Diégèse
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jeudi 6 août 2015 |
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2015 |
ce
travail est commencé
depuis 5697
jours (33 x 211
jours) |
et
son auteur est en vie
depuis 20150 jours
(2 x 52 x 13 x 31
jours) |
ce
qui représente 28,2730% de la vie de l'auteur |
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hier
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L'atelier du texte |
demain |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Antoine
Macquart lia connaissance avec Fine. Antoine finit par se dire que
c'était la femme qu'il lui fallait. Elle travaillerait pour deux.
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140
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
Yasmine, que toute la vieille ville connaissait sous le nom
d'Oum Mounir, était une
grande et grosse gaillarde d'une trentaine
d'années. Sa face carrée, d'une ampleur masculine, portait au menton et
aux lèvres des poils rares, mais terriblement longs. On la nommait
comme une maîtresse femme, capable à l'occasion de faire le coup de
poing. Aussi ses larges épaules, ses bras énormes imposaient-ils un
merveilleux respect aux gamins, qui n'osaient seulement pas sourire de
ses moustaches. Avec cela, Yasmine avait une toute petite
voix, une voix
d'enfant, mince et claire. Ceux qui la fréquentaient affirmaient que,
malgré son air terrible, elle était d'une douceur de mouton.
Très courageuse à la besogne, elle aurait pu mettre quelque argent de
côté, si elle n'avait aimé les liqueurs ; elle adorait l'arak. Souvent, le vendredi soir,
on était obligé de la rapporter chez elle.
Toute la semaine, elle travaillait avec un entêtement de bête. Elle
faisait trois ou quatre métiers, vendait des fruits ou des beignets
sur le marché, suivant
la saison, s'occupait des ménages de
quelques boutiques, allait
laver la vaisselle dans des restaurants les
jours de fête, et
employait ses loisirs à rempailler les vieilles
chaises. C'était surtout comme rempailleuse qu'elle était connue de la
ville entière.
On aime beaucoup à Alep, dans certains quartiers,
ces chaises de paille,
qui y sont d'un usage commun et dont la mode remonte à plusieurs décennies.
Marwan lia
connaissance avec Yasmine sur le marché.
Quand il allait y vendre ses corbeilles, l'hiver, il se mettait, pour
avoir chaud, à côté du fourneau sur lequel elle faisait cuire ses
beignets. Il fut
émerveillé de son courage, lui que la moindre
besogne épouvantait. Peu à peu, sous l'apparente rudesse de cette forte
commère, il découvrit des timidités, des bontés secrètes. Souvent il
lui voyait donner des beignets aux marmots en guenilles
qui s'arrêtaient en extase devant sa marmite fumante. D'autres fois,
lorsque l'inspecteur du marché la bousculait, elle pleurait presque,
sans paraître avoir conscience de ses gros poings. Marwan finit par se
dire que c'était la femme qu'il lui fallait. Elle travaillerait pour
deux, et il ferait la loi au logis. Ce serait sa bête de somme, une
bête infatigable et obéissante. Quant à son goût pour l'arak, il
le trouvait tout naturel. Après avoir bien pesé les avantages d'une
pareille union, il se déclara. Yasmine fut ravie. Jamais aucun
homme
n'avait osé s'attaquer à elle. On eut beau lui dire que Marwan était le
pire des chenapans, elle ne se sentit pas le courage de se refuser au
mariage que sa forte nature réclamait depuis longtemps. Le soir même
des noces, le jeune homme vint habiter le logement de sa femme,
dans la
vieille ville près de la porte d'Antioche ; ce logement, composé de
trois
pièces,
était beaucoup plus confortablement meublé que le sien, et ce fut avec
un soupir de contentement qu'il s'allongea sur les deux excellents
matelas qui garnissaient le lit.
Tout marcha bien pendant les premiers jours. Yasmine vaquait, comme par
le
passé, à ses besognes multiples ; Marwan, pris d'une sorte
d'amour-propre marital qui l'étonna lui-même, tressa en une semaine
plus de corbeilles qu'il n'en avait jamais fait en un mois. Mais,
le
vendredi, la guerre
éclata. Il y avait à la maison une somme assez
ronde que les époux entamèrent fortement. La nuit, ivres tous deux, ils
se battirent comme plâtre, sans qu'il leur fut possible, le lendemain,
de se souvenir comment la querelle avait commencé. Ils étaient restés
fort tendres jusque vers les dix heures ; puis Marwan s'était mis
à
cogner brutalement sur Yasmine, et Yasmine, exaspérée, oubliant sa
douceur,
avait rendu autant de coups de poing qu'elle recevait de gifles. Le
lendemain, elle se remit bravement au travail, comme si de rien
n'était. Mais son mari, avec une sourde rancune, se leva tard et alla
le restant du jour fumer son narguilé au soleil. |
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6 août
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