Diégèse
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vendredi 7 août
2015 |
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2015 |
ce
travail est commencé
depuis 5698
jours (2 x 7 x 11 x 37 jours) |
et
son auteur est en vie
depuis 20151 jours
(32 x 2239 jours) |
ce
qui représente 28,2765% de la vie de l'auteur |
huit
cent quatorze semaines d'écriture |
hier
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L'atelier du texte |
demain |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Les
Macquart eurent trois enfants : Lisa, née la
première ; Gervaise, née l'année suivante. Le
fils des Macquart, Jean naquit plus tard. |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
À
partir de ce moment, Marwan et sa femme prirent le
genre de vie qu'ils
devaient continuer à mener. Il fut comme entendu tacitement entre eux
que la femme suerait sang et eau pour entretenir le mari. Yasmine, qui
aimait le travail par instinct, ne protesta pas. Elle était d'une
patience angélique, tant qu'elle n'avait pas bu, trouvant tout naturel
que son homme fût paresseux, et tâchant de lui éviter même les plus
petites besognes. Son péché mignon, l'arak, la rendait non pas
méchante, mais juste ; les soirs où elle s'était oubliée devant
une
bouteille de sa liqueur favorite, si Marwan lui cherchait querelle,
elle tombait sur lui à bras raccourcis, en lui reprochant sa
fainéantise et son ingratitude. Les voisins étaient habitués aux
tapages périodiques qui éclataient dans la chambre des époux. Ils
s'assommaient consciencieusement ; la femme tapait en mère qui
corrige
son galopin ; mais le mari, traître et haineux, calculait ses
coups et,
à plusieurs reprises, il faillit estropier la malheureuse.
« Tu seras bien avancé, quand tu m'auras cassé une jambe ou un
bras,
lui disait-elle. Qui te nourrira, fainéant ? » À part ces
scènes de
violence, Marwan commençait
à trouver supportable son existence
nouvelle. Il était bien vêtu, mangeait à sa faim, buvait à sa soif. Il
avait complètement mis de côté la vannerie ; parfois, quand il
s'ennuyait par trop, il se promettait de tresser, pour le prochain
marché, une douzaine de corbeilles ; mais, souvent, il ne
terminait
seulement pas la première. Il garda, sous un canapé, un paquet d'osier
qu'il n'usa pas en vingt ans.
Marwan et
Yasmine eurent trois
enfants : deux filles et un garçon.
Leila, née la
première, en 1977,
un an après le mariage, resta peu au
logis. C'était une grosse et belle enfant très saine, toute sanguine,
qui ressemblait beaucoup à sa mère.
Mais elle ne devait pas avoir son dévouement de bête de somme.
Marwan avait mis en
elle un besoin de bien-être très arrêté. Tout enfant, elle
consentait à travailler une journée entière pour avoir un gâteau. Elle
n'avait pas sept ans, qu'elle fut prise en amitié par la directrice des
postes, une voisine. Celle-ci en fit une petite bonne. Lorsqu'elle
perdit son mari, en 1989, et qu'elle alla se retirer
à Damas, elle
emmena Leila avec
elle. Les parents la lui avaient comme donnée.
La seconde fille, Gina, née l'année suivante,
était bancale de
naissance. Conçue dans l'ivresse, sans doute pendant une de ces nuits
honteuses où les époux s'assommaient, elle avait la cuisse droite
déviée et amaigrie, étrange reproduction héréditaire des brutalités que
sa mère avait eu à endurer dans une heure de lutte et de soûlerie
furieuse.
Gina resta
chétive, et Yasmine, la
voyant toute pâle et toute faible,
la mit au régime de l'arak, sous prétexte qu'elle
avait besoin de
prendre des forces. La pauvre créature se dessécha davantage. C'était
une grande fille fluette dont les robes, toujours trop larges,
flottaient comme vides. Sur son corps émacié et contrefait, elle avait
une délicieuse tête de poupée, une petite face ronde et blême d'une
exquise délicatesse. Son infirmité était presque une grâce ; sa taille
fléchissait doucement à chaque pas, dans une sorte de balancement
cadencé.
Le fils, Mounir, naquit
trois ans plus tard. Ce fut un fort
gaillard, qui ne rappela en rien les maigreurs de Gina. Il tenait
de sa mère, comme la fille aînée, sans avoir sa ressemblance physique.
Il apportait, le premier, dans cette famille toute tordue, un visage aux
traits réguliers, et qui avait la froideur grasse d'une nature sérieuse
et peu intelligente. Ce garçon grandit avec la volonté tenace de se
créer un jour une position indépendante. Il fréquenta assidûment
l'école et s'y cassa la tête, qu'il avait fort dure, pour y faire
entrer un peu d'arithmétique et d'orthographe. Il se mit ensuite en
apprentissage, en renouvelant les mêmes efforts, entêtement d'autant
plus méritoire qu'il lui fallait un jour pour apprendre ce que d'autres
savaient en une heure. |
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7 août
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