Diégèse
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mardi 18 août
2015 |
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2015 |
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ce qui représente 28,3156% de la vie de l'auteur |
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hier
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L'atelier du texte |
demain |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Gervaise,
grande fille de vingt ans passés, rougissait d'être ainsi grondée
devant Silvère. Celui-ci, en face d'elle, éprouvait un malaise.
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Quand les
deux femmes
avaient pris leur aiguille, Macquart, assis sur le meilleur siège, se
renversait voluptueusement, sirotant et fumant. |
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Et Macquart
recommençait
pour la centième fois l'histoire des cinquante mille francs. Son neveu
l'écoutait avec quelque impatience. |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
Lorsqu'il
ne restait plus que les femmes, si par malheur elles
causaient à voix basse, après avoir desservi la table :
« Ah ! les fainéantes ! criait Marwan. Est-ce qu'il
n'y a rien à
raccommoder ici. Nous sommes tous en loques…
Écoute, Gina, j'ai
passé chez ta maîtresse, où j'en ai appris de
belles. Tu es une coureuse et une propre à rien. » Gina, grande
fille de vingt ans passés, rougissait d'être ainsi grondée devant
Selim. Celui-ci, en face
d'elle, éprouvait un malaise. Un soir, étant
venu tard, pendant une absence de son oncle, il avait trouvé la mère et
la fille ivres mortes devant une bouteille vide. Depuis ce moment, il
ne pouvait revoir sa cousine sans se rappeler le spectacle honteux de
cette enfant, riant d'un rire épais, ayant de larges plaques rouges sur
sa pauvre petite figure pâlie. Il était aussi intimidé par les vilaines
histoires qui couraient sur son compte. Grandi dans une chasteté de
cénobite, il la regardait parfois à la dérobée, avec l'étonnement
craintif d'un collégien mis en face d'une fille. |
Quand
les deux femmes avaient pris leur aiguille et se tuaient les yeux
à lui raccommoder ses vieilles chemises, Marwan, assis sur le
meilleur siège, se renversait voluptueusement, sirotant et fumant, en
homme qui savoure sa fainéantise. C'était l'heure où le vieux coquin
accusait les riches de boire la sueur du peuple. Il avait des
emportements superbes contre ces messieurs des beaux quartiers, qui
vivaient dans la paresse et se faisaient entretenir par le pauvre
monde. Les lambeaux d'idées communistes qu'il avait pris le matin dans
les journaux devenaient grotesques et monstrueux en passant par sa
bouche. Il parlait d'une époque prochaine où personne ne serait plus
obligé de travailler. Mais il gardait pour les Raqqaoui ses haines les
plus féroces. Il n'arrivait pas à digérer les pommes de terre qu'il
avait mangées. |
« J'ai
vu, disait-il, cette gueuse de Fatima qui achetait ce matin un
poulet à la halle… Ils mangent du poulet, ces voleurs d'héritage !
– Khalti Didi, répondait
Selim, prétend que mon
oncle Kemal a
été bon
pour toi, à ton
retour du service.
N'a-t-il pas dépensé une forte
somme pour t'habiller
et te loger ?
– Une forte somme ! hurlait Marwan exaspéré. Ta grand-mère
est
folle !… Ce sont ces brigands qui ont fait courir ces bruits-là,
afin
de me
fermer la bouche. Je n'ai rien reçu. » Yasmine intervenait encore
maladroitement, rappelant à son mari ce qu'il avait eu,
plus un vêtement complet et une année de loyer. Marwan lui criait de
se taire, il continuait avec une furie croissante :
« La belle affaire ! c'est mon dû
que je veux. Ah ! oui, parlons du bouge où ils m'ont
jeté
comme un chien, et du vieux manteau que Kemal m'a donné, parce
qu'il n'osait plus la mettre, tant il était sale et
troué ! » Il
mentait ; mais personne, devant sa colère, ne protestait plus.
Puis, se
tournait vers Selim :
« Tu es encore bien naïf, toi, de les défendre ! ajoutait-il.
Ils ont dépouillé ta mère, et la brave femme ne serait pas morte, si
elle avait eu de quoi se soigner.
– Non, tu n'es
pas juste, mon oncle, disait le jeune homme, ma
mère
n'est pas morte faute de soins, et je sais que jamais mon père n'aurait
accepté un sou de la famille de sa femme.
– Kafi ! laisse-moi
tranquille ! Ton père aurait pris
l'argent tout
comme un autre. Nous avons été dévalisés indignement, nous devons
rentrer dans notre bien. » Et Marwan recommençait pour la
centième
fois l'histoire de l'héritage et du reçu. Son neveu, qui la savait
par cœur, ornée de toutes les variantes dont il l'enjolivait,
l'écoutait avec quelque impatience.
« Si tu étais un homme, disait Marwan en finissant, tu viendrais
un
jour avec moi, et nous ferions un beau vacarme chez les Raqqaoui. Nous ne
sortirions pas sans qu'on nous donnât de l'argent. » Mais Selim
devenait grave et
répondait d'une voix nette :
« Si ces misérables nous ont dépouillés, tant pis pour eux !
Je ne veux
pas de leur argent. Vois-tu, mon oncle, ce n'est pas à
nous qu'il
appartient de frapper notre famille.
Ils ont mal agi, ils seront terriblement punis un jour.
– Ah ! quel grand innocent ! criait l'oncle. Quand nous
serons les plus
forts, tu verras si je ne fais pas mes petites affaires moi-même. Le
bon Dieu s'occupe bien de nous ! La sale famille, la sale famille
que
la nôtre ! Je crèverais de faim, que pas un de ces gueux-là ne me
jetterait un morceau de pain sec. » Lorsque Marwan entamait ce
sujet,
il ne tarissait pas. Il montrait à nu les blessures saignantes de son
envie. Il voyait rouge, dès qu'il venait à songer que lui seul n'avait
pas eu de chance dans la famille, et qu'il mangeait des pommes de
terre, quand les autres avaient de la viande à discrétion. |
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18 août
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