Diégèse
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dimanche 16 août
2015 |
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2015 |
ce
travail est commencé
depuis 5707
jours (13 x 439 jours) |
et
son auteur est en vie
depuis 20160 jours
(26 x 32
x 5 x 7 jours) |
ce qui représente 28,3085% de la vie de l'auteur |
deux
mille huit cent quatre-vingt semaines de vie |
hier |
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L'atelier du texte |
demain |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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La
vie du jeune homme resta celle de l'enfant. Ses camarades blessaient
ses délicatesses par leurs joies brutales, Il préférait lire. |
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D'une
douceur d'enfant,
lui qui n'aurait pas écrasé une mouche, il parlait à toute heure de prendre les armes.
La liberté fut sa passion. |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
La
masure de la porte du sud se composait d'abord d'une
grande
salle sur laquelle s'ouvrait directement la porte de la rue ; cette
salle, dont le sol était pavé et qui servait à la fois de cuisine et de
salle à manger, avait pour uniques meubles des chaises de paille, une
table posée sur des tréteaux et un vieux coffre qu'Oum Kemal avait
transformé en canapé, en étalant sur le couvercle un lambeau d'étoffe
de laine ; dans une encoignure, à gauche d'un vaste placard, se
trouvaient quelques
images du vaste monde, glanées ici et là, et qui
étaient moins une invitation au voyage que l'évocation d'un ailleurs
mythique vers lequel Abou Marwan et sa maîtresse auraient pu s'envoler
du temps de leur jeunesse et de leurs amours. Un couloir menait de la
salle à la petite
cour, située derrière la maison, et dans laquelle se trouvait un puits.
À gauche du couloir, était la chambre d'Oum Kemal, une étroite pièce
meublée d'un lit en fer et d'une chaise ; à droite, dans une pièce
plus
étroite encore, où il y avait juste la place d'un lit de camp, couchait Selim, qui avait dû imaginer tout
un système de planches,
montant jusqu'au plafond, pour garder auprès de lui ses chers volumes
dépareillés, achetés peu à peu chez un bouquiniste du centre-ville.
La
nuit, quand il lisait, il accrochait sa lampe à un clou,
au chevet de son lit. Si quelque crise prenait sa grand-mère, il
n'avait, au premier râle, qu'un saut à faire pour être auprès d'elle.
La vie du jeune homme resta celle de l'enfant. Ce fut dans ce coin
perdu qu'il fit tenir toute son existence. Il éprouvait les répugnances
de son père pour les sorties et les promenades oisives. Ses
camarades blessaient ses délicatesses par leurs joies brutales, Il
préférait lire, se casser la tête à quelque problème bien simple de
géométrie. |
Depuis
que sa grand-mère le
chargeait des petites commissions du ménage,
elle ne sortait plus, elle vivait étrangère même à sa famille. Parfois,
le jeune homme songeait à cet abandon ; il regardait la pauvre vieille
qui demeurait à deux pas de ses enfants, et que ceux-ci cherchaient à
oublier, comme si elle fut morte ; alors il l'aimait davantage, il
l'aimait pour lui et pour les autres. S'il avait, par moments,
vaguement conscience que Khale Didi expiait d'anciennes
fautes, il
pensait : « Je suis né pour lui pardonner. » Dans un
pareil esprit,
ardent et contenu, les idées démocrates s'exaltèrent naturellement.
Selim, la nuit, au fond
de son taudis, lisait et relisait un volume
de Rousseau traduit en arabe, qu'il avait découvert chez
le
bouquiniste, au milieu de
romans. Cette lecture
le tenait éveillé
jusqu'au matin. Dans
le rêve cher aux malheureux du bonheur universel, les mots de liberté,
d'égalité, de fraternité, sonnaient à ses oreilles avec ce bruit sonore
et sacré de l'appel à la prière lancé du haut des minarets. Aussi,
quand
il apprit que la Tunisie avait commencé à secouer son joug, crut-il
que le monde arabe en son entier allait se libérer des régimes
obscurantistes qui l'opprimaient. Sa
demi-instruction lui faisait voir plus loin que les autres ouvriers,
ses aspirations ne s'arrêtaient pas au pain de chaque jour ; mais ses
naïvetés profondes, son ignorance complète des hommes, le maintenaient
en plein rêve théorique, au milieu d'un Éden où régnait l'éternelle
justice. Son paradis fut longtemps un lieu de délices dans lequel il
s'oublia. Quand il crut s'apercevoir que tout n'allait pas pour le
mieux dans le meilleur des mondes, il éprouva une douleur
immense
; il fit un autre rêve, celui de contraindre les hommes à être heureux,
même par la force. Chaque acte qui lui parut blesser les intérêts du
peuple excita en lui une indignation vengeresse.
D'une douceur d'enfant, il eut des haines politiques farouches. Lui qui
n'aurait pas écrasé une mouche, il parlait à toute heure de prendre les
armes. La liberté fut sa passion, une passion irraisonnée, absolue,
dans laquelle il mit toutes les fièvres de son sang. Aveuglé
d'enthousiasme, à la fois trop ignorant et trop instruit pour être
tolérant, il ne voulut pas compter avec les hommes ; il lui
fallait un
gouvernement idéal d'entière justice et d'entière liberté. Ce fut à
cette époque que son oncle Marwan songea à le jeter sur les
Raqqaoui. Il se disait
que ce jeune fou ferait une terrible besogne, s'il
parvenait à l'exaspérer convenablement. Ce calcul ne manquait pas d'une
certaine finesse. |
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16 août |
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