme un bloc, pour barrer le chemin ou mourir.
Plassans se trouvait au milieu de ce bataillon héroïque. Dans la teinte grise des blouses et des vestes, dans l'éclat bleuâtre des armes, la pelisse de Miette, qui tenait le drapeau à deux mains, mettait une large tache rouge, une tache de blessure fraîche et saignante.

La Fortune des Rougon
Émile Zola
1870
Ce qui avait prévalu au choix des villages et des bourgs dans cette stratégie improvisée était d'ordre géographique mais un fin connaisseur de ce bout de campagne eût pu reconnaître dans ces regroupements de très anciennes alliances qui formaient comme un paysage. Ceux qui restaient sur le cours pour tenir la place et faire barrage comme une barricade humaine étaient ceux qui vivaient dans les villes et les bourgs, comme si, vivant dans des maisons blotties les unes contre les autres, adossées les unes aux autres, avaient cette habitude de se tenir serrés les uns contre les autres, et que cela les rassurait et qu'ils marchaient ainsi plus naturellement. Les villages et les hameaux des campagnes qui se préparaient à prendre la troupe de flanc, c'étaient les gens des plaines, qui savent tirer parti de l'agencement du paysage pour séparer leurs bêtes des cultures et qui savent où il faut aller quand il pleut, quand il vente ou les jours de canicule pour se sentir au mieux. Pour eux, la géographie ne se lit qu'avec le climat et la même plaine est différente selon qu'il pleut, qu'il vente ou qu'il neige. Quant à ceux qui s'étaient dispersés en tirailleurs, c'étaient ceux des collines, qui ont l'habitude de se confondre avec les pierres sèches pour chasser le rare gibier ou pour échapper à la maréchaussée ou à la douane. Il y avait avec eux eux quelques contrebandiers de fortune qui ne concevaient le combat que par l'embuscade. Ainsi, instinctivement, les hommes de ce coin de Provence avaient recréé tout leur environnement.
Zola augmenté
Daniel Diégèse
2014










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