Diégèse | |||||||||
vendredi 5 septembre 2014 | 2014 | ||||||||
ce travail est commencé depuis 5362 jours (2 x 7 x 383 jours) | et son auteur est en vie depuis 19815 jours (3 x 5 x 1321 jours) | ||||||||
ce qui représente 27,0603% de la vie de l'auteur | sept cent soixante-six semaines d'écriture | ||||||||
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La Fortune des Rougon2 | |||||||||
La plus ingénieuse
torture qu'il inventa fut de parler à Miette de son
père. La pauvre fille, ayant vécu hors du monde, sous la protection de
sa tante, qui avait défendu qu'on prononçât devant elle les mots de
bagne et de
forçat, ne
comprenait guère le sens de ces mots. Ce fut
Justin qui le lui
apprit, en lui racontant à sa manière le meurtre du
gendarme et la
condamnation de Chantegreil. Il ne tarissait pas
en
détails odieux : les forçats avaient un boulet au pied, ils
travaillaient quinze heures par jour, ils mouraient tous à la
peine ; le bagne était un lieu
sinistre dont il décrivait minutieusement toutes
les horreurs. Miette l'écoutait, hébétée,
les yeux en larmes. Parfois
des violences brusques la soulevaient, et Justin se hâtait de faire
un
saut en arrière, devant ses poings crispés. Il savourait en gourmand
cette cruelle initiation. Quand son père, pour la moindre négligence,
s'emportait contre l'enfant, il se mettait de la partie, heureux de
pouvoir l'insulter sans danger. Et si elle essayait de se défendre : « Va, disait-il, bon sang ne peut mentir : tu finiras au bagne, comme ton père. » Miette sanglotait, frappée au cœur, écrasée de honte, sans force. |
Émile Zola 1870
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Justin, en particulier, mais aussi son père, le méger Rébufat, faisaient tout pour abattre la petite fille qui devenait jeune fille, et l'on aurait dit que plus elle grandissait et devenait femme peu à peu, plus les tortures qu'ils imaginaient devenaient plus fortes et plus cruelles. L'excitation qui prenait Justin dans ces moments-là, laissait peu de doute sur ce qui motivait son comportement, derrière les apparences que prenait le harcèlement continuel qu'il mettait en œuvre. Le docteur Pascal, qui avait été amené à soigner plusieurs fois le fils comme le père avait constaté chez le fils des comportements curieux qui confinaient à la manie. En l'absence de sa cousine, ou si celle-ci se tenait trop éloignée pour qu'il pût l'atteindre, Justin se rabattait sur n'importe quel petit animal qui passait à sa portée, avec une préférence marquée pour les animaux à fourrure. Les petits lapins étaient ses objets de jeux préférés mais présentaient l'inconvénient majeur qu'il ne pouvait les tuer avant leur âge adulte. Élevés en batterie dans un coin de l'enclos, ils étaient destinés à la vente et le méger Rébufat surveillait qu'aucun ne disparût prématurément. |
Daniel Diégèse 2014
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5 septembre | |||||||||
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