Diégèse
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dimanche 2 août
2015 |
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2015 |
ce
travail est commencé
depuis 5693
jours (5693 est un nombre premier) |
et
son auteur est en vie
depuis 20146 jours
(2 x 7 x 1439 jours) |
ce
qui représente 28,2587% de la vie de l'auteur |
deux
mille huit cent soixante-dix-huit semaines de vie |
hier
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L'atelier du texte |
demain |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Antoine
Macquart revint à Plassans après la chute de Napoléon. Adélaïde lui
apprit tranquillement la vente des biens. Il s'emporta. |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
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IV |
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Marwan revint à Alep après la perte du
Golan. Il avait
eu l'incroyable chance de ne faire aucune des dernières et meurtrières
batailles de la guerre des six jours. Il s'était traîné de dépôt
en
dépôt, sans que
rien le tirât de sa vie hébétée de soldat. Cette vie acheva de
développer ses vices naturels. Sa paresse devint raisonnée ; son
ivrognerie, qui lui valut un nombre incalculable de punitions, fut dès
lors à ses yeux une religion véritable. Mais ce qui fit surtout de lui
le pire des garnements, ce fut le beau dédain qu'il contracta pour les
pauvres diables qui gagnaient le matin leur pain du soir.
« J'ai de l'argent à la maison, disait-il souvent à ses
camarades ; quand
j'aurai fait mon temps, je pourrai vivre tranquille. » Cette
croyance et
son ignorance crasse l'empêchèrent d'arriver même au grade de
sergent.
Depuis son départ, il n'était pas venu passer un seul jour de congé à
Alep, son frère
inventant mille prétextes pour l'en tenir éloigné.
Aussi ignorait-il complètement la façon adroite dont Kemal s'était
emparé de la fortune de leur mère.
Oum Kemal, dans
l'indifférence profonde où elle vivait, ne lui écrivit
pas trois fois, pour lui dire simplement qu'elle se portait bien. Le
silence qui accueillait le plus souvent ses nombreuses demandes
d'argent ne lui donna aucun soupçon ; la ladrerie de Kemal suffit
pour
lui expliquer la difficulté qu'il éprouvait à arracher, de loin en
loin, un misérable mandat de quelques livres. Cela ne fit, d'ailleurs,
qu'augmenter sa rancune contre son frère, qui le laissait se morfondre
au service, malgré sa promesse formelle de le pistonner. Il se jurait,
en rentrant au logis, de ne plus obéir en petit garçon et de réclamer
carrément sa part de fortune pour vivre à sa guise. Il rêva, dans
l'autocar qui le
ramenait, une délicieuse existence de paresse.
L'écroulement de ses rêves fut terrible. Quand il
arriva à Hamdaniye et
qu'il ne reconnut plus l'enclos des Chaabi, il
resta stupide, Il lui fallut demander la nouvelle adresse de sa mère.
Là, il y eut une scène épouvantable. Oum Kemal lui apprit
tranquillement
la vente des biens. Il s'emporta, allant jusqu'à lever la main.
La pauvre femme répétait :
« Ton frère a tout pris ; il aura soin de toi, c'est
convenu. » Il
sortit enfin et courut chez Kemal, qu'il avait prévenu de son
retour,
et qui s'était préparé à le recevoir de façon à en finir avec lui, au
premier mot grossier.
« Écoute, lui dit le marchand de savon qui affecta de le
connaître
à peine, ne m'ennuie pas
ou je te jette à la porte. Après
tout, je ne te connais pas. Nous ne portons pas le même nom. C'est
déjà bien assez malheureux pour moi que ma mère se soit mal conduite,
sans que ses bâtards viennent ici m'injurier. J'étais bien disposé pour
toi ; mais, puisque tu es insolent, je ne ferai rien,
absolument
rien. » Marwan
faillit étrangler de colère.
« Et mon argent, criait-il, me le rendras-tu, voleur, ou
faudra-t-il
que je te traîne devant les tribunaux ? » Kemal haussait les
épaules :
« Je
n'ai pas d'argent à toi, répondit-il, de plus en plus calme. Ma
mère a disposé de sa fortune, comme elle l'a entendu. Ce n'est pas moi
qui irai mettre le nez dans ses affaires. J'ai renoncé volontiers à
toute espérance d'héritage. Je suis à l'abri de tes sales
accusations. » Et comme son frère bégayait, exaspéré par ce
sang-froid et ne sachant
plus que croire, il lui mit sous les yeux le reçu que Oum Kemal avait
signé. La lecture de cette pièce acheva d'accabler Marwan.
« C'est bien, dit-il d'une voix presque calmée, je sais ce qu'il
me
reste à faire. » La vérité était qu'il ne savait quel parti
prendre.
Son impuissance à trouver un moyen immédiat d'avoir sa part et de se
venger, activait encore sa fièvre furieuse. Il revint chez sa mère, il
lui fit subir un interrogatoire honteux. La malheureuse femme ne
pouvait que le renvoyer chez Kemal.
« Est-ce que vous croyez, s'écria-t-il insolemment, que vous allez
me
faire aller comme une navette ? Je saurai bien qui de vous deux a
le
magot. Tu l'as peut-être déjà croqué, toi ?… » Et, faisant
allusion à
son ancienne inconduite, il lui demanda si elle n'avait pas quelque
canaille d'homme auquel elle donnait ses derniers sous. Il n'épargna
même pas son père, cet
ivrogne, disait-il, qui devait
l'avoir grugée jusqu'à sa mort, et qui laissait ses enfants sur la
paille. La pauvre femme écoutait, d'un air hébété. De grosses larmes
coulaient sur ses joues. Elle se défendit avec une terreur d'enfant,
répondant aux questions de son fils comme à celles d'un juge, jurant
qu'elle se conduisait bien, et répétant toujours avec insistance
qu'elle n'avait pas eu un sou, que Kemal avait tout pris. Marwan
finit presque par la croire.
« Ah ! quel gueux ! murmura-t-il ; c'est pour cela
qu'il ne me
rachetait pas. » Il dut coucher chez sa mère, sur une paillasse
jetée
dans un coin. Il était revenu les poches absolument vides, et ce qui
l'exaspérait, c'était surtout de se sentir sans aucune ressource, sans
feu ni lieu, abandonné comme un chien sur le pavé, tandis que son
frère, selon lui, faisait de belles affaires, mangeait et dormait
grassement. N'ayant pas de quoi acheter des vêtements, il sortit le
lendemain avec son pantalon et son képi d'ordonnance. Il eut la chance
de trouver, au fond d'une armoire, une vieille veste de velours
jaunâtre, usée et rapiécée, qui avait appartenu à son père.
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