Diégèse | |||||||||
jeudi 4 septembre 2014 | 2014 | ||||||||
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La Fortune des Rougon2 | |||||||||
La jeune fille allait atteindre sa onzième année, lorsque sa tante Eulalie mourut brusquement. Dès ce jour, tout changea au logis. Rébufat se laissa peu à peu aller à traiter Miette en valet de ferme. Il l'accabla de besognes grossières, se servit d'elle comme d'une bête de somme. Elle ne se plaignit même pas, elle croyait avoir une dette de reconnaissance à payer. Le soir, brisée de fatigue, elle pleurait sa tante, cette terrible femme dont elle sentait maintenant toute la bonté cachée. D'ailleurs, le travail même dur ne lui déplaisait pas ; elle aimait la force, elle avait l'orgueil de ses gros bras et de ses solides épaules. Ce qui la navrait, c'était la surveillance méfiante de son oncle, ses continuels reproches, son attitude de maître irrité. À cette heure, elle était une étrangère dans la maison. Même une étrangère n'aurait pas été aussi maltraitée qu'elle. Rébufat abusait sans scrupule de cette petite parente pauvre qu'il gardait auprès de lui par une charité bien entendue. Elle payait dix fois de son travail cette dure hospitalité, et il ne se passait pas de journée qu'il ne lui reprochât le pain qu'elle mangeait. Justin, surtout, excellait à la blesser. Depuis que sa mère n'était plus là, voyant l'enfant sans défense, il mettait tout son mauvais esprit à lui rendre le logis insupportable. |
Émile Zola 1870
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De tous les esclavages dont les enfants sont les victimes, l'esclavage familial n'est pas le moins répandu. Si, chez Balzac, les Thénardier de Montfermeil n'étaient pas de la famille de la petite Euphrasie, dite Cosette, ils n'avaient pas grand chose à envier aux Rébufat, pour la façon dont ils traitaient, dans leur propre maison, la petite Miette, leur nièce. À treize ans, Miette n'avait échappé à aucune tâche difficile, sans jamais avoir entendu un seul remerciement. Mais c'est ce traitement, répété impitoyablement, qui renforça chez la petite fille, puis chez la jeune fille, la fierté et le courage. Elle aurait pu être abattue. Il n'en fut rien, et, paradoxalement, c'était la fierté et le courage de son père face au juge des Assises qui lui avait donné cet exemple. L'enfant ne s'associait pas à la honte que ressentait la famille d'avoir un parent forçat. Elle comprenait la logique curieuse de son père, dans ce qu'elle considérait, comme lui, être un acte légitime de défense. Fallait-il qu'il mourût plutôt que d'aller au bagne ? Il était difficile d'en décider. Son honneur eût-il été moins entaché s'il était mort sous le feu de la maréchaussée pour cause de braconnage ? Rien n'était moins certain. Ainsi, après avoir pleuré sa tante, Miette priait pour son père, espérant qu'il pût supporter les duretés inhumaines du bagne. |
Daniel Diégèse 2014
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4 septembre | |||||||||
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